• Retours sur les assises de l’Ecologie Humaine

    Un article écrit par Eric LEMAITRE

    Préambule :

    Avec Alain LEDAIN, nous nous sommes rendus aux premières assises de l’écologie Humaine et avons été saisis par la qualité des propos et des interventions d’hommes et de femmes décidés à redonner du sens en regard d’un monde gagné par de nouvelles doctrines humanistes, d’idéologies annonciatrices de changements profonds et qui ne seront pas sans conséquence sur les rapports et les relations aux autres, l’écologie humaine.

    Le propos de l’écologie selon ses initiateurs que je cite « est de renouveler la signification et la forme des activités humaines, en interrogeant leur contribution au bien de tout l’homme et de tous les hommes.
    Nous faisons le constat qu’aujourd’hui le sens de nombreuses activités nous échappe. Ce ne sont pas nécessairement ces activités qui posent problème mais plutôt le fait qu’elles sont brutalement ou insidieusement surdéterminées par des objectifs  incompatibles avec la préservation et la transmission d’une humanité authentique. »

    Nous publions ici les réponses sur lesquelles nous avons été sollicitées, nous vous produisons notre regard, nos propositions, nos questions également.

    Quelle question, impression ou proposition souhaitez-vous partager avec les membres du Courant, suite au lancement du 22 juin (ou à l’une des 2 réunions des 9 et 16 juillet) ?

    Impressions

    Pour illustrer mon ressenti  relativement à ces Assises qui furent de mon point de vue exceptionnelles tant par la qualité de l’animation que par la densité des contenus, tournée autour d’un renouveau ontologique, Je veux ici faire référence à celui qui fut un des Pionniers de l’écologie politique, Bertrand de Jouvenel fondateur de la revue Futuribles.

    Un des propos de Bertrand de Jouvenel résume de mon point de vue, les assises telles que je les ai vécues   « La liberté ce n’est point notre participation plus ou moins illusoire à la souveraineté absolue, du Tout social sur les parties,  mais c’est la souveraineté directe,  immédiate et concrète de l’homme sur soi-même qui lui permet et l’oblige à déployer sa personnalité, lui donne la maitrise et la responsabilité de son destin, le rend comptable de ses actes d’un droit égal qu’il doit respecter ».

    Il me semble ainsi urgent d’être les contre feux d’un appareil d’état chaque jour plus oppressant, dont la vocation « inconsciente », est subrepticement, sans nul doute :

    -       l’atomisation de l’homme,
    -       l’éclatement des liens de solidarité tissés sur le socle de la famille,
    -       le système d’élites pensant la société à la place du citoyen.

    De mon point de vue les premières assises de l’écologie humaine se sont ainsi inscrites comme un renouvellement, un véritable souffle ontologique, le retour de l’éthique sociale, d’une morale écologique replaçant l’homme au cœur de sa cité. Un homme que l’on ne veut ni écraser par les poids des idéologies de la déconstruction, ni par ces lois mortifères et déshumanisantes.

    Ce mouvement ontologique, une création d’un esprit vivant est à rebours d’un Etat « Prométhée » faiseur d’un homme nouveau, prônant la religion radicale de l’égalitarisme. Ce mouvement de l’écologie humaine est enfin un formidable réveil de l’esprit qui est l’expression d’un refus, celui d’être encarté, celui d’être formaté,  protestation légitime de se laisser enfermer dans le monde des idéologies et des univers virtuels, des univers désincarnés.

    Au-delà des changements de régimes, nous observons au fil des siècles et des décennies, l’émergence d’un appareil d’état qui ne ferait de l’homme qu’une brique sans âme (il n’est plus indispensable de penser et moins de revendiquer une liberté de conscience).

    Cet appareil d’état fait de nous un simple matériau s’assemblant à d’autres pour former une société finalement sans liens, appauvri de par l’absence de relations, de capacités à échanger ou même à s’interroger sur une vraie quête de culture et de sens relativement aux orientations prises.

    Au-delà et ce que nous pressentons comme redoutable c’est bien :
    -    l’hyper codification de la société qui amoindrit la responsabilité, renforçant le pouvoir de l'Etat par-delà les vicissitudes et des changements de régime
    -    l’affaissement de la culture qui ne nourrit plus, ne donne plus à penser notre agir et notre faire,
    -    le délitement des valeurs comme bienveillance, don et générosité, des vertus comme la compassion et la charité dont les connotations judéo-chrétiennes semblent irriter les bien-pensants de l’idéologie prônant le concept d’un interventionnisme d’état pour combler les plaisirs de tous.

    Vous avez également osé l’emploi de mots bannis de cette société, des mots aujourd’hui occultés comme Bienveillance, implication de l’être humain.

    Or tous nous devons tendre et revenir à cette dimension du sacré, l'homme redevenant le centre de nos préoccupations intégrant ces mots que vous avez osé si rares aujourd’hui compassion et bienveillance. Osons la bienveillance visant le bien commun, le bonheur affranchi de l’idée de la réussite matérielle,  de la conquête d’un vain pouvoir, des fausses idéologies qui nous plongent dans l’uniformité de la société.

    Propositions

    Au-delà des considérations exposées précédemment, vous inscrivez le mouvement comme métapolitique, ce concept me semble être en effet le bon choix…Nous avons en effet le devoir d’être un mouvement influant, un mouvement qui s’inscrit dans l’éveil des consciences, qui se démarque par sa capacité à alerter.

    Sans doute, nous pouvons craindre que  l’écologie humaine veuille se structurer et formaliser sa démarche, devenir une union formelle reposant sur des structures solides, c’est une tentation qui nous guette, or ce mouvement doit le rester, mouvement de la conscience, mouvement de l’esprit, mouvement culturel.

