• Pensée économique et sociale de CALVIN - Richesses et pauvreté

    Un article d'Alain LEDAIN

    L'introduction reprend partiellement l'article "Résister à la passion de l'argent "

    INTRODUCTION : DONNER UNE JUSTE PLACE A L’ECONOMIE

    « Il faut une force morale importante pour résister à la passion de l’argent. » - Didier LONG
    Luc 16 : 13 : « Nul serviteur ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l'un et aimera l'autre; ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. »
    1 Timothée 6 : 10-11 : « 10 Car l'amour de l'argent est une racine de tous les maux; et quelques-uns, en étant possédés, se sont égarés loin de la foi, et se sont jetés eux-mêmes dans bien des tourments.
    11 Pour toi, homme de Dieu, fuis ces choses…
    »

    LE CONTEXTE DE CE DÉBUT DE XXIÈME SIÈCLE

    Les titres de plusieurs livres récents sont significatifs de notre période :

       

    - « Le triomphe de la cupidité » écrit en 2010 par Joseph Stiglitz, l'un des économistes les plus influents et les plus écoutés au monde ;

    - « La prospérité du vice » de Daniel Cohen, professeur à l'Ecole normale supérieure, vice-président de l'Ecole d'économie de Paris et éditorialiste associé au journal Le Monde ;

    - « Confessions d’un banquier pourri » d’un auteur voulu resté anonyme. Et on le comprend ! Ce dernier n’hésite pas à se décrire comme un « parasite de la haute finance », à assumer d’être « pourri par l’esprit de lucre… gâté pourri ! »

    « Le fait central des Temps modernes n'est pas que la Terre tourne autour du soleil, mais que l'argent court autour de la Terre. » Peter Sloterdijk (penseur allemand)

    L’actualité est marquée par une évidence : l’argent et la finance prédominent. Ils conduisent l’économie dans ce que Didier Long appelle l’hypercapitalisme .

    PENSÉES SUR L’ÉCONOMIE

    Déjà, dans les années qui suivent la crise de 1929, le penseur Emmanuel Mounier écrivait : « L'importance exorbitante prise par le problème économique dans les préoccupations de tous est le signe d'une maladie sociale. L'économie a étouffé le reste de la société. » Qu’écrirait-il aujourd’hui ?

    L’économie – ou l’hypercapitalisme – envahit tous les aspects de la vie : c’est « le dernier totalitarisme qu’ait inventé le XXe siècle ». Les hommes ne sont plus perçus que comme des producteurs et des consommateurs à manipuler (des « homo œconomicus ») et « la notion économique de concurrence a pénétré la sphère privée, de sorte que le prochain est de plus en plus souvent perçu comme un concurrent » .

    Comment en est-on arrivé là ? Qui a créé ce système matérialiste et idolâtre ? La réponse de Didier Long interpelle : « Chacun de nous. Car l’hypercapitalisme supposait l’hyperconsommation. » Je ne reviendrai pas sur la question du consumérisme !

    L’économie et l’argent ne sont pas mauvais en eux-mêmes. Par contre « l'amour de l'argent est une racine de tous les maux. » Et puis, « le développement ne se réduit pas à la simple croissance économique. Pour être authentique, il doit être intégral, c'est-à-dire promouvoir tout homme et tout l'homme. » (Jean-Paul II – Populorum Progressio - § 14)

    Quelle éthique notre foi permet-elle de développer sur l’économie et sur l’argent ? Comment l’évangile doit-il rencontrer les hommes et femmes de notre temps ?

    REMONTONS LE TEMPS

    Notre époque est nouvelle par de nombreux aspects. Ceci étant, elle ressemble par d’autres aspects au XII-XIIIème siècle.

    - Pendant cette période, un nouveau type de société apparaît. On passe rapidement d’un monde féodal, rural, stable lié à la terre à un monde urbain en mouvement. Les villes se développent et deviennent des centres de consommation et d’échanges. Le monde urbain est un monde nouveau.

    - On assiste à un réveil extraordinaire du commerce dans toute l’Europe. C’est le plein âge d’or des marchands.

    - Le monde féodal était marqué par un esprit de vassalité, de subordination. Le monde des communes est fondé sur l’esprit d’association des marchands. Malheureusement cet esprit d’association sera très vite battu en brèche par l’esprit de gain : Toujours plus d’argent et des gains de plus en plus rapides. « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil ». Le réveil de l’argent accompagne le développement des échanges et avec le réveil de l’argent, la domination par l’argent.

    Dans ce contexte, dans la famille d’un riche marchand de tissus, va naître François Bernardone plus connu sous le nom de Saint François d’Assise.

    François va rompre avec tout maniement de l’argent en se faisant volontairement pauvre et en créant les ordres mendiants (ordres dont les membres dépendent de la charité pour vivre). Même si, comme Calvin, je ne partage pas sa théologie, j’admets que la radicalité de son engagement avait du sens dans son contexte : il ne voulait pas pactiser avec la nouvelle idole, l’argent. Il désirait remettre en question l’orientation de la société dans laquelle il vivait, une société où le pouvoir de l’argent et la domination prévalaient.

    Parallèlement, il reprendra les espérances de liberté et de fraternité des hommes de son temps nées de la sortie du monde féodal ; espérances déçues en ce monde de communes, si riches de promesses et si décevant pour tant d’hommes et de femmes plongés dans la détresse.

    Il manifestera un Evangile qui répond, en les purifiant, aux espérances déçues. Son style de vie sera nouveau, radical, libérateur et prophétique. Prophétique des relations au sein du Royaume de Dieu : relations de vraie liberté (vis-à-vis de l’argent notamment), d’égalité et non de domination, de fraternité.

