• Bible, chrétiens et écologie

    Un article d'Alain LEDAIN

    Une des sources : Le très bon livre : L'ECOLOGIE, De la Bible à nos jours - Patrice de Plunkett - Editions de l'Oeuvre

     

    Ecologie

     

    Il y a une prise de conscience salutaire du caractère limité des ressources. De nombreux chrétiens ont compris que l’homme est responsable de la gestion de la création devant le Créateur. En effet, nous pouvons lire dans le livre de la Genèse (2 : 15) : « Et l'Éternel Dieu prit l'homme et le plaça dans le jardin d'Eden pour le cultiver et pour le garder. »

    Cultiver et garder le jardin : telle est la double mission assignée par le Créateur à l’homme. La deuxième de ces tâches, « garder », signifie défendre, conserver et traduit l’idée de protection du jardin, donc de protection de l’environnement.

    De plus, l’homme n’est pas extérieur à la Création. Son corps est façonné à partir de la poussière du sol . C’est ainsi que son nom « Adam » vient du mot hébreu « adamah », le sol. Adam est donc le terreux, le « glébeux ».

    Il reçoit « dans les narines le souffle de vie » et devient un être vivant . L’expression « être vivant » se retrouve à propos des animaux dans les versets 20 et 24 de Genèse 1. Nous pouvons donc adhérer à une écologie qui parle de relations entre le vivant. Dieu est relationnel et tout est en relation dans Sa Création. D’ailleurs, après le déluge, Dieu conclut une alliance avec les hommes et tous les êtres vivants qui sont avec eux.

    Dès le départ, l’homme constate la biodiversité : « IHVH-Adonaï Elohîms forme de la glèbe tout animal du champ, tout volatile des ciels, il les fait venir vers le glébeux [vers l’homme] pour voir ce qu'il leur criera [comment il les appellerait][Remarquez l’unité du vivant formé de la glèbe]. Tout ce que le glébeux crie à l'être vivant, c'est son nom. 20 Le glébeux crie des noms pour toute bête, pour tout volatile des ciels, pour tout animal du champ… » (Genèse 2 : 19-20 Traduction André Chouraqui)

    Cette biodiversité est protégée lors du déluge : « De tout ce qui vit, de toute chair, tu feras entrer dans l'arche deux de chaque espèce, pour les conserver en vie avec toi : il y aura un mâle et une femelle. » (Genèse 6 : 19)

    « Tout subsiste en Lui », en Dieu (Colossiens 1 : 17) mais la Création ne se confond pas avec son Créateur. La Nature ne doit pas être divinisée et nous ne devons pas être superstitieux envers elle. Elle n’est pas non plus maléfique : « Dieu vit que c’était bon »  et même « très bon » .

    Malheureusement, les conséquences du péché se sont étendues à la Création : L’Eternel Dieu dit à l’homme : « Le sol sera maudit à cause de toi. C'est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie… » (Genèse 3 : 17)

    L’apôtre Paul écrira : « Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise à la vanité [au pouvoir de la fragilité ]… avec l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Or, nous savons que, jusqu'à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l'enfantement. » (Lettre aux Romains 8 : 19-22)

    De la même manière que le péché atteignit l’ensemble de la Création, le plan de salut de Dieu englobe toute la création : « Il a voulu par lui [par son fils] réconcilier tout [l’univers tout entier] avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix. » (Lettre aux Colossiens 1 : 20)

    Ensemble, hommes, animaux et terre auront part à la paix divine. On est à très loin de la pensée grecque opposant « matériel » et « spirituel ». Le salut n’est pas la libération du matériel mais le matériel, la Création est inclus dans le salut.

    Alors que la Bible insère l’homme et la création dans une communauté de destin (chute et rédemption), l’homme consomme le péché en recherchant l’autonomie par rapport au Créateur et à la Création. Il a peur de cette dernière, de son côté imprévisible, non maîtrisable, et il a peur du vivant. De ce fait, il tente de donner naissance à un monde artificiel. Voilà qui explique la soif de puissance de l’homme qui s’exprime par le gigantisme, l’aspiration à toujours plus grand, plus haut – la plus haute tour du monde, la tour Burj Dubaï inaugurée le 4 janvier 2010, mesure 828 mètres de haut et a coûté 1,5 milliards de dollars  –, plus loin, plus vite, même contre les lois naturelles. « O le bon temps que ce siècle de fer ! » écrivait déjà Voltaire en 1736 !

    La bioéthique s’inscrit dans cette pensée du désir d’un monde artificiel. L’homme veut devenir le créateur de l’homme !

