• Réflexions sur la famille et l’institution du mariage

    Un article d'Eric LEMAITRE avec la participation d'Alain LEDAIN
    ( L'image est une carte virtuelle créée par TopChrétien.com)

    Jamais les ruptures conjugales n’ont autant progressé en quelques décennies. Le mariage fait-il encore sens alors que paradoxalement, il le ferait pour ceux qui jusqu’à ce jour avaient été exclus de l’union civile ? Force est de constater une déconstruction de la conjugalité, du sens que l’on donne à la dimension du mariage à travers ses trois dimensions : fidélité, filiation et mystère. Or, face aux transformations sociales, sociétales, économiques et même idéologiques qui impactent la dimension du mariage, il nous semble pertinent de s’interroger de nouveau sur le sens, l’origine – non dans sa dimension historique et culturelle (son origine est romaine) –, et davantage encore sur la vocation spirituelle du couple, de son union, de l’unité d’un homme et d’une femme dans leur rencontre humaine, spirituelle, charnelle.

    Les origines divines du mariage

    Socialement, l’homme est un être communautaire : nous sommes faits pour bâtir, construire, établir des relations avec les autres, tisser des liens ; nous sommes faits pour aimer.

    Pour nous chrétiens, la nature des relations est d’essence divine. Elle est en premier lieu le reflet de la nature trinitaire, elle est l’expression, à travers cette unité, de l’accord parfait, de l’amour.

    Ainsi le projet divin fut de créer une dimension relationnelle et chaque fois que nous vivons des ruptures avec les autres, nous fragilisons une qualité de relation spirituelle à laquelle nous avons été appelés dès l’origine de la création. Cette qualité relationnelle à vivre est rappelée dans les évangiles et l’épître de Jean. « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13 : 34) « Bien-aimés, ce n'est pas un commandement nouveau que je vous écris, mais un commandement ancien que vous avez eu dès le commencement… sa nouveauté se manifeste vraiment en Christ… Celui qui aime son frère demeure dans la lumière… » (1Jn 2 : 7, 8, 10)

    Dans le jardin d’Eden, la relation principale de l’homme s’incarna avec Dieu. Ensuite, Dieu fit la première femme, un être ontologiquement semblable à l’homme mais sexuellement différent. Notons l’affirmation biblique relativement à la création du couple homme et femme « Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme.» (Gn 1 : 27)

    D’emblée, l’existence  du couple homme et femme devient le rapport à l’autre : je n’existe que dans le regard de l’autre, je n’existe qu’à travers la reconnaissance, l’affection que me porte l’autre et en réciprocité. « Il n'est pas bon que l'homme soit seul » (Gn 2:18) ; autrement dit, il n’est pas bon d’être isolé.  Au-delà de leur sexualité, l’homme et la femme se construisent dans l’entraide, dans leurs rapports respectifs, interdépendants et ne sauraient être isolés.

    En répliquant l’homme – le terme « répliqué » est emprunté à André Chouraqui –, la femme devient le révélateur de l’identité de l’homme : « Je lui ferai une aide qui soit son vis-à-vis. » (Gn 2 : 18) L’homme et la femme portent leurs présences respectives, ils sont intrinsèquement liés.

    Rappelons qu’en hébreu l’homme et la femme sont appelés Ish et Isha (ce qui signifie côte et à côté).  Les lettres qui forment les noms Ish et Isha sont constitués des lettres qui forment le tétragramme – les initiales – de Dieu à savoir IHVH ou YHWH…

    En donnant ainsi une partie de Son Nom à l’Homme, Dieu lui transmet son caractère, son empreinte. Cette empreinte proclame une alliance spirituelle faite avec l’humanité. L’Homme a été scellé  spirituellement : il est le signe et la manifestation du caractère de Dieu en lui, de l’alliance avec Dieu. Dans tout l’univers, Dieu a choisi l’Homme qui est à son image, à sa ressemblance (Gn 1 : 26-27) ; ce qui doit, au plus profond de nous-mêmes, nous interpeller et susciter une dimension qui touche au sens.

