• Liberté

    Un article d'Alain LEDAIN

    C’est le premier mot de la devise de notre pays : « Liberté, égalité, fraternité », une devise issue de la révolution française mais adoptée comme symbole officiel de la République en 1880.

    « Liberté, Liberté chérie, Combats avec tes défenseurs ! » peut-on entendre dans le sixième couplet de la Marseillaise. La liberté a souvent été chantée. Je pense entre autre à « Ma liberté » de Georges Moustaki (1970) :

    Ma liberté | Longtemps je t'ai gardée | Comme une perle rare

    Ma liberté | C'est toi qui m'a aidé | A larguer les amarres

    Pour aller n'importe où | Pour aller jusqu'au bout | Des chemins de fortune

    Pour cueillir en rêvant | Une rose des vents | Sur un rayon de lune

    et à « Je chante avec toi liberté » écrite en 1981 et interprétée par Nana Mouskouri sur un air de Nabucco de Verdi :

    Quand tu chantes, je chante avec toi liberté | Quand tu pleures, je pleure aussi ta peine

    Quand tu trembles, je prie pour toi liberté

    Dans la joie ou les larmes je t'aime […]

    Et quand tu es absente j'espère | Qui es-tu religion ou bien réalité | Une idée de révolutionnaire

    Moi je crois que tu es la seule vérité | La noblesse de notre humanité

    Je comprends qu'on meure pour te défendre| Que l'on passe sa vie à t'attendre.

    Mais qu’est qu’être libre ? Et être libre par rapport à qui, à quoi ?

    Au plan humain, la liberté peut représenter :

    - La possibilité d’opérer des choix sans contrainte et en conscience (en toute connaissance de cause)

    - Une pleine maîtrise de soi (se gouverner soi-même, échapper aux passions, aux pulsions, à la tyrannie du « tout, tout de suite », aux émotions…)

    - Une réelle émancipation de l'opinion d'autrui (en ne craignant pas le rejet et le regard des autres) . Cesser d’être courbés devant autrui en quémandant sa reconnaissance. Démasquer les personnes manipulatrices.

    - Une indépendance vis-à-vis des modes de pensée (échapper aux conformismes, aux conditionnements sociaux)

    - La possibilité de témoigner de sa foi sans crainte de persécutions (liberté religieuse)

    - La possibilité d’entreprendre (liberté économique)

    - L'idéal démocratique et le droit reconnu à chacun de participer aux responsabilités (liberté politique)

    - Plus largement : la liberté de pensée et d’opinion.

    « Quitte à tout prendre prenez mes gosses et la télémais vous n'aurez pas, Ma liberté de penser. » chante Florent Pagny

    Ici, il convient de souligner qu’un des premiers rôles de l’école doit être de former des citoyens. La liberté de pensée n’est pas innée ; elle s’acquiert entre autre en apprenant à réfléchir. L’autonomie de réflexion et d’action suppose une éducation. Dans un état démocratique, l’instruction doit contribuer à la formation d’une pensée mûrie et d’un sens de la responsabilité aigu.

    La liberté : ce qu'en révèle le livre de la Genèse

    Le livre de la Genèse pose les fondements de l’anthropologie biblique :

    Genèse 1 : « 27 Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme. »

    Genèse 2 : « 7 L'Eternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant. 8 Puis l'éternel Dieu planta un jardin en éden, du côté de l'orient, et il y mit l'homme qu'il avait formé. 9 L'éternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l'arbre de la vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal… 15 L'éternel Dieu prit l'homme, et le plaça dans le jardin d'éden pour le cultiver et pour le garder. 16 L'éternel Dieu donna cet ordre à l'homme : Tu pourras manger de tous les arbres du jardin ; 17 mais tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras. »

    Genèse 3 : « 1 Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l'éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? »

    On croirait entendre ceux qui pensent que n’avoir pas droit à tout, c’est n’avoir droit à rien et que la liberté, c'est vivre sans limites !