    Si on peut contester avec François sa relation aux biens matériels – avec Calvin, je vais défendre une autre appréhension des biens –, on ne peut lui enlever son prophétisme, c’est-à-dire ici sa profonde remise en question de certaines mentalités trop portées sur les richesses. Portant le bouillonnement de son temps, il n’a pas adapté l’Evangile à l’argent mais il a fait rencontrer l’Evangile et l’Histoire des hommes. C’est cela qui m’interpelle et m’amène à cette question : Comment l’Evangile peut-il rencontrer nos contemporains marqués par la financiarisation de la vie ? S’interroger revient ici à chercher la justice du Royaume de Dieu en notre XXIème siècle.

    Pour nous aider, je vous propose de découvrir la pensée économique et sociale de Jean Calvin, ce grand réformateur dont nous fêtions, en 2009, le 500ème anniversaire de la naissance. Cette pensée est pertinente pour notre temps : c’est ce que je vais tenter de démontrer.

    Mes lecteurs se poseront peut-être la question de l’utilité des éléments historiques ci-dessus. Le grand poète martiniquais Aimé Césaire affirmait : « Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ». La Bible contient de nombreux livres historiques et Jésus n’a-t-il pas dit lors de la Cène : « Faites ceci en mémoire de moi » ?

    La pensée de Calvin

    Ce travail de compilation a été réalisé par Alain LEDAIN. Consultez les ressources utilisées.

    Avant la chute, tout était excellent. Il y avait harmonie et fertilité de la création, abondance de nourriture. Et l'homme a reçu la mission de dominer sur la création, de la soumettre (voir Genèse 1 : 26 et 28).

    Dans le dessein de Dieu, l'économie à la disposition de la société humaine, était une économie d'abondance, propre à nourrir toute l'humanité.

    On imagine mal que Dieu demande de " remplir toute la terre " pour qu'une partie de l'humanité meure de faim !

    Malheureusement, le péché de l'homme est venu bouleverser la création : la déchéance humaine a entraîné des perturbations dans la création toute entière. (Voir Romains 8 : 19-23 : « … Car la création a été soumise à la vanité… »)

    En 2010, on estime à plus d'un milliard le nombre de personnes malnutries (sur une population mondiale de 6,8 milliards environ). En rappelant cette triste réalité, une citation me revient : « On s’émeut pour le lointain ; on reste indifférent au prochain ».

    Il est à remarquer que le péché de l'homme, qui est un drame spirituel, affecte toute sa nature : corps, âme et esprit. De plus, il atteint la communauté humaine (les rapports sociaux) et la création dans sa totalité. (Genèse 3 : 17 et suivants : " … Le sol sera maudit à cause de toi : C'est avec peine que tu en tireras ta nourriture… Il te produira des chardons et des broussailles… ") Il est ainsi évident que l'on ne peut séparer l'homme de la création, ni l'esprit de la matière.

    La séparation de l’esprit et de la matière vient de la philosophie grecque, non de la pensée biblique.

    Avec le péché de l'homme, le désordre économique peut provenir de causes naturelles. Au XVIème siècle, on pensait aux irrégularités de la production agricole pouvant entrainer des famines.

    Au XXIème siècle, la tyrannie de l’homme sur la création, qui a pour conséquence le réchauffement climatique, aura de graves conséquences économiques et humaines.

    De plus, l'aliénation de l'homme plonge la société dans le désordre et le déséquilibre. Primitivement, dans l'ordre social prévu par Dieu, il devait y avoir une solidarité unissant tous les êtres les uns aux autres, des échanges à tous les niveaux de l'existence humaine, des communications spirituelles, culturelles et matérielles.

    Avec le péché, les équilibres sont rompus : le couple et la famille sont touchés, les hiérarchies sociales sont désorganisées (rupture de la solidarité économique, orgueil de ceux qui sont investis de responsabilités, convoitise de ceux qui ont une condition inférieure).

    Un peu d’humour : « Si on écoutait ce qui se dit, les riches seraient les méchants et les pauvres seraient les gentils. Alors pourquoi tout le monde veut devenir méchant ? » (Coluche)

    Le manque de confiance en la providence de Dieu conduit certains à l'accaparement des biens destinés à tous.

    Le gaspillage ou, au contraire, le stockage et la spéculation sont autant de manifestations de l'égoïsme et du péché des hommes, corrompant l'ordre économique qui, selon le dessein de Dieu, devait assurer à toutes les créatures de quoi vivre en abondance.

    La restauration de toute chose se trouve en Jésus-Christ ; y compris celle de l'ordre économique. Et l'Eglise est chargée de donner des signes de cette restauration

    La restauration concerne aussi la création (Voyez Romains 8 : 20-21). C'est pourquoi il y a un lien très fort entre foi et écologie. Pour aller plus loin, consultez la page suivante de ce blog : http://alain-ledain.eklablog.com/bible-chretiens-et-ecologie-a927144

    1 - LES BIENS MATERIELS, SIGNES DE LA GRACE

    La prière : " Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien. " nous montre que c'est Dieu qui nous nourrit, que c'est Lui qui pourvoit à nos besoins matériels.

    Nous ne devons donc pas mépriser les besoins légitimes de notre corps car c'est dans notre vie matérielle que Dieu nous rencontre et qu'il éprouve notre foi.

    En fait, les biens matériels sont chargés d'une valeur pédagogique : ils sont une figure de l'abondance du royaume céleste. Nous ne devons donc pas arrêter notre regard aux bénédictions matérielles mais les voir comme des gages de la vie future, des signes du royaume et de la grâce de Dieu.

    Attention donc : " Quand le sage montre la lune, le sot regarde le doigt. "

    Joël 3 : 18 : " En ce temps-là, le moût ruissellera des montagnes, Le lait coulera des collines, Et il y aura de l'eau dans tous les torrents de Juda; Une source sortira aussi de la maison de l'Éternel, Et arrosera la vallée de Sittim. "

    Toutefois, les biens matériels ne sont pas liés à la grâce de Dieu :

    Le chrétien et l'argent Il n'y a pas d'équivalence entre richesse et bénédiction. La richesse n'est que figurative de la bénédiction, mais la bénédiction peut très bien subsister en l'absence de la richesse.