    Pour prolonger l’image de la femme issue de la côte de l’homme,  Eve a été créée à côté de l’homme. Littéralement, dans le texte hébreu il est écrit que la femme est à côté de l’homme. Un vis-à-vis en d’autres termes. Adam et Eve forment ainsi la première unité relationnelle, la première unité sociale de la création.

    Cette unité en Dieu révèle tout le plan divin. L’amour devient parfait quand Dieu est totalement associé : « La corde à trois fils ne se rompt pas facilement. » (Ec 4 : 12).

    Le sens du mariage

    L’amour parfait du Créateur fut de songer à l’homme dans la relation avec un autre lui-même : « Il n'est pas bon que l'homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui. » (Gn 2 : 18) Sinon la femme, rien ne convient à l'homme dans l’univers créé par Dieu… Tant l’homme que la femme ne serait « complet » sans cette « côte » retirée à l'un pour façonner l'autre.

     Cette dimension de plénitude souligne le mystère de l’union entre un homme et une femme, un mystère que rappelle magnifiquement Jean-Paul II : « Quand ils s'unissent (dans l'acte conjugal) de manière si intime qu'ils en deviennent ‘une chair’, l'homme et la femme redécouvrent chaque fois, et d'une façon particulière, le mystère de leur création. Ils retournent ainsi à cette union en humanité (‘os de mes os et chair de ma chair’) qui leur permet de se reconnaître l'un l'autre et, comme la première fois, de s'appeler par leur nom. Ainsi ils revivent d'une certaine manière la valeur virginale originelle de l'homme, qui vient de leur solitude devant Dieu et dans la création. » (Théologie du corps – Jean-Paul II)

    « Os de mes os et chair de ma chair » (Gn 2 : 23) n'a d'autre fin que de signifier l'unité du couple humain, partageant sans ambiguïté une communauté de partage, une commune identité (la même « chair »). Ce texte n’est absolument pas la justification de l'infériorité et de la subordination de la femme à l'homme. Il souligne au contraire l'impossibilité de séparer l’homme et la femme, attestée par leur nom respectifs, Ish et Isha en hébreu. Homme et femme sont indissociables, forment le seul couple légitime voulu par Dieu. Légitime car, intrinsèquement formé, le couple est porteur de vie. L’accouplement transmet la vie, assure la pérennité de l’espèce. La modernité tardive qui rêve d’un enfant né hors du ventre de sa mère n’y changera rien…

    La famille ne fait plus sens pour la société   

    Au cours de quelques décennies, le lien familial a été fortement modifié par de profondes transformations sociales.

    Les transformations sociales opérées depuis plusieurs décennies posent en réalité  une problématique consumériste : celle de l'évolution marchande de la société. Cette évolution est poussée à son paroxysme, crée des dysfonctionnements bien réels qui poussent les hommes et les femmes au désir exacerbé de toujours consommer davantage. Nous ne consommons plus pour vivre mais nous vivons pour consommer.

    Nous avons cru à une nouvelle forme de libération mais en réalité, nous subissons le totalitarisme du marketing.

    Le système marchand aspire à la liberté mais seules les règles du marché sont appelées à régner et transforment cette liberté en addictions, en nouvelles servitudes, en dépendance à la consommation. La crise abyssale, qui est bien plus qu’une crise économique, devrait nous conduire à réfléchir et à reposer les fondements d’une existence qui ne soit pas fondée que sur les seules règles du marché bâtissant des miroirs aux alouettes.

    Paradoxalement, au lieu d’enrichir les revenus du foyer, les contraintes sociales et le désir de consommer toujours plus ont conduit à vivre à crédit, à s’endetter toujours plus, à provoquer le délitement et l’affaissement du couple. La désolidarisation du couple s’est concomitamment engagée avec le désir d’indépendance de la femme poussée par l’envie de se réaliser, et parfois de conquérir le pouvoir matriarcal. Il est vrai que les femmes ont été trop longtemps considérées comme des créatures inférieures ou comme des enfants, ce qui est aberrant au regard de la pensée biblique !