    L’homme est créé à l’image de Dieu. Il est doté d’intelligence, de raison, de volonté libre et donc de liberté. Contrairement à l’animal, il n’obéit pas qu’aux sens et n’est pas poussé que par l’instinct. Appelé à la perfection, il n’est pas placé sur un rail : l’arbre de la connaissance du bien et du mal en est la preuve. L’homme peut choisir d’obéir ou de désobéir, de grandir en perfection ou de défaillir.

    Etant libre il est responsable de ses choix et de ses non-choix, de ses engagements et de ses manques d’engagement, de ses préférences, de ses actes, de ses paroles, de ses silences et de leurs conséquences.  Dit autrement, il doit en répondre, il doit en rendre compte car ils se font sous le regard des autres et de Dieu lui-même « …car Dieu amènera toute œuvre en jugement, avec tout ce qui est caché, soit bien, soit mal. » (Ec 12 : 14) . La liberté est liée à la responsabilité. « La responsabilité est le prix de la liberté. » (Cyrille Guimard) « Liberté implique responsabilité. C'est là pourquoi la plupart des hommes la redoutent. » (George Bernard Shaw)

    Cette responsabilité s’exerce dans le jardin dont l’homme se voit confier la gérance. On connait la suite : le mensonge du Diable entraine sa chute. Alors, viendra inéluctablement la question : « Pourquoi as-tu fait cela ? » (Gen. 3 : 13)
    Adam choisira la voie de l’irresponsabilité pour se disculper : « La femme que tu as mise auprès de moi m'a donné de l'arbre, et j'en ai mangé. » (Gn. 3 : 12) De même la femme : « Le serpent m'a séduite, et j'en ai mangé. » (Gn. 3 : 13)

    On retrouve ce lien entre liberté et responsabilité dans la parabole des talents (Mt. 25 : 14-30). Dans cette parabole, un homme part en voyage, appelle ses serviteurs et leur remet ses biens. Il donne cinq talents à l'un, deux à l'autre, et un au troisième et il part. Là commence la liberté des serviteurs. « Longtemps après, le maître de ces serviteurs revient, et leur fait rendre compte. » (v. 19) Les serviteurs exercent alors leur responsabilité : ils répondent de leur gestion.

    Servitudes et liberté dans les lettres de l’apôtre Paul

    Selon Paul, l’homme vit sous l’esclavage du péché (Rm 6 : 6, 17, 20), source de toutes les autres servitudes. Il lui obéit (Rm 6 : 16), lui livre ses membres comme esclave à l’impureté et à l’iniquité (Rm 6 : 19) ; son être lui est vendu (Rm 7 : 14) : le péché qui y exerce son règne (Rm 6 : 12).

    « En vérité, en vérité, je vous le dis, leur répliqua Jésus, quiconque se livre au péché est esclave du péché… » (Jn. 8 : 34)

    Peut-être connaissez-vous la chanson « Chacun Fait Ce Qui Lui Plait » interprétée en 1982 par « Chagrin d’amour » :

    Cinq heures du mat' j'ai des frissons

    Je claque des dents et je monte le son

    Seul sur le lit

    Dans mes draps bleus froissés

    C'est l'insomnie

    Sommeil cassé

    Je perds la tête

    Et mes cigarettes sont toutes fumées

    Dans le cendrier

    C'est plein d'Kleenex et d'bouteilles vides

    J'suis tout seul, tout seul, tout seul […]

    Peut-être la cause ou la conséquence de ce qui suit. Une chanson très significative de l’atmosphère de notre société : Si jadis l’enfer était associé aux flammes, en notre postmodernité, il se vit dans le non-sens c’est-à-dire dans des vies sans signification et sans espérance. Retour à « Chagrin d’amour » :

    J'suis tout seul, tout seul, tout seul […]

    (Chœur :) Chacun fait, fait, fait | C'qui lui plaît, plaît, plaît !
    (Soliste :) L'précipice est au bout
     (Chœur :) L'précipice on s'en fout !