    Le chrétien et l'argent De même, la pauvreté ne doit pas être liée à la punition de Dieu.

    Dans le dénuement et la pauvreté, en dehors des fausses assurances et de toute sécurité humaine, Dieu peut nous apprendre à compter sur ses seules promesses.

    En conclurons-nous que la privation des biens matériels est une vertu ?

    Non ! L'attitude biblique est le contentement : Philippiens 4 : 11-13 : " …Ce n'est pas en vue de mes besoins que je dis cela, car j'ai appris à être content de l'état où je me trouve. 12 Je sais vivre dans l'humiliation, et je sais vivre dans l'abondance. En tout et partout j'ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l'abondance et à être dans la disette. 13 Je puis tout par celui qui me fortifie."

    Proverbes 30 : 8 : « … Ne me donne ni pauvreté, ni richesse, Accorde-moi le pain qui m'est nécessaire. »

    La confiance en Dieu pour notre vie matérielle n'exclut ni le travail, ni la prévoyance. Par contre, elle écarte l'orgueil et la fausse sécurité que l'homme met dans son travail et qui le mène à une activité fébrile et à un zèle professionnel dévorant toute l'existence.

    Une parenthèse

    Aujourd’hui, que ce soit au plan financier ou au plan général, la réussite est devenue le seul critère de vérité : « ça marche, donc c’est vrai, donc c’est juste ! » 

    Dans l’Evangile  (Matthieu 7 : 22-23), Jésus rapporte les propos d’hommes qui réussissaient : « Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé par ton nom ? N’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? Et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? » Réponse de Jésus : « Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité. »

    2 - RICHESSE ET PAUVRETE, EPREUVES DE LA FOI

    Les richesses temporelles, signe des richesses à venir, doivent être entièrement consacrées à Dieu. Or, consacrer à Dieu la richesse, c'est la mettre au service d'autrui.

    La consécration des richesses à Dieu est le signe de la foi authentique, quelle que soit l'abondance des biens.

    " … Si un homme peut être généreux, qu'il tâche de l'être auprès de ceux qui ont besoin de son aide, qu'il n'en soit pas orgueilleux, mais qu'il chemine toujours sobrement : voilà une bonne épreuve. Si un autre, étant pauvre, prend patience en ce qu'il plaît à Dieu de lui envoyer, et cependant qu'il ne soit pas tenté par la fraude, ni aucune malice, malgré la souffrance et sa condition dure : voilà un bon et utile examen. " (Calvin - traduction en français courant par mes soins.)

    Le comportement de l'homme envers l'argent est l'expression tangible de sa foi véritable.

    3 - LES BIENS MATERIELS, INSTRUMENTS DE MAMMON

    Ou bien l'homme reconnaît les richesses et les reçoit dans la foi comme un don de Dieu, un signe de sa grâce, ou bien il leur confère un pouvoir et une efficacité autonomes, la puissance de vivre dans une réelle indépendance de Dieu.

    Dans ce dernier cas, l’homme devient idolâtre et atteste qu’il est sous l’esclavage de Mammon puisqu’il renie que toutes choses viennent de Christ et sont sous sa seigneurie.

    Nos sociétés occidentales vivent aujourd’hui dans le fantasme infantile de la toute puissance : tout posséder sans limites ; tout maîtriser sans limites. (Selon Serge Lellouche – Le choix radical de la sobriété.)

    Dans un tout autre contexte, Nelson Mandela affirmait lors de son investiture à la présidence de la république d'Afrique du Sud en 1994 : « Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toute limite. »

    L'amour des richesses est un problème spirituel. Matthieu 6 : 24 : " Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l'un, et aimera l'autre; ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. "

    Calvin dira que l'avarice est une force démoniaque, une puissance tyrannique, oppressante ayant un parallèle avec l'ivrognerie.

    Hébreux 13 : 5 (version Darby) : « Que votre conduite soit sans avarice, étant contents de ce que vous avez présentement; car lui-même a dit : "Je ne te laisserai point et je ne t'abandonnerai point". »

    De ce verset ressort que l’aliénation de l’homme par les richesses vient entre autre de la peur de manquer. Dans ce cas, c’est donc fondamentalement un problème de foi.

    Nous vivons dans « une culture de la peur et de la méfiance : la peur de perdre ses propres biens et la sécurité matérielle dont on jouit, et la peur du prochain que l'on ne connaît pas. » Ainsi, « Les craintes ressenties pour notre propre bien-être ont étouffé le souci du bien-être du prochain. »

    Remarquez que la prodigalité (la dissipation des biens en libéralités excessives, en dépenses déraisonnables), l'épargne excessive sont des manifestations inverses de l'aliénation de l'homme par les richesses.

    Mammon ne règne pas seulement sur les riches. Il exerce un puissant attrait sur les pauvres par la convoitise et l'admiration envieuse.

    Ce pouvoir spirituel détruit l'humanité de l'homme, enferme dans l’égoïsme et le matérialisme.

    4 - L'EMPLOI DES BIENS MATERIELS - LE MINISTERE DU RICHE

    Conséquence de l'amour devant unir tous les hommes, les biens de ce monde devraient être utilisés pour l'entretien et la vie de toute l'humanité. Il devrait y avoir une circulation ininterrompue des richesses les uns vers les autres. Malheureusement, le péché a entraîné l'égoïsme, l'avarice, la cupidité et l'accaparement.

    Voici un verset qui illustre la circulation des biens : Proverbes 11 : 26 « Celui qui retient le blé est maudit du peuple, Mais la bénédiction est sur la tête de celui qui le vend. »

    L'enseignement de Jésus insiste sur la destination des richesses au service du prochain.