    Avec la féminisation de la société, la marchandisation et les lois du marché, la revendication à l’indépendance a été exacerbée et a conduit inévitablement à l’éclatement de l’unité sociale du couple, engendrant la recomposition des foyers.

    La monoparentalité, issue de la fragilisation sociale,  est hélas souvent accompagnée d’une très grande précarité et d’une déstabilisation de l’enfant. Dans une situation de divorce, l’enfant est confronté aux problématiques anxiogènes liées à la disparition du lien affectif de ses parents. Ces situations anxiogènes sont rapportées par un grand nombre de pédopsychiatres. Ainsi le Docteur Hugues Desombre, pédopsychiatre au CHU de Lyon, indique que « les enfants dont les parents sont divorcés souffrent plus souvent de dépression. Comme tout enfant confronté à une perte, ils peuvent présenter des manifestations de dépression ou d'anxiété. »

    Certes, si l'importance des troubles exprimés dépend du climat familial qui précède la séparation, nul ne saurait affirmer que l’enfant n’est pas troublé par la rupture. La croissance et la construction épanouissantes de l’enfant sont incontestablement perturbées par la séparation, par l’effondrement du couple qui était le premier ‘élément repère’ au commencement de sa vie. Dans la vie d’adulte, les dégâts que cause la séparation s’installent, perdurent, créant d’autres souffrances qu’atténuent sans doute la rencontre parfois tardive d’une affection durable.

    La famille est d’autant plus stable, pérenne et féconde  que règne une  réelle complémentarité des rôles entre les hommes et les femmes. Pour exprimer cette pensée différemment : les fonctions et les rôles des hommes et des femmes clairement définies, clairement assumées, sans idée de subordination, garantissent la stabilité du couple.

    A l’inverse, la déstructuration de la famille s’est enclenchée dès lors que les solidarités au sein du couple se sont trouvées affaiblies avec les évolutions sociales, le bonheur matérialiste, l’activité marchande et consumériste. La conjugaison de tous ces facteurs ont effrité le lien familial, ont distendu la réalité de l’amour qui consent une part de sacrifice.

    Féminité et masculinité, des identités nécessaires et chahutées

    Un principe intangible existe et gouverne la création : la différence des sexes, la différence entre la masculinité et la féminité. Les rôles, les fonctions joués par l’homme et la femme devaient l’être en complémentarité et en solidarité, l’homme et la femme ayant été créés l’un à côté de l’autre, en vis-à-vis.

    Or, tentative est faite, sur un plan sociétal, d’introduire l’éducation unisexe niant la réalité des différences. Se trouve ainsi bousculé le mariage conçu comme l’union d’un homme et d’une femme. Les idéologies issues des « gender studies » participent à cette déconstruction sociale. La refondation de la civilisation autour d’autres repères est une folie pour le devenir même de l’humanité.

    Or la féminité et la masculinité sont des principes nécessaires à la construction de l’enfant, à la formation de sa personne dans une vision de l’acceptation de la différence. La différence se vit à travers les échanges ; la différence entretient un esprit fécond, fertile, créatif. L’uniformisation atténue sinon affaiblit les potentialités d’enrichissement. La différence sexuée participe de facto à cette construction de la masculinité et de la féminité, non en oppositions mais en rencontres nécessaires à notre humanité.

    L’épanouissement de l’enfant garçon ou fille se trouvent dans l’apprentissage progressif du respect et de la compréhension de l’autre, la compréhension de leurs différences, de leurs sensibilités respectives. L’éducation unisexe est une ineptie car elle déconstruit en réalité l’enfant.