    Bien évidemment, nous ne nous opposons pas au progrès mais aux excès et aux motivations pathologiques.

    Créer un monde artificiel évite d’entendre Dieu car la Création parle de son Créateur, parle de sa part : « En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l'œil, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. »(Romains 1 : 20)

    « Les cieux racontent la gloire de Dieu, Et l'étendue manifeste l'œuvre de ses mains. Le jour en instruit un autre jour, La nuit en donne connaissance à une autre nuit. Ce n'est pas un langage, ce ne sont pas des paroles Dont le son ne soit point entendu : Leur retentissement parcourt toute la terre, Leurs accents vont aux extrémités du monde, Où il a dressé une tente pour le soleil. » (Psaumes 19 : 1-5)

    Plus, la Création loue Dieu avec l’homme qui le révère :

    « Louez-le, soleil et lune ! Louez-le, vous toutes, étoiles lumineuses ! … Louez l'Éternel du bas de la terre, Monstres marins, et vous tous, abîmes, Feu et grêle, neige et brouillards, Vents impétueux, qui exécutez ses ordres, Montagnes et toutes les collines, Arbres fruitiers et tous les cèdres, Animaux et tout le bétail, Reptiles et oiseaux ailés… » (Psaume 148)

    Oui, nous avons reçu de Dieu un don magnifique en la Création, non pour la piller, non pour l’exploiter, mais pour la contempler, la cultiver et en prendre soin afin qu’elle reste un environnement sain pour tous et pour les générations futures.

    A ce point, il est évident qu’il y a un lien très fort entre foi et écologie.

    Notre responsabilité vis à vis de la création impose de revoir la manière de consommer  et les choix de vie. Il s’agit d’orienter nos existences vers des modes de vie sobres (pour ne pas épuiser la terre), responsables et solidaires.  Solidaires car notre modèle économique, en encourageant une consommation sans limite, creuse le fossé entre riches et pauvres : 20% de la population mondiale – dont nous faisons partie – consomme et gaspille 80% des ressources naturelles. L’écologie humaine est indissociable de l’écologie envers la nature : dégradation de la condition humaine et environnement vont de pair.

    LES DERIVES D’UN CERTAIN ECOLOGISME

    Comme tout domaine, l’écologie a besoin d’être évangélisée. Dit autrement, elle a besoin de reposer sur de justes pensées.

    D’abord, l’émotionnel n’est pas une bonne approche. On consomme trop souvent les émotions comme on consomme les marchandises. Comme d’autres , j’éprouve un certain énervement face au matraquage médiatique et je me méfie de l’unanimisme collectif. Ce n’est pas d’émotions dont nous avons besoin mais d’engagement.

    Ensuite, je ne crois pas que la planète soit un thème de réconciliation entre les hommes. Pour preuve, au sommet de Copenhague, l’Occident a préféré sauver la finance plutôt que la planète.

    Enfin,  comme Laloose , bloggeur anonyme, « je suis […] dubitatif devant la médiatisation d’une certaine forme de discours écologique visant à culpabiliser l’Homme, perçu comme une espèce de parasite inutile et prédateur d’une planète Terre sacralisée et élevée au rang de déesse-mère devant laquelle l’Homme devrait forcément s’incliner. Sceptique donc, mais aussi passablement effrayé par le retour de théories malthusiennes  prônant la limitation de la population à la fois pour réduire le nombre de coupables écologiques, de pauvres et donc d’envahisseurs potentiels. […] Je […] reste extrêmement méfiant devant la faculté d’adaptation d’une idéologie ultralibérale capable de se servir de l’écologie  pour maintenir encore et toujours plus l’Homme dans un asservissement consumériste et individualiste. En bref, consommer toujours plus, mais différemment. »
    (Source : http://bloguequipeut.wordpress.com/2009/12/10/pour-une-evangelisation-de-lecologie/)

    En complément :

    Le député Vert Yves Cochet a calculé qu’un enfant européen a « un coût écologique comparable à 620 trajets Paris-New York ». Il propose donc des mesures d’inversion des allocations familiales et une « grève du troisième ventre » qui, en bon français, vise à la « non-vie » du troisième enfant.
    (Source : http://plunkett.hautetfort.com/archive/2009/05/01/les-ecologistes-radicaux-declarent-la-guerre-au-malthusianis.html)

    De telles pensées doivent éveiller notre vigilance car c’est dans cet ordre d’idée que l’on en arrive à justifier l’élimination des personnes « inutiles », « déviantes » ou « mal finies » sous prétexte d’être trop nombreux pour cette terre et ses ressources.
    « Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l'homme, mais pas assez pour assouvir son avidité. » - Gandhi

    Parenthèse : saviez-vous que 96% des trisomiques dépistés lors des dépistages prénataux sont avortés ? N’en est-on pas à une forme d’eugénisme ? Ne tend on pas ainsi vers le « produits humains parfaits » ?
    L’homme doit-il avoir honte de ne pas être fabriqué, lui qui depuis des millénaires n’a pas changé, contrairement aux objets qu’il réalise et qui évoluent ?
    Je ferme la parenthèse.