    Ainsi, laisser les richesses n'est pas une vertu en soi. Jésus ne demande pas à l'homme riche (Marc 10 : 20) de se débarrasser de ses biens mais de les vendre et de donner le produit de la vente aux pauvres. Pour Calvin, la pauvreté volontaire n'a aucune valeur religieuse (Rupture avec la théologie médiévale issue de Saint François d'Assise).

    La destination des biens est le service d'autrui.

    Ephésiens 4 : 28 : " Que le voleur cesse de dérober ; qu'il se donne plutôt de la peine et travaille honnêtement de ses mains pour qu'il ait de quoi secourir ceux qui sont dans le besoin. "

    2 Corinthiens 8 : " 13 Il n'est pas question de vous réduire vous-mêmes à l'extrémité pour que d'autres soient soulagés, il s'agit simplement de suivre le principe de l'égalité. 14 Dans la circonstance présente, par votre superflu, vous pouvez venir en aide à ceux qui sont dans le besoin. Aussi, par leur superflu, ils pourront un jour subvenir à vos besoins. Ainsi s'établit l'égalité, 15 suivant cette parole de l'Écriture : Celui qui avait ramassé beaucoup de manne n'en avait pas de trop, et celui qui en avait ramassé peu ne manquait de rien. "

    Les riches sont ceux à qui Dieu confie des biens en surcroît : Ils sont chargés d'être les dispensateurs de Dieu auprès de ceux qui ont le moins de ressources.

    Les riches sont les " ministres des pauvres ". C'est par leur intermédiaire que Dieu veut subvenir à leurs besoins.

    La fonction divine du riche est de donner. Et c'est la fonction de tout homme car nous sommes tous le riche de quelqu'un, car nous avons tous reçu une part des biens de Dieu !

    Bien sûr, plus nous sommes riches, plus notre responsabilité est importante.

    Citation : « Savoir ce que je ferai d’un million d’euros est sans importance. Ce qui est important, c’est ce que je vais faire des vingt euros qui sont dans ma poche… ou des mille euros qui sont sur mon compte en banque. »

    Il n'y a aucun problème à être riche si les richesses sont reçues comme un don de Dieu, destinées à pourvoir aussi bien à nos besoins qu'à celui d'autrui.

    Ceux qui vivent dans la foi trouvent toujours de quoi donner à leur prochain, tandis que ceux qui sont asservis aux richesses n'en ont jamais assez pour satisfaire leurs besoins.

    Une parenthèse nécessaire sur le partage, la générosité et la culture du don.

    On ne lutte pas contre la haine en chassant l’ « esprit de haine » mais en semant l’amour. De même, on ne lutte pas contre la cupidité en chassant un quelconque « esprit de cupidité » mais en semant la générosité et le partage.

    Notre début de XXIème siècle est marqué par la culture de l’avoir. Développons une contre-culture : celle du don.

    N’oublions pas que, si nous sommes généreux, c’est que Dieu L’est car Il nous communique Sa nature. De plus, il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Il n’est donc pas concevable de devenir calculateurs, de devenir des « spéculateurs spirituels » qui misent sur la générosité (ou l’offrande) comme d’autres misent sur les actions boursières ; et cela, même si la générosité est porteuse de promesses – « celui qui sème abondamment moissonnera abondamment. » (2 Corinthiens 9 : 2) –.

    Il n’est pas de dons qui soient utilitaires ou qui soient intéressés. Un don intéressé n’est pas un don mais un investissement.

    5 - LE MYSTERE DU PAUVRE

    Le pauvre est une victime du désordre économique, résultat du péché des hommes - et du sien parfois -.

    Pour comprendre le " mystère du pauvre ", lisons Matthieu 25: 34-45 : " Après quoi, le roi dira … " Venez, vous qui êtes bénis par mon Père… 35 Car j'ai souffert de la faim, et vous m'avez donné à manger. J'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire. J'étais un étranger, et vous m'avez accueilli chez vous. 36 J'étais nu, et vous m'avez donné des vêtements. J'étais malade, et vous m'avez soigné. J'étais en prison, et vous êtes venus à moi. " 37 Alors, les justes lui demanderont : " Mais, Seigneur, quand t'avons-nous vu… ? " 40 Et le roi leur répondra : " Vraiment, je vous l'assure : chaque fois que vous avez fait cela au moindre de mes frères que voici, c'est à moi-même que vous l'avez fait. "

    Selon Calvin, Jésus fait un honneur inestimable aux pauvres en les nommant ses frères. Il s'identifie à eux. Ils deviennent les ambassadeurs, les " receveurs de Dieu ". A travers eux, Dieu vient à notre rencontre pour éprouver notre foi, notre amour et notre libéralité.

    Une remarque à propos de l’expression « au moindre de mes frères » du verset 40 : Selon certains, il s’agirait de frères de Jésus en humanité. Cependant, selon d’autres, la parabole fait référence au fait de s’occuper de ceux qui suivent Jésus et elle ne devrait pas être comprise dans un sens trop large.