    Empêcher l’enfant de se positionner en regard de son sexe biologique apparait être une absurdité sans nom. C’est bien pourtant ce que tente de faire ce que l’on nomme abusivement « études sur le genre ».

    Dès l’enfance, la personne homme ou femme se construit à travers l’altérité, à travers la différence et la complémentarité de ses parents. Très tôt, l’enfant reconnait et identifie le masculin et le féminin. C’est d’ailleurs ce que les ‘études’ du genre démontrent.

    Ainsi, culturellement, l’identification du masculin et du féminin, de l’altérité sexuée est la condition sine qua none de la construction, du développement harmonieux de la personnalité.

    Le processus de construction de l’identité de l’enfant participe de ses repères, façonne le regard de l’enfant sur la société, sur les hommes et les femmes qui la composent, la constituent. La première société à laquelle est confrontée l’enfant, ce sont bien ses parents.

    Or ce processus de construction semble aujourd’hui malmené à l’instar de cette citation que j’emprunte à Elisabeth BATINTER  qui pose une lecture clairvoyante sur les évolutions sociologiques : « l’ironie de l'histoire, alors que les femmes réclamaient des hommes plus doux, plus gentils, moins agressifs, elles-mêmes étaient encouragées à être des battantes et des conquérantes. Au moment même où on glorifiait la nouvelle guerrière, on décourageait l'homme d'en être un ». (Élisabeth Badinter, XY - De l'identité masculine, Odile Jacob © 1992 (p.215))

    C’est cet effet bascule qui pose aujourd’hui problème, un mouvement de balancier qui ne construit pas dans l’équilibre d’une rencontre de vis-à-vis « aimants » jouant des rôles différencies et nécessaires au développement harmonieux de l’enfant.

    Il n’est pas contestable que la société consumériste introduit un changement dans les rapports de l’homme et de la femme. Le narcissisme et l’individualisme induits par le consumérisme promeuvent outrancièrement leurs quêtes respectives du désir de s’accomplir, de se réaliser.Les idéologies et les croyances initiées par les « études sur le genre » tentent d’influer sur les repères et entendent les modifier structurellement, ouvrant demain une « boîte de Pandore ». En effet, il peut y avoir des effets de déréglages, de perturbations susceptibles de générer demain des conflits profonds au sein même de la société. Je pose là une hypothèse, je n'affirme rien…

    Ainsi, les idéologies construites à partir des études sur le genre ont pour enjeu de promouvoir l’interchangeabilité des rôles masculin et féminin : Une femme assure un rôle de père et un homme le rôle d'une mère – ce qui vient annihiler le principe de différence liée au sexe biologique. Selon les « gender studies », le sexe ne détermine pas l'identité qui est culturelle.

    Les « gender studies » visent à remettre en cause les fondements de nos sociétés dites « hétérocentrées » et de les substituer au concept d'interchangeabilité. Ce sont des idéologies de la déconstruction culturelle autour des identités masculine et féminine.

    Selon leurs promoteurs, les identités sexuées ne font plus sens, le postulat étant de faire valoir que les orientations choisies permettront de retrouver le père dans la mère et la mère dans le père. Ils légitiment de facto le mariage pour tous.

    Le non-sens posé par le mariage pour tous 

    Je cite ici Jean-Michel Castaing[3] dont le propos doit interpeller par la pertinence de son regard qu’il partage sur le « mariage pour tous » : « Le ‘mariage pour tous’ signale également le triomphe des spiritualités sauvages au sein du paysage religieux postmoderne. Notre civilisation, aussi matérialiste qu’elle se veuille, n’a pas congédié définitivement toute spiritualité. Le « mariage pour tous » nous apprend que celle-ci est désormais centrée sur les besoins changeants de l’individu. Ce n’est plus le sujet qui tourne autour de la Vérité, c’est maintenant le spirituel (assez nébuleux et malléable pour cela) qui est au service de mon « épanouissement ». Révolution copernicienne dont le « mariage pour tous » est un symptôme parmi d’autres. « L’épanouissement pour tous! » car « c’est mon choix » et que « je le vaux bien ». (Source : Article « Le mariage pour tous » : l’arme fœtale – 11 avril 2013 – Tribune libre de Jean-Michel Castaing – http://www.ndf.fr/poing-de-vue/11-04-2013/le-mariage-pour-tous-larme-foetale)