    Pour aller plus loin...

    Le billet de Laloose: Pour une évangélisation de l’écologie!

    LES MARDIS DES BERNARDINS - Bien-être ou environnement : faut-il choisir ?

    Diffusé le 10/02/2009 / Durée 52 mn

    L’accroissement du bien-être révèle son impact souvent négatif sur l’environnement, qui se traduit notamment par l’augmentation de la pollution. Un certain consensus autour de « l’écologie » règne dans les pays occidentaux pour en diminuer les effets. Quel en est le fondement ? La nature doit-elle être protégée en tant que telle, ou bien par ce qu’elle apporte à l’homme ?

    Extrait de l'intervention de Patrice De Plunkett :

    Quel que soit l’état où nous laissera la crise actuelle, la fameuse croissance illimitée se verra dangereusement handicapée. Elle aura même du plomb dans l’aile par la raréfaction des ressources naturelles : d ‘un côté, il y a la baisse de la production pétrolière ; de l’autre côté, il y a déjà la pollution des terres, des mers et de l’atmosphère, pollution largement due à notre mode de vie actuel. Donc, nous allons devoir inventer un type de société nouveau, totalement inédit ici, chez nous, une société sobre ; perspective qui remplace l’idée habituelle selon laquelle on disait que les pays pauvres ont droit au même consumérisme que les pays riches, etc. Mais c’est justement le consumérisme qui a du plomb dans l’aile. Et c’est une perspective révolutionnaire […]

    Il faut inventer une société sobre, une économie relocalisée, décentralisée, auto-suffisante par la décroissance de consommation de matière et d’énergie ; ce qui veut dire mobiliser la société autour d’une économie solidaire et sociale […]

    Qui va expliquer aux populations occidentales la situation où elle se trouve ? Qui aura le courage de leur indiquer les choix à faire ? Qui aura le courage de leur dire : « Non seulement nous sommes dans une crise terrible provoquée par la folie du capitalisme financier, crise qui détruit les emplois et qui menace nos revenus si petits soient-ils, mais nous sommes aussi face à une échéance qui se rapproche : celle du pic de pétrole qui nous impose de préparer dès maintenant le passage à une nouvelle société » ?

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  • Commentaires

    1
    Francis92
    Dimanche 17 Janvier 2010 à 21:03

    Alain, c’est une chronique très intéressante. Quelques commentaires personnels pour participer à cette réflexion:

    « cultiver ou travailler » signifie aussi en hébreu "servir,  être au service de", un terme du registre cultuel. On peut rapprocher cette mission  «  au  service de notre jardin »  avec  le «  se servir sans règle  du / et dans le jardin»  de notre terre actuellement.

     Et « garder » a le sens de préserver, protéger, ce dont les termes dont la  langue anglaise  « garden » garde la trace ! Garder peut aussi se prendre  dans le sens de « se garder »  de faire n’importe quoi du jardin de la création qui nous a été remis. C’est aussi un appel à se garder personnellement pour être dans le « bon » de notre créateur c'est-à-dire dans la conformité à son plan.

     

    Nous avons en effet « redécouvert » la limitation des ressources à notre disposition et particulièrement du pétrole . En effet l’ère pétrolière dans laquelle nous vivons est encore basée sur un paradigme économique faux qui suppose que le pétrole, source de notre bien-être, est une énergie infinie à un coût quasi nul.  On découvre aujourd’hui que le  moment est proche  ou la production pétrolière baissera d’année en année entrainant pour tous des restrictions de tous ordres. Pour traverser cette période difficile il nous faudra accepter des sacrifices (notion pas à la mode), notre conception du bien-être s’en trouvera bien changée… La parole de Dieu nous donne une direction : continuer « à être le sel de la terre » pour contrer ces idéologies angoissantes qui annoncent « nous sommes trop nombreux pour cette terre (ou pour ses ressources encore subsistantes)  ». Souvenons nous seulement de l’époque de la dernière guerre avec ses théories eugéniste qui étaient « à la mode » à l’époque , qui ont été appliquée dans le monde entier et qui ont servi à un dictateur pour s’arroger le droit d’envahir des pays européens au nom de la race et du droit de celle-ci. 

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