    (Chœur :) Chacun fait, fait, fait | C'qui lui plaît, plaît, plaît !
    (Soliste :) Sous mes pieds, y a la terre !
    (Chœur :) Sous tes pieds, y a l'enfer

    La dernière réponse du chœur est intéressante… 

    « Chacun fait, fait, fait | C'qui lui plaît, plaît, plaît ! » Voilà qui n’est pas sans rappeler ce que l’on peut lire par deux fois dans le livre des Juges : « En ce temps-là, il n'y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon. » (Jg. 17 : 6 et 19 : 25)

    On peut se sentir libre et pourtant être manipulé, influencé par celui que Paul appelle « le prince de la puissance de l’air » (Ep. 2 : 2). On peut se penser libre et pourtant être dépendant, au bord du précipice, l’enfer sous les pieds.

    Tant au plan personnel que social, Il y a une liberté mortifère : celle qui, dans la revendication de nos droits, accentue l’individualisme et l’indifférence quant à autrui, celle qui provoque des désordres personnels et sociaux provoquant catastrophes et violences, celle qui risque de nous faire tomber dans nos travers, nos faiblesses et peut-être nos déviances et nos perversions.

    La liberté sans limites amène à l’irresponsabilité, à l’ « après moi le déluge ! », à l’impossibilité de vivre ensemble et aux crises. La vraie liberté, ça n’est ni le désordre, ni le chaos, ni l’état de nature, ni le bon sauvage.

    Quelle est la source de notre liberté et quel en est le résultat ?

    Le péché est le résultat d'une liberté mal gérée. Sa route mène à la mort (la séparation avec Dieu) car « le salaire du péché, c’est la mort » (Rom. 6 : 23a) et « l’aiguillon de la mort, c'est le péché ». (1 Co. 15 : 56)

    Enfin, « la puissance du péché, c'est la loi » (1 Co. 15 : 56). Par Loi, il faut comprendre tout système d’observances et de rituels supposé justifier. La Loi donne connaissance du péché  et même l’amplifie. (Rom. 3 : 20b : « C'est par la loi que vient la connaissance du péché. »)

    La liberté des enfants de Dieu

    (1) Etant enfants de Dieu, nous ne sommes plus « sous l'esclavage des rudiments du monde » (Ga. 4 : 3) c’est-à-dire sous l’esclavage de règles religieuses faites d’interdits ou de rituels : « Ne prends pas ! ne goûte pas ! ne touche pas ! » (Col. 2 : 21)

    Nous sommes des fils adoptifs de Dieu (Ga. 4 : 5) c’est pourquoi nous osons appeler Dieu : « Notre Père ». Nous avons un contact direct avec Lui et sommes entrés dans une filiation sans considération des inégalités sociales, culturelles, religieuses…

    Ep. 3 : 12 : « Nous avons, par la foi en lui [en Christ], la liberté de nous approcher de Dieu avec confiance. »

    Ro. 8 : « 1 Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ. 2 En effet, la loi de l'esprit de vie en Jésus Christ m'a affranchi de la loi du péché et de la mort. »

    Et comme tout enfant, nous sommes devenus héritiers.

    ***

    La perfection, à laquelle l’homme est appelé dès le commencement, présuppose la liberté de choisir le vrai bien et cette liberté est un processus et un horizon dans lesquels il doit entrer.

    L’enfance en est sans doute une bonne illustration. Elle est marquée par l’éducation, les règles, les limites, la loi c’est-à-dire par (1) l’apprentissage à choisir le bien et (2) à ne pas faire de la liberté un danger : celui de se nuire, de courir à sa propre perte ou de nuire à autrui. Quand on dit à un enfant « Ne touche pas la plaque de cuisson, tu vas te brûler ! », porte-t-on atteinte à sa liberté ? Evidemment non. L’autorité est l’aptitude à faire grandir.

    Pour paraphraser l’apôtre Paul, aussi longtemps que l’on est un enfant, nous sommes soumis à nos parents quoique nous soyons l’héritier et le maître de tout.

    Paradoxalement, être libre c’est avoir compris la nécessité des limites et les avoir intégrées, ne serait-ce que parce que « la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres » (John Stuart Mill). Un enfant sans limites, non éduqué n’est pas libre mais prisonnier de ses caprices. Il devra subir la loi qu’il n’a pas intégrée. On comprend mieux que l’expression de l’apôtre Jacques, « la loi de la liberté », n’est pas un oxymore. (Jc 1 : 25)

    Notre liberté atteint sa perfection quand elle s'exerce dans la volonté de Dieu qui sait quel est le vrai bien ; c’est-à-dire quand naturellement (Jr. 31 : 33), nous choisissons et avons la force d'accomplir ce qui plaît à Dieu, à l'exemple de Jésus-Christ. Exprimé différemment : quand nos actes sont en parfaite harmonie avec le coeur nouveau que Dieu nous donne (Ez. 36 : 26a : « Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau… »).

    (2) Etant enfants de Dieu, nous sommes devenus libres pour servir et aimer.

    Dans la Bible, la liberté n’existe pas pour elle-même. Autrement dit, elle n’existe pas au sens absolu, elle n'est pas le but de la vie mais un moyen. L’homme est libéré pour servir le Seigneur et, appartenant au Seigneur, il ne peut plus être esclave d’un autre (de l’argent par exemple).

    Ex. 9 : 13b : « Ainsi parle l'éternel, le Dieu des Hébreux : Laisse aller mon peuple, afin qu'il me serve. »
    Lv 25 : 55 : « Car c'est de moi que les enfants d'Israël sont esclaves; ce sont mes esclaves, que j'ai fait sortir du pays d'Égypte. Je suis l'éternel, votre Dieu. »
    Rom. 6 : « 18 Ayant été affranchis du péché, vous êtes devenus esclaves de la justice19b livrez vos membres comme esclaves à la justice, pour arriver à la sainteté. »

    L'homme passe de la servitude consciente ou inconsciente – addictions par exemple – au service volontaire de la justice dans tous les actes de la vie. Et cette justice consiste en la miséricorde plus que les sacrifices, à défaire les chaines injustes, à renvoyer libres les opprimés, à briser tous les jougs. En résumé : à rendre libres les autres.

    Bien évidemment, l’homme ne peut prendre prétexte de cette liberté pour vivre « selon la chair », dans la licence ou dans l'inaction. Au contraire, par amour, il doit se mettre au service d'autrui (Ga 5 : 13). Alors qu’il est engagé dans ce service, le Saint Esprit libère et travaille son cœur afin d’y faire coïncider sa volonté avec le projet de Dieu. Plus ! Sa liberté est si grande qu’elle lui permet d’y renoncer pour éviter qu’elle « ne devienne une pierre d'achoppement pour les faibles. » (1 Co. 8 : 9)

    Enfin, cette liberté permet de vivre des relations authentiques : Nous n'avons nul besoin de porter un masque car nous assumons pleinement qui nous sommes.

    (3) Etant enfants de Dieu, nous avons été délivrés de la crainte de la mort car Jésus « anéantît celui qui a la puissance de la mort, c'est à dire le diable ». (He 2 : 14-15)

    Être libres et le rester

    Libres, nous devons être attentifs à deux dangers opposés.

    Le premier consiste à se remettre sous la loi, c’est-à-dire à croire que l’on ne peut s’approcher de Dieu qu’à la condition d’observer un certain nombre de préceptes et d’interdits.

    Galates 5:1 : « C'est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Tenez donc ferme dans cette liberté et ne vous placez pas de nouveau sous la contrainte d’un esclavage. »

    Le deuxième danger consiste à redevenir esclave du péché. Or, il n’y a de liberté vraie qu’au service du bien et de la justice. Le choix de la désobéissance et du mal est un abus de la liberté et reconduit à « l’esclavage du péché » (Rom 6 : 17) « car chacun est esclave de ce qui a triomphé de lui. » (2 Pi 2 : 19b)

    « Tout est permis, mais tout n'est pas utile; tout est permis, mais tout n'édifie pas » (1 Co. 10 : 23) « Tout est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit. » (1 Co. 6 : 12)

    L’abus de liberté tue la liberté.