    Ceci étant, il nous est dit très clairement qu’il incombe à l’humanité d’être responsable les uns des autres (alliance de Noé : Genèse 9 : 1-17) : « Je demanderai compte à chaque homme de la vie de son semblable. Si quelqu’un répand le sang d’un homme, son sang à lui doit être répandu par l’homme, car Dieu a fait l’humanité à son image » (v.5-6). Cela nous amène à l’importance de l’humanité faite à l’image de Dieu […] Comme l’a écrit un homme politique africain : « Je crois que Dieu a fait l’homme à son image. Je refuse de croire à un Dieu qui est aveugle, affamé et illettré. »
    (Cette remarque est une reprise partielle du document : « Une approche biblique de la mondialisation » publié sur le site ChristNet  - page 39 

    Et puis, il y a cette question : « Qu’as-tu fait de ton frère ? »… (Selon Genèse 4) ) « Comment résonne aujourd'hui cette interrogation de toujours ? Que fait-elle entendre dans le contexte d'une société postmoderne en crise ? À quoi appelle-t-elle ? »
    (Source : Conférence 2009 des « Semaines Sociales de France » donnée par Etienne GRIEU sur le thème « Qu’as-tu fait de ton frère ? » 

    Le Seigneur n'a pas besoin de nos biens. " Il veut qu'on emploie envers les pauvres ce qu'on voudrait lui offrir. "

    C'est dans cette optique, que Calvin interprète le verset: " Vous avez toujours les pauvres avec vous, mais vous ne m'avez pas toujours. " (Jean 12 : 8) : Nous n'avons plus Jésus physiquement avec nous. Nous ne pouvons donc plus lui offrir quoi que ce soi, sinon donner au pauvre, son représentant, qui sera toujours avec nous.

    Proverbes 19 : 17 : " Celui qui a pitié du pauvre, prête à l'Eternel qui le lui revaudra. "

    Si les richesses terrestres renvoient à celles du royaume de Dieu, le pauvre renvoie à Christ, au dépouillement et à la souffrance qu'il a endurés : 2 Corinthiens 8 : 9 : " Car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, qui pour vous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis. "

    Par l'incarnation en Jésus-Christ, Dieu s'est lié aux déshérités. Toucher au pauvre, lui nuire, ne pas le secourir, c'est attenter à Dieu lui-même.

    Le pauvre doit être respecté, non seulement à cause de lui-même - il pourrait être antipathique - mais à cause de ce qu'il représente, à cause de sa fonction spirituelle.

    Toutefois, la qualité de pauvre ne confère aucun mérite spirituel. Il ne suffit pas d'être pauvre matériellement pour avoir l'esprit de pauvreté que Dieu requiert de tout homme, c'est-à-dire avoir renoncé à l'orgueil. « On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bien; Et ce que l'Éternel demande de toi, C'est que tu pratiques la justice, Que tu aimes la miséricorde, Et que tu marches humblement avec ton Dieu. » (Michée 6 : 8)

    Le culte de la réussite et celui de la performance amènent aujourd’hui le mépris du pauvre.
    Ce mépris, on en est attristé en lisant le dernier livre de Florence Aubenas « Le quai de Ouistreham ». Certaines pages ressemblent à du Zola tant est grande la précarité sociale que la journaliste décrit.

    Si « celui qui traite son prochain avec mépris est un insensé » (Pr 11 : 12) et « commet une faute » (Pr. 14 : 21), « opprimer le pauvre ou se moquer de lui, c'est outrager son Créateur » (Pr 14 : 31 et 17 : 5), lui fermer son oreille, c’est risquer de crier soi-même et de ne pas avoir de réponse (Pr 31 : 13).

    Tout au contraire,  avoir pitié de l’indigent, c’est honorer son Créateur (Pr. 14 : 31) et « Heureux celui qui se soucie du pauvre (qui le comprend, qui s’intéresse à lui). S'il est dans le malheur, l'Éternel le délivre, l'Éternel le protège et préserve sa vie : il le rend heureux sur la terre et ne le livre pas au pouvoir de ses ennemis. » (Ps 41 : 2-3)

    Rappelons ici un texte bien connu au chapitre 58 du livre d’Esaïe : « 6 Voici le jeûne auquel je prends plaisir : Détache les chaînes de la méchanceté, Dénoue les liens de la servitude, Renvoie libres les opprimés, Et que l'on rompe toute espèce de joug ; 7 Partage ton pain avec celui qui a faim, Et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile ; Si tu vois un homme nu, couvre-le, Et ne te détourne pas de ton semblable. 8 Alors ta lumière poindra comme l'aurore, Et ta guérison germera promptement; Ta justice marchera devant toi, Et la gloire de l'Éternel t'accompagnera. 9 Alors tu appelleras, et l'Éternel répondra ; Tu crieras, et il dira : Me voici ! Si tu éloignes du milieu de toi le joug, Les gestes menaçants et les discours injurieux, 10 Si tu donnes ta propre subsistance à celui qui a faim, Si tu rassasies l'âme indigente, Ta lumière se lèvera sur l'obscurité, Et tes ténèbres seront comme le midi. 11 L'Éternel sera toujours ton guide, Il rassasiera ton âme dans les lieux arides, Et il redonnera de la vigueur à tes membres; Tu seras comme un jardin arrosé, Comme une source dont les eaux ne tarissent pas. 12 Les tiens rebâtiront sur d'anciennes ruines, Tu relèveras des fondements antiques; On t'appellera réparateur des brèches, Celui qui restaure les chemins, qui rend le pays habitable… »

    Si nous sommes tous le riche de quelqu’un, nous devons tous avoir le cœur du pauvre car tous, nous recevons de Dieu pour nos biens.

    Je vous soumets le tableau suivant. Il ne s’agit nullement de condamner les « riches au plan matériel » mais d’avertir les riches « en esprit ».

    « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux » (Matthieu 5 : 3)

    « Heureux vous qui êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous ! » (Luc 6 : 20)

    « Mais, malheur à vous, riches, car vous avez votre consolation ! » (Luc 6 : 24)
    Les pauvres connaissent leur besoin de rédemption et reconnaissent ce qui leur manque. Les riches ne connaissent pas leur besoin de rédemption et se voient d’un œil complaisant.
    Les pauvres connaissent leur dépendance de Dieu mais aussi leur interdépendance les uns des autres. Les riches cherchent à être indépendants.
    Les pauvres placent leur sécurité non sur des choses mais sur des personnes. Les riches placent leur sécurité dans des systèmes et des institutions (L’Etat…).
    Les pauvres n’exagèrent pas le sens de leur importance. Les riches se font valoir par leurs titres et leurs réalisations.
    Les pauvres attendent peu de la compétition et beaucoup de la coopération. Les riches ont besoin de se faire briller dans un monde de compétition. La coopération est menaçante pour leur égo ou leur succès personnel.
    Les pauvres peuvent distinguer les biens de nécessité des biens de luxe. Les riches n’apprécient plus le luxe comme un moment d’exception, ils prennent cela comme un du et manquent de reconnaissance.
    Les pauvres peuvent attendre, car ils ont acquis une patience forgée par l’habitude de ne pas être prioritaires. Les riches ne supportent pas d’attendre, car leur statut est à leurs yeux un passe-droit infaillible.
    Les craintes des pauvres sont plus réalistes et moins exagérées, car ils savent que quelqu’un peut endurer de grandes souffrances et tenir bon. Les riches craignent la moindre épreuve et amplifient les contrariétés rencontrées dans leur quotidien, car leur bonheur repose sur des bases fragiles.
    Quand les pauvres entendent l’Evangile, il résonne comme une bonne nouvelle et non comme une sanction ou une menace. Quand les riches entendent l’Evangile, il résonne comme une menace à leur bien-être et perce comme un aiguillon dans leur conscience.
    Les pauvres peuvent répondre à l’appel de l’Evangile et s’abandonner, car ils n’ont pas grand-chose à perdre. Il est difficile à un riche d’entrer dans le royaume des cieux, car il calcule ce que ça lui coûtera et non ce qu’il gagnera.

    (D’après Monica Hellwig (Source : http://www.philippejoret.com/2010/06/01/un-coeur-de-pauvre-pour-etre-riche/ )

    6 - L'ORDRE ECONOMIQUE SELON DIEU

    Dans l'ordre économique selon Dieu, la pauvreté devrait être passagère. Il devrait y avoir une circulation ininterrompue, une communication des biens par amour et libéralité, dans l'harmonie et dans l'équilibre et aussi, bien sûr, par les échanges commerciaux.

    Le riche ne devrait l'être que de façon relative en subvenant aux besoins des pauvres et le pauvre ne devrait l'être que de façon passagère.

    L'Eglise est cette communauté où doit se réaliser spontanément et partiellement de justes rapports sociaux. En dehors de l'Eglise, c'est l'ordre politique qui doit régler l'économie.

    L'Eglise doit donc adopter un " style de vie prophétique ", annoncer par les actes de ses membres, l'ordre social du royaume de Dieu.

    7 - L'ACCAPAREMENT

    Disons-le clairement : la fracture sociale est le résultat du péché. De même l'accaparement. En effet, la richesse ne peut appartenir exclusivement à un individu, ni à un groupe restreint de personnes.

    Quant le riche refuse au pauvre ce qui lui est dû, c'est du vol puisque c'est une rétention de la part que Dieu voulait lui procurer.

    Dans le même ordre d'idée, pensons aux israélites dans le désert : ceux qui avaient caché de la manne par convoitise ou par peur de manquer, voyaient cette manne pourrir. Ainsi, des richesses amassées aux dommages de nos frères est-il une malédiction.

    Esaïe 5 : 8-9 : " Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, Et qui joignent champ à champ, Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'espace, Et qu'ils habitent seuls au milieu du pays ! 9 Voici ce que m'a révélé l'Éternel des armées : Certainement, ces maisons nombreuses seront dévastées, Ces grandes et belles maisons n'auront plus d'habitants. "

    La thésaurisation est une corruption de la vie économique ainsi que la spéculation.

    Comme les prophètes de l'ancien testament, Calvin, s'est élevé contre l'oppression des pauvres, contre la complicité des pouvoirs publics avec les puissances d'argent.

    8 - POUR TERMINER CE THEME…

    Chez Calvin, il y a un refus de rendre objectifs les biens matériels. Ou ils sont un instrument de la grâce, ou ils sont un instrument du mal. Autrement dit, la richesse n'a pas de valeur neutre.

    Les limites du droit d'usage des biens sont marquées par le droit d'autrui et par le devoir de servir la société. La richesse n'est légitime que si elle est mise au service de ceux qui en manquent. « À quoi croyons-nous, à la fraternité ou l’argent ? »

    Evitons deux dangers : un trop grand attachement à l'abondance et une trop grande crainte des privations. Le chrétien doit pouvoir supporter l'une et l'autre avec le même détachement.

    Ressources utilisées

    La pensée économique et sociale de Jean Calvin

    André Bieler - La pensée économique et sociale de Calvin (GeorG Editeur)

    Quatrième de couverture

    L'aube des temps modernes, le début de la grande révolution économique, sociale, morale et religieuse qui a transformé l'Occident jusqu'à nos jours, c'est le XVIe siècle. Dans quelle mesure la Réformation a-t-elle été activée par les bouleversements économiques et sociaux ? Et quelles mutations radicales le calvinisme a-t-il à son tour apportées aux activités économiques ?

    Telles sont les grandes questions, essentielles pour la compréhension de notre temps, auxquelles l'auteur répond dans la première partie de cet ouvrage. La seconde est consacrée à l'étude de la doctrine de Calvin. Quelle est sa pensée sur la propriété, le travail, le salaire, le commerce, l'argent, le prêt à intérêt, la banque, la spéculation ? Quel rôle économique attribue-t-il à l'Etat et comment envisage-t-il la production, l'acquisition, la distribution et l'usage des richesses ? D'utiles comparaisons sont faites avec les doctrines économiques modernes et celles des principaux auteurs chrétiens. Un chapitre richement documenté est consacré à l'influence de Calvin sur le développement du capitalisme et de la société industrielle occidentale.

     

     Saint François d'Assise - Le retour à l'évangile. Eloi Leclerc. Ed. Desclée De Brouwer. © 1981

    Quatrième de couverture

    Le retour à l'Évangile, tel que l'a vécu François d'Assise, demeure, pour l'Église, une expérience exemplaire de renouveau et de rajeunissement.
    Le secret de cette réussite est à rechercher sans doute dans la sainteté de cet homme, toujours prêt à écouter la Parole de Dieu et à la mettre en pratique. Mais il réside aussi dans le fait que ce fils de marchand et des communes du Moyen Âge portait, dans sa riche nature, toutes les aspirations de son temps. En lui s'est réalisée une merveilleuse rencontre de l'Évangile et de l'histoire des hommes.
    L'expérience évangélique de François coïncide, en effet, avec un changement de société. Les communes, en s'affranchissant du pouvoir féodal, aspiraient à former une association de citoyens libres et égaux. Bien vite cependant, cet idéal se heurtait à la passion de l'argent, très forte en ce milieu de marchands et qui réintroduisait dans le nouvel ordre social les inégalités et les violences. C'est alors que François découvrit dans l'Évangile le chemin d'une authentique communauté humaine.
    Ainsi, il créa une fraternité immense où les sèves montantes de son époque purent s'épanouir en une véritable croissance humaine. L'ouvrage du père Eloi Leclerc met en lumière cet aspect dynamique de la démarche évangélique de François en montrant les racines économiques et sociales d'une expérience spirituelle. Cet ouvrage - illustré de douze planches couleurs - rend le Pauvre d'Assise encore plus proche et plus actuel ; il nous conduit à réfléchir sur ce que pourrait être aujourd'hui un retour à l'Évangile.
     

    Capitalisme et christianisme

     Capitalisme et Christianisme - 2000 ans d'une tumultueuse histoire - Didier LONG - Bourin Editeur - © 2009

    Quatrième de couverture

    Né dans les années 80, l’hypercapitalisme s’écroule sous nos yeux. Enrichissant les riches et ne laissant aux pauvres que les miettes du festin, il fonctionnait sur un espoir d’hyperconsommation des classes moyennes. La vie à crédit devait financer la bulle. Le crack de 2008, brusque retour à la réalité, a brisé ce rêve.

    Il n’est pourtant pas inévitable que la « Civilisation du capitalisme » se termine dans le chaos. Cette civilisation a une histoire. Née du rêve d’égalité des citoyens d’Athènes, elle fusionne avec le christiannisme et apparaît concrètement dans les monastères au moyen âge. Ces World Companies seront les premières sociétés de production capitalistes. Au XIIIe siècle, les ordres mendiants nés avec les villes en pleine expansion, seront les premiers théoriciens de l’économie moderne, réfléchissant à la manière de mettre la richesse au service du bien commun. La révolution industrielle portée par l’ « esprit du capitalisme » de la Réforme, la liberté d’entreprendre et les Lumières poursuivra cet élan. L’idéal de liberté, d’égalité et de fraternité chrétienne est donc fondateur de la Civilisation du capitalisme. Sans le judéo-christianisme ces valeurs n’existeraient pas.
    A la lumière de cette histoire, la cupidité et le cynisme n’ont rien à voir avec l’hypercapitalisme. Il n’en est que la perversion. Si nous voulons sauver la démocratie et réinventer un capitalisme à visage humain, nous devons donc répondre à une seule question : « A quoi croyons nous ? ». La fraternité ou l’argent ?
    Né dans les années 80, l’hypercapitalisme s’écroule sous nos yeux. Enrichissant les riches et ne laissant aux pauvres que les miettes du festin, il fonctionnait sur un espoir d’hyperconsommation des classes moyennes. La vie à crédit devait financer la bulle. Le crack de 2008, brusque retour à la réalité, a brisé ce rêve.

    Il n’est pourtant pas inévitable que la « Civilisation du capitalisme » se termine dans le chaos. Cette civilisation a une histoire. Née du rêve d’égalité des citoyens d’Athènes, elle fusionne avec le christiannisme et apparaît concrètement dans les monastères au moyen âge. Ces World Companies seront les premières sociétés de production capitalistes. Au XIIIe siècle, les ordres mendiants nés avec les villes en pleine expansion, seront les premiers théoriciens de l’économie moderne, réfléchissant à la manière de mettre la richesse au service du bien commun. La révolution industrielle portée par l’ « esprit du capitalisme » de la Réforme, la liberté d’entreprendre et les Lumières poursuivra cet élan. L’idéal de liberté, d’égalité et de fraternité chrétienne est donc fondateur de la Civilisation du capitalisme. Sans le judéo-christianisme ces valeurs n’existeraient pas.

    A la lumière de cette histoire, la cupidité et le cynisme n’ont rien à voir avec l’hypercapitalisme. Il n’en est que la perversion. Si nous voulons sauver la démocratie et réinventer un capitalisme à visage humain, nous devons donc répondre à une seule question : « A quoi croyons nous ? ». La fraternité ou l’argent ?

     

     

     "Economie de communion : Des entreprises osent le partage" de Mouvement des Focolari

    Quatrième de couverture

    Cet ouvrage présente les réalisations de l'économie de communion. Ce projet lancé par la fondatrice des Focolari, Chiara Lubich, au Brésil, s'est vite concrétisé sur tous les continents et entraîne désormais 750 entreprises dans un partage d'une partie de leurs bénéfices avec des personnes dans le besoin, dans un véritable esprit de communion.
    Née au sein du Mouvement des Focolari, cette réalisation encore à ses débuts est pourtant déjà reconnue par de nombreux spécialistes comme une voie d'avenir pour l'économie mondiale. Le livre présente aussi bien l'aventure d'une quinzaine de ces entreprises que des exposés qui font comprendre les fondements de l'économie de communion.
    Ce livre a été réalisé par l'ONG Humanité Nouvelle, expression du Mouvement des Focolari dans les domaines économique, social et culturel. José et Chantal Grevin en ont coordonné les différentes contributions.

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  • Commentaires

    1
    vision3210
    Lundi 21 Juin 2010 à 12:09
    Bonjour Alain, En réaction à ton message de ce matin du 20 juin 2010, je voudrais ajouter ceci : Au départ de toute chose (Genèse 1 : 24), Dieu établit les règles de sa gouvernance et selon celle-ci, la terre doit produire son fruit et de proche en proche tout le reste de la création. Mais le péché, comme tu le faisais si bien remarquer, a modifié la donne en proposant un autre modèle d’abords par le fruit du jardin (Genèse 2 : 17) qui n'obéissait plus aux critères de Dieu. Ensuite, le péché généralisé dans la création de Dieu va entrainer l'homme dans la perte de sa position parce que le modèle de Dieu à été rejeté et l'homme, dans un premier temps (Genèse 3 : 17-18) doit travailler pour vivre et plus tard le travail deviendra problématique parce que dans Genèse 4 : 11 le travail ne garantit plus le retour sur investissement à l'homme. En conclusion : la désobéissance à Dieu est la racine des problèmes financiers et économiques de l'homme parce que le modèle économique de Dieu est simple, il prend soin de sa création depuis l'homme jusqu'à la matière afin d'être pour tous le même Dieu qui règne sur toute sa création. A lui la gloire Amen.
    2
    Christ Hope
    Mercredi 23 Juin 2010 à 20:08
    A propos d'écologie chrétienne, et toujours pour insister, à temps ou à contre-temps, sur la radicalité et l'exigence de l'engagement chrétien, voici ce que Jean-Paul II écrivait dans Sollicitudo rei socialis, pour fêter Populorum Progressio de Paul VI:

    26[...] Il est juste de reconnaître l'effort de gouvernants, d'hommes politiques, d'économistes, de syndicalistes, de personnalités de la science et de fonctionnaires internationaux -dont beaucoup s'inspirent d'une foi religieuse (note Christ Hope: mais pas tous, justement!)-, pour porter généreusement remède, non sans de nombreux sacrifices personnels, aux maux du monde, et pour s'employer, avec tous les moyens possibles, à ce qu'un nombre toujours plus grand d'hommes et de femmes puissent jouir du bienfait de la paix et d'une qualité de vie digne de ce nom.

    31[...] C'est ainsi que fait partie de l'enseignement et de la pratique la plus ancienne de l'Eglise la conviction d'être tenue par vocation -elle-même, ses ministres et chacun de ses membres- à soulager la misère de ceux, proches ou lointains, qui souffrent, et cela non seulement avec le "superflu" mais aussi avec le "nécessaire". En cas de besoin, on ne peut donner la préférence à l'ornementation superflue des églises et aux objets de culte précieux; au contraire, il pourrait être obligatoire d'aliéner ces biens pour donner du pain, de la boisson, des vêtements et une maison à ceux qui en sont privés. (par exemple Jean Chrysostome, evang S Matthaei hom 50, 3-4; Ambroise, de officiis ministrorum; Possidius, vita s augustini episcopi). Ici, comme on l'a déjà noté, nous est indiquée une "hiérarchie des valeurs"-dans le cadre du droit de propriété- entre l'avoir et l'"être", surtout quand l'"avoir" de quelques-uns peut se révéler dommageable pour l'"être" de beaucoup d'autres. Dans son encyclique, le Pape Paul VI se tient dans la ligne de cet enseignement...
    Pour ma part, je voudrais encore insister sur sa gravité et son urgence, en demandant au Seigneur d'accorder à tous les chrétiens la force de passer fidèlement à l'application pratique à l'image du choix de vie de François d'Assise.

    Au numéro 36 de l'encyclique sollicitudo rei socialis, il rappelle son exhortation apostolique de 1984, Econciliatio et paenitentia où il écrivait: "or, quand elle parle de situations de péché ou quand elle dénonce comme péchés sociaux certaines situations ou certains comportements collectifs de groupes sociaux plus ou moins étendus, ou même l'attitude de nations entières et de blocs de nations, l'Eglise sait et proclame que ces cas de péché social sont le fruit, l'accumulation et la concentration de nombreux péchés personnels. Il s'agit de péchés tout à faits personnels de la part de ceux qui suscitent ou favorisent l'iniquité, voire l'exploitent; de la part de ceux qui, bien que disposant du pouvoir de faire quelque chose pour éviter, éliminer ou au moins limiter certains maux sociaux, omettent de le faire par incurie, par peur, par complaisance devant la loi du silence, par complicité masquée ou par indifférence; de la part de ceux qui cherchent refuge dans la prétendue impossibilité de changer le monde; et aussi de la part de ceux qui veulent s'épargner l'effort ou le sacrifice en prenant prétexte de motifs d'ordre supérieur. les vraies responsabilités sont donc celles des personnes. Une situation -et de même une institution, une structure, une société- n'est pas, par elle-même, sujet d'actes moraux; c'est pourquoi elle ne peut être par elle-même bonne ou mauvaise".

    L'ensemble du propos se résume à deux caractères comportementaux me semble-t-il: radicalité et sévérité, envers soi-même d'abord, envers les autres ensuite. Qui n'a jamais dit ou été tenté de dire quelque chose comme "c'est pas ma faute, c'est l'ordi qui a fait un bug". Dernier coup en date pour ma pomme, l'agent GDF pour 750 euros environ de factures de gaz d'un coup!

    Nous sommes donc appelés à la conversion, en permanence, et il est toujours bon de le souligner. JPII la définissait ainsi dans l'encyclique citée: "cette conversion désigne précisément une relation à Dieu, à la faute commise, à ses conséquences et donc au prochain, individu ou communauté".
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