    Ainsi l’ouverture du ‘mariage à tous’  pose la question de sens du mariage et du coup questionne sur la pérennité même de son institution : dans la mesure où le mariage n’est plus défini par la sexualité différenciée, ni même par la filiation, on peut dire, comme le prônent certains intellectuels, que « la conjugalité ne renvoie plus à la seule dimension exclusive du couple. » C’est dès lors la fin du mariage qui est annoncée par la promulgation de la loi concernant le ‘mariage pour tous’. C’est l’ouverture d’une boite de Pandore élargissant la reconnaissance à la formation de nouveaux liens sociaux, amoureux et affectifs, dans leur multiplicité et leur complexité. Pourquoi devrait-on s’opposer à la polygamie ? Avec la Gestation Pour Autrui, on peut valablement imaginer trois mères pour l’enfant : la mère biologique et les mères adoptantes…

    Les évolutions sociétales nous renvoient à la lettre de Paul aux Romains qui évoque la dépravation résultant de l’idolâtrie, d’une forme d’amour de la créature (Rm 1 : 18-32). L’apôtre Paul prophétise le délitement d'une société gouvernée, non par la frugalité, mais par les lois du désir de consommer toujours plus.

    Mais faire la morale au monde ne sert pas à grand-chose. Il faut toutefois lui annoncer la vérité, à savoir le Christ.

    Je m'étonne cependant de la porosité des milieux chrétiens à embrasser certains courants idéologiques qui, sous couvert d’angélisme et de féminisme, abandonnent l'exigence évangélique qui n'est pas focalisée sur le désir à assouvir mais sur le don à offrir. Ce don est une orientation résolue vers la vie et la fuite de tout ce qui est mortifère, de tout ce qui ne donne pas la vie.

    Nous exhortons les jeunes gens à construire leur projet affectif sur la fidélité et la maîtrise de soi, à  développer, dans leur couple féminin et masculin, des sentiments partagés et respectueux.

    La sexualité est aujourd'hui dévoyée de sa finalité, un projet qui devrait s'inscrire pour la vie afin de donner la vie. Force est de reconnaître que la sexualité est devenue objet de consommation et non l'aboutissement d'un projet amoureux construit pour vivre ensemble et pour toujours. La sexualité devenue consommation, performance, mène à de nombreux désastres, dégâts, ruptures, tensions...

    Nous sommes animés par un désir fort d’exposer clairement nos positions et parfois, cela dérange ! La famille est un enjeu sociétal, or tout est fait pour la déconstruire. Ce combat pour la famille est légitime et je me félicite que beaucoup ne soient pas indifférents à ces enjeux et choisissent d'en défendre les fondements pour permettre à tout enfant de connaitre le même privilège d'avoir connu la figure paternelle et maternelle structurant son épanouissement.

    L'enfant déstabilisé l'est souvent lors de la recomposition de sa famille, des divorces, des ruptures... La famille doit devenir, sans nul doute, l'objet de l'enseignement des églises en regard de sujets tout aussi passionnants mais pas nécessairement primordiaux.

    Le sujet de la famille apparaît essentiel pour éviter de sombrer dans la société mortifère, consumériste et narcissique. Promouvons la famille. Elle est un refuge et le lieu de toutes les solidarités quand elle se vit dans l'unité. Puis l'église locale peut aussi être le lieu communautaire et réparateur en l'absence de famille ou lorsqu'on est confronté soi-même au choc de la séparation, de l'isolement.

    Conclusion

    Pour les LGBTI[2], quel est l'enjeu de la « loi ouvrant droit au mariage pour les personnes de même sexe » ? La normalisation d'un fait social et l'affichage libre de ses sentiments en société ? J'ose penser que ce n'est pas cette revendication qui est posée car ce serait le reflet d'une posture immature – posture au point de se battre sur une revendication qui serait à la même échelle que la fin de l'esclavage, alors que dans son ensemble, la société est entrée dans une phase de déstructuration, de délitement de l'institution du mariage, de n’y donner qu’un faible crédit.

    Alors je veux revenir au sens des mots, revenir à la dimension sémantique du mariage et à sa vertu. Que signifie donc le mariage dans une société où, à fortiori, ce mot ne fait plus beaucoup sens ?

    Se marier pourquoi ? Au fond c'est la question qui doit être également posée aux hétéros. Le mariage, selon Saint Augustin, revêt une dimension à la fois symbolique, charnelle et sociale. C'est sans doute Saint Augustin qui a su influer la valeur sémantique d'une union entre un homme et une femme, en faisant entrer le couple dans la dimension de la filiation (descendance), la fidélité (l'engagement), et finalement le mystère (faisant ici référence à l'union de Christ et de son Eglise).

    Le « mariage pour tous » se moque des valeurs judéo-chrétiennes, ne les embrasse nullement, ne les épouse pas et ne s'en revendique nullement. Alors pourquoi le mariage ? Les maux dont souffre notre société tiennent sans doute aux désirs effrénés, immodérés.  Le consumérisme, voilà la grande problématique ! Dans un monde pétri d'envies et d'égalitarisme, il faut réparer la différence en l'annihilant.

    René Girard, avec une vraie clairvoyance, a pointé la problématique du mimétisme. Selon ce philosophe, l'erreur est de concevoir la différence comme un problème, alors que la racine de tous les conflits, c'est plutôt la concurrence. Cette pensée est juste et caractérise cette volonté de réparer et de posséder les mêmes droits chez les lobbies LGBTI, de vouloir le mariage et les mêmes droits pour les couples homosexuels, une volonté inconsciente de concurrencer, de mimer.

    Si le législateur s'obstine de faire du mariage une affaire de droit et de sentiment en dehors de toute donnée anthropologique (qui est une vision quasi-universelle), il introduira de facto dans la cité, la ruine possible de l’identité cognitive et psychique de la famille ainsi que du devenir même et symbolique de la famille humaine, en prenant ce formidable risque social de fragiliser l'enfant et, à travers à lui, toutes les futures générations d’adultes.

    On le sait aujourd’hui, et toutes les études le montrent : quand une société est déstructurée, en manque de repères, quand une société démissionne, elle est facteur de troubles et de violences chez les enfants. J'ai travaillé sur le champ des familles monoparentales (études socio-économiques) ; c’est la sphère familiale que je connais le mieux. Certaines familles sont dévastées et ont totalement démissionné sur la dimension de la parentalité… Selon moi, la famille revêt un caractère de transmission formidable mais aujourd’hui, elle est en danger.


    [1] Jean-Michel Castaing est l’auteur du livre « Pour sortir du nihilisme » paru aux éditions Salvator en 2012.

    [2] Sigle anglophone de « lesbian, gay, bisexual, transgender or intersexual » dont la traduction littérale en français donne le même ordre : lesbien, gay, bisexuel, transgenre ou intersexe. (source : Wiktionnaire)

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  • Commentaires

    1
    JOEL HALA
    Dimanche 14 Avril 2013 à 09:23

    ANALYSE PERTINENTE

    2
    Bruno Luigi
    Dimanche 14 Avril 2013 à 09:49
    La réalité finale derrière cette affaire, consciente ou non, consiste à éradiquer les valeurs bibliques. Une volonté diabolique qui, en laissant croire que l'on peut tout faire, distille tout a nouveau le vieux mensonge : "vous serez comme des dieux."
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