    Deux autres points concernant la liberté

    La liberté est liée à la vérité.

    Jean 8 : « 31 Et il [Jésus] dit aux Juifs qui avaient cru en lui : Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; 32 vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira36 Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. »

    Jean 14 : « 6 Jésus lui dit : Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. »

    Une liberté authentique exige une honnêteté vis-à-vis de la vérité. Mais attention, la vérité n’est pas la sincérité, l’authenticité, l’accord avec soi-même qui sont des critères subjectifs. La vérité n’est pas non plus un ensemble d’assertions philosophiques, un enseignement particulier ou une chose que l'on pourrait détenir. La vérité, c'est une Personne qu'il faut suivre : Le Christ.

    Le Christ est celui qui apporte à l'homme la liberté fondée sur la vérité, est Celui qui libère l'homme de ce qui le limite, le diminue, le conditionne et pour ainsi dire détruit cette liberté.

    Si c'est la vérité qui rend libre et si le Christ est la vérité alors cela signifie qu'il faut aller au Christ avant de jouir de la liberté. Tout au long de l’histoire, ses témoins se sont montrés libres alors qu’ils vivaient des contraintes extérieures éprouvantes. L'exemple biblique de Paul et Silas en prison en est un exemple.

    C’est Jésus-Christ qui dévoile les obstacles à notre liberté intérieure. C’est Lui aussi qui donne à ses disciples les armes spirituelles  pour renverser les forteresses que constituent les pensées fausses qui emmurent (2 Co. 10 : 4-5).

    Rompre avec une mentalité d’esclave

    On peut être libre mais avoir gardé une mentalité d’esclave. C’est ce qu’illustre si bien l’histoire du peuple d’Israël lors de sa sortie d’Egypte.

    Dieu dit au peuple d'Israël : « J’ai déchargé […] tes mains de la corvée des corbeilles (de briques) » (selon Ps 81 : 7)

    En réponse, « les enfants d'Israël recommencèrent à pleurer et dirent : Qui nous donnera de la viande à manger ? Nous nous souvenons des poissons que nous mangions en Égypte, et qui ne nous coûtaient rien, des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et des aulx. » (Nombres 11 : 4b-5)

    Dostoïevski  affirmera : « Il n'y a qu'une chose que les hommes préfèrent à la liberté, c'est l'esclavage. » La liberté nécessite du courage : elle angoisse car elle laisse entre autre la possibilité de faire le mal, de violer les interdits et de s'autodétruire. Toutefois, l’exercice de la « liberté responsable » est nécessaire à notre développement et à notre perfectionnement humains et spirituels.

    A l’inverse, il est plus facile de n’avoir pas de choix ou que les choix nous soient dictés. Ainsi devient-on irresponsables. « J’ai obéi à des ordres » pourra-t-on dire, échappant ainsi à toute culpabilité… du moins le pense-ton ! A noter que la vie avec Dieu n’est pas celle d’une marionnette. Sans liberté, il ne peut y avoir de démarche de foi…

    De la même façon, il est facile de rejeter la cause des problèmes sur notre conjoint, notre famille, les autres, la société, l’église, etc.  Qu’est ce qui nous empêche de nous engager et d’agir pour que ça change ? L’esclave se voit comme une victime. Il pense et dit : « Je ne peux rien faire ! » Caleb, un homme libre et conquérant, priera : « Donne-moi cette montagne ! » et héritera sa terre promise. Hormis Josué, ses contemporains mourront au désert. Ils avaient estimé : « Nous ne pouvons pas… » (Nb 13 : 31)

    L’esclave regarde avec nostalgie le passé, en oublie son ancienne servitude et tourne en rond. Il n’est pas capable d’engagement, d’initiative. Il est fataliste.