    Je propose dès lors que chaque fois qu’une loi ou un projet de loi est de nature à rendre plus vulnérable, plus fragile la condition de l’être humain, soyons comme des  lanceurs d’alerte, des « whistleblower » invitant chaque acteur à se positionner sur ce message qui lui est adressé.

    Invitons chaque acteur politique, sociologue, philosophe, économiste, syndicaliste, responsable d’association…à nous faire connaitre son positionnement, sa prise de position publique. Je crois que nous devrions inviter non des réponses de partis, de syndicats, mais des réponses d’homme qui le font au titre même de leurs convictions, surtout de leur libre conscience au-delà des systèmes, des appareils, des partis.

    Je propose que nous soyons aussi en mesure de créer des observatoires de lois que nous dénonçons comme déshumanisantes et dont nous devrions mesurer ainsi les effets et les conséquences néfastes ou négatives sur la vie sociale.

    Je propose que nous promouvions toute réponse alternative au-delà de dénoncer ce qui nous paraitrait comme légitimement offensant ….

    Comment pouvons-nous faire vivre le mouvement localement, dans nos régions ? Quelles assises au plan local ou régional donner ainsi à notre mouvement ? Comment structurer l’agir et le faire ? Comment devenir l’organe vivant qui catalyse la dimension de la bienveillance, créer et susciter l’implication citoyenne autour des valeurs de l’écologie humaine au cœur même de la société ?

    Quel type de groupe de travail pensez-vous propice à favoriser l’émergence d’une pensée renouvelée et de projets porteurs d’une vision respectueuse de la personne humaine intégrale ?

    Ce sont de mon point de vue les crises qui font émerger les fragilités et les besoins d’accompagnement… Il nous faut ainsi retrouver la quintessence de l’existence, le souffle ontologique de l’être dans l’être, redonner du sens à celui qui est en situation de vulnérabilité et qui se trouve désorienté. Plusieurs pistes répondent ainsi à cette vision respectueuse de la personne humaine.

    L’accueil de l’étranger, Le handicap, le vieillissement de la personne, la fin de vie, l’enfant à naitre sont des registres qui focalisent notre attention, ces registres doivent être considérés bien entendu comme prioritaires.

    Un sujet qui pourrait paraître anachronique mais si peu évoquée, parfois évitée, c’est celui qui concerne les responsables de toutes petites structures qui peuvent être confrontés à des drames humains du fait des responsabilités encourues pour eux et leur famille.

    Le monde de l’entreprise

    Nous ne parlons jamais assez de la fragilité des TPE (toutes petites et moyennes entreprises) écrasées par les charges, la codification outrancière créant pour elle des situations anxiogènes, le report de l’activité administrative de l’état qui incombe ses entreprises qui voient leurs missions de production totalement dévoyées au détriment d’une activité administrative qui est devenue outrancièrement pesante.

    Des dispositifs d’accompagnement insuffisants et de syndicats censés les représenter ne jouant pas leurs rôles…d’accompagnement, de prévention des crises et de relais dans les problématiques financières, condamnant ces chefs d’entreprises au repli, à l’isolement et parfois la dépression est inéluctable. Si un groupe de réflexion émerge, je veux bien y prendre part…

    Un autre sujet constitue également un thème important et touche à l’habitat, à la vie dans les cités sensibles, les quartiers difficiles ou se construisent des situations de non cultures. Ici l’émergence d’une pensée renouvelée et de projets porteurs d’une vision respectueuse de la personne humaine ferait de mon point de vue sens. La vie associative dans les quartiers et notamment apprendre à se connaître éviterait les regards stigmatisant l’autre que l’on ne connait pas. La société a créé ces zones de non droit or il est urgent d’inspirer des réponses sociétales fondées sur le renouvellement des rapports aux autres. Il faut que ce club de réflexion « les fils de France » portent aussi la voix de l’écologie Humaine dans ces quartiers

    Que signifierait et comment se traduirait l’engagement personnel dans l’écologie humaine, pour vous et pour d’autres ?

    Il me semble que l’engagement doit trouver ses racines au plan local et au plan régional. Se retrouver avec d’autres pour partager la dynamique, l’émulation de ce mouvement et entretenir la générosité liée à l’appartenance même de ce mouvement.

    Je pense que nous devons également nous investir sur les thématiques fortes pressenties comme celles que nous considérons comme contributives à la réflexion que nous avons engagée ensemble.

    Ainsi l’émergence des ateliers de travail constituent des cellules vivantes, inventives, créatives et contributives à ce mouvement, c’est sans doute l’un des autres éléments de la quintessence de ce mouvement.

    Je crois que nous devons être une forme de poil à gratter, des éveilleurs de consciences, des lanceurs d’alertes, des whistleblower », des sentinelles qui dérangent, les cailloux d’un état qui pourrait araser la conscience s’il ne rencontrait l’obstacle que nous devons former pour remonter une autre façon de penser la culture, la politique, la morale écologique et la vie au sein de notre société.

    Alors sans nous avons à nous engager à aller rencontrer des élus locaux, à participer à des instances de la vie citoyenne locale (Conseils de quartiers, Syndicats, CSE, Partis…), de porter la voix de l’écologie humaine, celle des ateliers issus des réflexions ontologiques que nous avons ensemble engagées.

    Nous sommes appelés à être la libre conscience de notre Pays défendant le plus vulnérable d’entre nous, mettant au cœur de la cité l’être dans toute sa dimension, la liberté de manifester notre idéal, affranchie du poids des idéologies et du consumérisme entrainant  avec lui le délitement des relations humaines, nous divertissant concomitamment de nos engagements de citoyen et d’homme impliqué dans la cité.

    Eric LEMAITRE

    Partager via Gmail

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :