• Déclarations sur la responsabilité sociale du chrétien

    Extraits de la déclaration de Lausanne (1974)

    Source : http://www.lausanne.org/fr/covenant

    Les gras sont de moi (Alain LEDAIN).

    La Déclaration de Lausanne est issue du Congrès international pour l'évangélisation mondiale (CIPEM) qui s'est tenu à Lausanne en juillet 1974 avec une participation de plus de 4000 chrétiens venus du monde entier. La Déclaration de Lausanne est généralement considérée comme l'un des documents les plus importants de l'histoire récente de l'Église.

    Le texte qui suit en est un extrait :

    [...]

    5. RESPONSABILITÉ SOCIALE DU CHRÉTIEN:

    Nous affirmons que Dieu est à la fois le Créateur et le Juge de tous les hommes ; nous devrions par conséquent désirer comme lui que la justice règne dans la société, que les hommes se réconcilient et qu'ils soient libérés de toutes les sortes d'oppressions. L'homme étant créé à l'image de Dieu, chaque personne humaine possède une dignité intrinsèque, quels que soient sa religion ou la couleur de sa peau, sa culture, sa classe sociale, son sexe ou son âge ; c'est pourquoi chaque être humain devrait être respecté, servi et non exploité. Là aussi, nous reconnaissons avec humilité que nous avons été négligents et que nous avons parfois considéré l'évangélisation et l'action sociale comme s'excluant l'une l'autre. La réconciliation de l'homme avec l'homme n'est pas la réconciliation de l'homme avec Dieu, l'action sociale n'est pas l'évangélisation, et le salut n'est pas une libération politique. Néanmoins nous affirmons que l'évangélisation et l'engagement sociopolitique font tous deux partie de notre devoir chrétien. Tous les deux sont l'expression nécessaire de notre doctrine de Dieu et de l'homme, de l'amour du prochain et de l'obéissance à Jésus-Christ. Le message du salut implique aussi un message de jugement sur toute forme d'aliénation, d'oppression et de discrimination.

    Nous ne devons pas craindre de dénoncer le mal et l'injustice où qu'ils soient. Lorsque les hommes acceptent le Christ, ils entrent par la nouvelle naissance dans son Royaume et ils doivent rechercher, non seulement à refléter sa justice, mais encore à la répandre dans un monde injuste. Le salut dont nous nous réclamons devrait nous transformer totalement dans notre façon d'assumer nos responsabilités personnelles et sociales. La foi sans les oeuvres est morte.

    6. L'ÉGLISE ET L'ÉVANGÉLISATION :

    Nous affirmons que le Christ envoie son peuple racheté dans le monde, comme le Père a envoyé le Fils et que ceci demande que nous pénétrions profondément dans le monde quel que soit le prix à payer. Nous devons sortir de nos ghettos ecclésiastiques et imprégner la société non chrétienne. Dans sa mission de service sacerdotal, l'Église doit accorder la priorité à l'évangélisation. L'évangélisation du monde exige que toute l'Église apporte l'Évangile dans sa totalité au monde entier. L'Église est au centre même du dessein de Dieu pour l'univers, elle est le moyen choisi par lui pour répandre l'Évangile. Mais une Église qui prêche la Croix, doit porter elle-même la marque de la Croix. Elle fait obstacle à l'évangélisation lorsqu'elle trahit l'Évangile, lorsqu'il lui manque la foi vivante en Dieu, l'amour véritable pour les hommes ou l'honnêteté scrupuleuse en toutes choses. L'Église est la communauté du peuple de Dieu plutôt qu'une institution ; elle ne doit être assimilée à aucune culture particulière, à aucun système politique ou social, à aucune idéologie humaine.

    [...]

    9. URGENCE DE L'ÉVANGÉLISATION :

    [...] Nous sommes tous choqués par la pauvreté de millions d'êtres et troublés par les injustices qui en sont la cause. Ceux d'entre nous qui vivons dans l'abondance acceptons comme un devoir de vivre plus simplement pour contribuer plus généreusement à l'évangélisation et à l'aide aux déshérités.

    [...]

    Extraits du manifeste de Manille (1989)

    Source : http://www.lausanne.org/fr/all-documents/manila-manifesto.html

    En juillet 1974, s'est tenu, à Lausanne en Suisse, le Congrès international sur l'évangélisation du monde. En juillet 1989, à Manille, plus de 3000 participants d'environ 170 pays se sont de nouveau rassemblés. Ils ont publié le Manifeste de Manille.

    Appeler l'Eglise tout entière à apporter l'Evangile tout entier au monde tout entier.

    [...]

    Un manifeste est une déclaration publique de convictions, d'intentions et de motivations. Le Manifeste de Manille s'appuie sur les deux thèmes du congrès: " Proclamer le Christ jusqu'à ce qu'il vienne " et " Appeler l'Eglise tout entière à porter l'Evangile tout entier au monde tout entier ". Sa première partie se compose d'une série de 21 affirmations succinctes ; la deuxième les développe en 12 sections que nous recommandons aux Eglises, à côté de la Déclaration de Lausanne (Lausanne Covenant), pour l'étude et l'action.

    21 affirmations

    1. Nous affirmons notre fidèle attachement à la Déclaration de Lausanne (Lausanne Covenant), qui fonde notre coopération dans le Mouvement de Lausanne.

    [...]

    8. Nous affirmons que nous devons manifester l'amour de Dieu de façon visible, en nous occupant de ceux et de celles qui sont privés de justice, de dignité, de nourriture et d'abri.

    9. Nous affirmons que la proclamation du Royaume de Dieu, royaume de justice et de paix, exige de notre part la dénonciation de toute injustice et de toute oppression, personnelle ou institutionnelle ; nous ne reculerons pas devant ce témoignage prophétique.