    Il est difficile de passer de la mentalité d’esclaves à celle d’hommes libres.

    Si nous estimons la liberté comme un des attributs les plus élevés de nos personnes alors nous saurons quitter nos zones de confort et de sécurité quitte aux souffrances et aux sacrifices !

     

    En appendice : Liberté et engagement

    La liberté à laquelle le chrétien est appelé ne le laisse pas inactif : elle l’amène à choisir ses engagements  et non à errer dans la « liberté pure » des non-choix. Si je puis tout mais ne me détermine pour rien, je reste vide, dans le non-sens. Je jouis d’une liberté toute-puissante sans autre but qu’elle-même. Si je puis tout mais ne fais rien par peur de me tromper, à quoi cela ressemble-t-il sinon à une liberté d’adolescent en constante indécision ?

    La liberté et les intentions les plus pures ne suffisent pas à construire mon être. Elles doivent se traduire en actes, passer dans la réalité par des applications concrètes. Oui, la liberté à laquelle le chrétien est appelé n’est pas une liberté de bonnes intentions mais une liberté d’engagement.

    Certes, l’engagement amène parfois et bien involontairement à se salir les mains mais, à force de vouloir garder les mains propres par la passivité, ne risque-t-on pas de ne plus avoir de main, ne risque-t-on pas la désertion spirituelle ?

    Peut-être mes lecteurs trouveront-t-ils que je m’éloigne du thème de cette partie : « Liberté ». Il n’en est rien. Si, au plan biblique et personnel, nous sommes libres pour servir, alors au plan social nous sommes libres pour nous engager et pour agir dans nos espaces publics (entreprises, administrations, églises, villes…). Cet engagement et cet agir revêtiront nécessairement une dimension d’alliance avec d’autres partageant une même communion spirituelle.

    Puisse chacun rencontrer ses compagnons de route pour la promotion de la justice restauratrice du Royaume de Dieu, Royaume dont la manifestation doit être la priorité de nos vies, Royaume dont toute aliénation et toute servitude sont bannies.

    Entre autres sources

    Eloge de la singularité - Chantal DELSOL

    Eloge de la singularité - Essai sur la modernité tardive - Chantal DELSOL

    Quatrième de couverture

    La modernité tardive, qui révoque en doute la plupart des vérités et croyances héritées du passé, s'attache à sauver une seule certitude : celle de la dignité de l'homme singulier, fondement des droits de l'homme. Pourtant, elle poursuit la dépersonnalisation qui se trouvait déjà à l'oeuvre dans les idéologies précédentes. Cette contradiction est l'objet même de ce livre : pourrons-nous garantir longtemps la dignité personnelle sans protéger du même élan le sujet personne qui en constitue le support et la raison d'être ? Le sujet personne est une entité singulière et insondable, pendant que nous le réduisons à ses collectifs identitaires. Il est responsable de son propre destin, pendant que notre indifférence éducative le prive de l'apprentissage à l'autonomie. Il se grandit par l'indépendance d'esprit, pendant que la société contemporaine le livre à l'opinion dominante. Il est engagé dans l'éthique par ses actes, pendant que la société spectaculaire promeut une éthique de l'intention, verbale et dérisoire. Il est habité à la fois par le bien et par le mal, pendant que nous continuons d'entretenir les tentations manichéennes. Il n'est ni réductible à sa biologie - ce qu'indique l'idéologie de la santé -, ni nourri par la seule matière - ce qu'indique la religion de l'économie. Il est doté d'un esprit singulier, exposé à la recherche spirituelle et à la quête d'éternité, alors qu'un nouveau panthéisme travaille à le dissoudre.

    Il ne suffit pas de clamer les droits de l'homme de façon incantatoire ; faut-il encore savoir qui est cet homme à respecter.

    La liberté chrétienne dans les lettres de saint Paul : http://j.leveque-ocd.pagesperso-orange.fr/eleutheria.htm et Liberté et responsabilité : http://viechretienne.catholique.org/cec/6318-i-liberte-et-responsabilite

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