• Chrétiens dans la société industrielle de consommation (I)

    Un article d'Alain LEDAIN

    Notre positionnement par rapport au monde

    Le texte ci-dessous au format PDF

    Commençons par rappeler les questions clés posées dans les précédentes chroniques :

    • Comment notre société (qui est une société occidentale industrielle de consommation), notre contexte social et culturel nous influencent-t-ils… jusque dans notre spiritualité, jusque dans notre relation avec Dieu ?

    • Comment et dans quelle mesure peut-on influencer notre société ? Quelles sont nos valeurs ? Quels sont les fondements de notre comportement dans la société ? Comment vivre et manifester, individuellement et en communauté, notre espérance dans un monde plongé dans « l’effacement de l’avenir » ?

    • Où sont les hommes qui se battront pour manifester leur espérance, et donc leur courage et leur indignation ?

    Vous avez sans doute compris l’optique de mes chroniques : nous sensibiliser à l’éthique sociale.

    Mais, me direz-vous, ne devons-nous pas nous restreindre au seul champ de la morale personnelle ? Et, si je voulais être encore plus restrictif, au seul champ de la morale sexuelle ?

    Pour justifier l’importance de l’éthique sociale, attardons-nous sur la ville de Sodome. Pourquoi a-t-elle été jugée par Dieu ? Pour des raisons de morale personnelle ? Oui, bien sûr. « Je veux vous rappeler… que Sodome et Gomorrhe et les villes voisines, qui se livrèrent comme eux à l'impudicité et à des vices contre nature, sont données en exemple, subissant la peine d'un feu Éternel. » (Jude 5-7)

    Mais ce n’était pas le seul problème de cette ville. Elle a été condamnée pour des raisons d’injustices sociales. « Voici quel était le crime de Sodome ta sœur ; elle et ses filles vivaient dans l'orgueil, l'abondance et une tranquille sécurité ; et elle ne fortifiait pas l'affligé et l'indigent. » (Ezéchiel 16 : 49)

    De même, il est intéressant d’étudier les reproches que Dieu adresse à Israël par l’intermédiaire du prophète Amos. Ils concernent entre autre la corruption de la justice (de ses juges), les injustices sociales et l’oppression.

    Notons qu’avec la nouvelle alliance, les préoccupations sociales et leur dénonciation n’ont pas disparu : c’est ce que montre clairement la lecture de l’épître de Jacques – notamment son chapitre 5  –.

    Notre programme

    Avant d’aller plus loin, il est nécessaire, premièrement, de nous interroger sur les rapports que notre foi nous amène à tenir avec le monde – notamment en ce qui concerne l’usage des biens et des richesses. Nous faut-il nous conformer au monde, nous séparer d’avec le monde ou « être dans le monde sans être du monde » ?

    Après avoir répondu à cette question, nous verrons quelle a été la position des réformateurs Luther et Calvin.

    NOTRE RAPPORT AU MONDE

    Source : D’après un article de Louis Schweitzer et Claude Baecher paru dans la revue HOKHMA – N° 92 - 2007

    Il y a trois options possibles  :

    La première est l’habitude ou la conformité au monde

    Dans cette première option, le chrétien ne se fait pas remarquer. Son comportement est celui de son entourage et, au plan moral, il se situe un peu au dessus de la moyenne.

    Les « sujets de société » ne sont plus abordés dans les enseignements car ils sont trop complexes : ce qui compte, c’est l’intériorité de la foi, c’est ce qui se passe dans le secret du cœur entre Dieu et nous. Le royaume de Dieu n’étant pas de ce monde, pourquoi aurait-il un impact sur notre style de vie ?

    C’est une solution de facilité qui justifie la séduction des richesses, l’indifférence au prochain dans le besoin, l’égoïsme… : il ne faut pas être pharisien ou légaliste – alors pourquoi se priver ? Les richesses, la prospérité ne sont-elles pas le signe de la bénédiction de Dieu ?

    C’est oublier que le renoncement à une jouissance « sans tristesse ni contrainte » est le signe d’une vraie libération de l’avidité et de la convoitise.

    La deuxième option est la séparation d’avec le monde

    Dans cette deuxième option, la manière de vivre est radicalement distante avec celle de la société environnante : elle annonce et manifeste déjà sur cette terre les valeurs du Royaume de Dieu.

    Le résultat peut être la création d’une contre-société repliée sur elle-même à l’exemple des Amish.

    Les Amish sont une communauté chrétienne anabaptiste présente en Amérique du Nord, vivant de façon simple et à l'écart de la société moderne. Ils rejettent les principes de conformisme à la société de consommation, et adopte en fonction un train de vie marginal. (Source : Site Wikipédia)

    La motivation est la fidélité et la conformité au Christ, la proximité d’avec les pauvres. Le danger peut être le légalisme – ce qui amène à se placer en juge – ou le pharisaïsme – avec le souci d’être vu et la perte du but de la loi : l’amour du Seigneur et du prochain.

    Evidemment, l’église locale est aussi une contre-société qui manifeste les valeurs du Royaume de Dieu ; et c’est très bien ainsi ! Mais de ce fait, elle court les dangers cités précédemment : légalisme, pharisaïsme et repli sur soi.

    La troisième option est d’ « être dans le monde sans être du monde »

    Dans cette troisième option, il y a un souci personnel et communautaire d’être dans le monde, de s’y investir, sans être du monde, c’est-à-dire d’en adopter les valeurs. Et ce souci trouvera (entre autre) des principes quant à notre usage des biens de ce monde !

    C’est une voie difficile, essayant d’éviter les dérives des deux autres.

    C’est dans cette troisième voie que j’inscris l’ensemble de mes chroniques.

    Je crois que nous devons être le levain dans la pâte (Matthieu 13 : 33) ou, pour employer une autre image, le sel de la terre (Matthieu 5 : 13). En tant que sel de la terre, le danger est de devenir fade – par conformité au monde – ou de rester enfermer dans la salière. Dans un cas comme dans l’autre, le sel n’a aucune utilité.

    Une  remarque :

    La dissidence par rapport à l’air du temps ne doit pas être guidée par la nostalgie du bon vieux temps. Il ne s’agit pas de revenir en arrière : ça n’est pas possible !
    Il nous faut donc échapper à deux attitudes symétriques : la servilité moutonnière et « branchée » (la première voie) et la crispation sur le passé . Une autre voie est à trouver. Un grand défi !

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