    [...]

    16. Nous affirmons que toute Eglise locale doit se tourner vers l'extérieur, vers la collectivité environnante, par le témoignage évangélique et le service.

    17. Nous affirmons qu'il est urgent que les Eglises et les organisations missionnaires chrétiennes collaborent dans l'évangélisation et dans l'action sociale, éliminant tout esprit de concurrence entre elles et évitant les doubles emplois.

    18. Nous affirmons qu'il est de notre devoir d'étudier la société dans laquelle nous vivons, afin d'en comprendre les structures, les valeurs et les besoins, et de développer ainsi une stratégie missionnaire appropriée.

    [...]

    21. Nous affirmons que Dieu appelle l'Eglise tout entière à porter l'Evangile tout entier au monde tout entier. Nous sommes donc résolus à le proclamer fidèlement, dès à présent et à tout prix, jusqu'au retour de Jésus.

    L'EVANGILE TOUT ENTIER

    [...]

    (4) Evangile et responsabilité sociale

    L'Evangile authentique doit se manifester par des vies transformées. Un service plein d'amour doit accompagner notre proclamation de l'amour de Dieu et la mise en pratique de ses exigences de justice et de paix doit accompagner notre annonce du Royaume de Dieu.

    L'évangélisation est première parce que notre préoccupation majeure est que tous aient l'occasion d'accepter Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur. Jésus lui-même ne s'est pas contenté de proclamer le Royaume de Dieu, il en a manifesté concrètement l'instauration par ses oeuvres de miséricorde et de puissance. Nous sommes appelés aujourd'hui à conjoindre de la même manière paroles et actes. C'est dans un esprit d'humilité qu'il nous faut prêcher et enseigner, assister les malades, nourrir ceux qui ont faim, entourer les prisonniers, aider les défavorisés et les handicapés, et délivrer les opprimés. Tout en reconnaissant la diversité des dons spirituels, des vocations et des situations, nous affirmons que la Bonne Nouvelle est inséparable des oeuvres bonnes.

    La proclamation du Royaume de Dieu exige la dénonciation prophétique de tout ce qui est incompatible avec lui. Parmi les maux que nous regrettons vivement, citons la violence sous toutes ses formes, y compris la violence institutionnalisée, la corruption politique, l'exploitation des personnes et l'usage abusif des ressources terrestres, la destruction de la famille, l'interruption volontaire de grossesse, le trafic de drogues et le mépris des droits de l'homme. Dans notre souci des pauvres, nous sommes angoissés par le poids de la dette des pays du tiers monde (qui constituent les deux tiers du monde !). Nous sommes aussi scandalisés par les conditions inhumaines dans lesquelles vivent des millions de personnes qui portent, comme nous, l'image de Dieu.

    Notre engagement permanent dans l'action sociale ne nous fait pas confondre Royaume de Dieu et société christianisée. Il signifie plutôt que nous reconnaissons les implications sociales inéluctables du message biblique. La mission véritable est toujours incarnée. Elle doit pénétrer avec humilité dans le monde des autres, s'identifier à leur situation sociale, leurs peines et leurs souffrances, et leur combat pour la justice, contre les puissances oppressives. Cela ne peut se faire sans sacrifices personnels.

    L'étroitesse de notre vision, nous nous en repentons, nous a empêchés de proclamer la seigneurie de Jésus-Christ sur tous les domaines de la vie, privée et publique, locale et globale. Nous sommes résolus à lui obéir et à "chercher premièrement le Royaume de Dieu et sa justice" (Mat 6.33).

    [...]

    LE MONDE TOUT ENTIER

    L'Evangile tout entier a été confié à l'Eglise tout entière afin d'être porté à la connaissance du monde tout entier. Il nous est donc nécessaire de comprendre le monde dans lequel nous sommes envoyés.

    (10) Le monde moderne

    L'évangélisation ne s'effectue pas dans le vide. Aussi convient-il de préserver un juste équilibre entre l'Evangile et son lieu d'insertion, c'est-à-dire de comprendre le contexte de notre monde, pour lui parler de façon pertinente, sans laisser le contexte dénaturer l'Evangile.

    A cet égard, nous nous sommes interrogés sur les incidences de la "modernité", produit culturel mondial né de l'industrialisation, avec sa technologie, et de l'urbanisation, avec son ordre économique. Ces facteurs se combinent pour créer un environnement qui influence le regard que nous portons sur le monde. S'y ajoute le sécularisme, qui a ruiné la foi en ôtant toute signification à Dieu et au surnaturel. L'urbanisation est déshumanisante pour beaucoup et les mass-media ont contribué à dévaloriser les notions de vérité et d'autorité, en remplaçant le mot par l'image. Globalement, les effets de la modernité faussent le message prêché par beaucoup et sapent l'élan missionnaire.

    En 1900, à peine 9% de la population du monde vivait en ville ; en l'an 2000, ce pourcentage pourrait dépasser 50 %. Ce mouvement d'urbanisation à échelle mondiale a été dit "la plus grande migration de l'histoire humaine"; il constitue un défi majeur pour l'évangélisation du monde. D'un côté, le caractère tout à fait cosmopolite des populations urbaines met désormais les nations à notre porte dans la ville. Est-il possible d'édifier des Eglises communes à tous, au sein desquelles l'Evangile abolisse les barrières ethniques ? D'un autre côté, de nombreux citadins sont pauvres, déracinés, mais réceptifs à l'Evangile. Est-il possible de persuader le peuple de Dieu de s'établir au cœur de ces communautés urbaines défavorisées pour se mettre à leur service et de prendre part à la transformation de la ville ?

    [...]

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