• Un regard chrétien sur notre société (I)

    Un article d'Alain LEDAIN

    Un regard chrétien sur notre société (I)Le texte de la chronique au format PDF...

    Deuxième partie

    Pourquoi ?

    Que nous le voulions ou non, nous sommes « dans le monde » même si nous n'en n'adoptons pas les valeurs. (Selon l'évangile de Jean, chap. 17 v. 16, nous ne sommes pas « du monde ».) Un chrétien n’étant pas un extra-terrestre, il ne peut donc pas ne pas voir ce qui se passe autour de lui…

    Jeter un regard chrétien sur la société, c’est tenter de faire preuve de discernement quant à nos comportements : « Comment agir dans nos circonstances, comment agir dans notre contexte ? »
    (Proverbes 4 : 7 et 1 Chroniques 12 : 33)

    En aucun cas, il ne s’agit pas de porter un jugement sur autrui mais plutôt de nous inciter à l’amour, à la compassion et à la prière.

    En aucun cas, il ne s’agit de nous arrêter sur ce que nous voyons car la foi et l’espérance nous amènent plus loin. S’arrêter sur ce que nous voyons serait déprimant. Or, nous apprend le livre des proverbes (23 : 17-18), si nous révérons l’Eternel, il y a un avenir pour nous et notre espérance ne sera pas déçue.

    Cette nouvelle chronique sera porteuse de questions et de grands défis. Ces défis, nous ne pourrons pas les relever seuls. Ces questions, nous ne pourrons pas y répondre seuls. Nous aurons besoin les uns des autres. C’est pourquoi vous pouvez interagir via ce blog, sur lequel vous retrouverez l’ensemble de mes interventions, et y partager vos pensées, vos réactions et vos expériences.

    Un regard chrétien sur la société nous amène à nous poser au moins deux questions :

    L’une défensive : Comment notre société (qui est une société occidentale industrielle de consommation), notre contexte social et culturel nous influencent-t-ils… jusque dans notre spiritualité, jusque dans notre relation avec Dieu ?

    Nous ne sommes ni naïfs, ni prétentieux pour croire que notre monde environnant n’a aucune influence sur nous ? Or, nous y reviendrons, « Se conformer à une société malade, c’est être malade. »

    D’ailleurs, confusément, on sent qu’il y a quelque chose qui ne va pas. On ne se sent pas très bien mais on n’arrive pas à déterminer les raisons de ce mal-être, on n’arrive pas à poser clairement un diagnostic… Bien évidemment, il ne s’agit pas seulement d’un malaise psychologique personnel mais d’un trouble quant à notre style de vie en société. Crise.

    Le regard que je vous propose, les analyses qui vont suivre, ont non seulement pour but de comprendre notre contexte, mais aussi de nous amener à « ne pas nous conformer au monde présent ».

    Dans mes conversations avec d’autres chrétiens, j’ai souvent perçu un abandon : comment vivre autrement alors que la pression exercée, notamment par les médias et la publicité, est si forte ? Or, nous écrit l’apôtre Paul dans l’épître aux Galates, « C'est pour la liberté que Christ nous a affranchis  », « … vous avez été appelés à la liberté  ».

    Question et regard défensifs donc. En partie du moins.

    L’autre offensive : Comment et dans quelle mesure peut-on influencer notre société ? Comment et dans quelle mesure peut-on influencer nos contemporains ? Cette question en entraine d’autres. Quelles sont nos valeurs ? Quels sont les fondements de notre éthique sociale, c’est-à-dire de notre comportement dans la société ? Comment vivre et manifester, individuellement et en communauté, notre espérance dans un monde plongé dans « l’effacement de l’avenir » ?

    Pourquoi parler d’ « effacement de l’avenir » ? Le monde est monté dans un train à très grande vitesse. Les évolutions économiques, technologiques, sociologiques, politiques sont extrêmement rapides. Mais ce train, personne ne semble savoir où il va ! L’angoisse de l’Enfer a fait place à l’angoisse du non-sens. Avenir incertain. Avenir occulté. Panne idéologique (le néo-libéralisme est tout puissant). Panne de visions, panne de projets et donc sacre du présent et sacre de la nouveauté. Le court terme l’emporte sur le long terme. L’avenir est hypothéqué pour les satisfactions immédiates avec, entre autre, des conséquences écologiques  et économiques (nous transmettons la dette publique à nos enfants). Course effrénée à la nouveauté, au dernier gadget, au dernier look. Fuite en avant, peur de s’arrêter.

    Dans la chanson « L’ombre et la lumière » interprétée par Calogero et Grand Corps Malade, on peut entendre :
    « A chacun sa ruée vers l'or, j'accélère à travers la brume
    Puisque mon temps est limité, mes choix doivent être à la hauteur
    C'est une course contre la montre ou une course contre la peur
    C'est toujours la même chevauchée, on vise la lueur droit devant
    Même si cette quête est insensée, je cours pour me sentir vivant
    […]
    On court à travers les siècles, mais c'est toujours la même chevauchée
    As-tu peur que la route s'achève ?
    Mais cette course est insensée… »

    A l’inverse, d’autres tentent de ralentir le temps en adoptant  les sagesses antiques ou orientales.

    En fait, on peut observer toute une panoplie de réactions. Puisque l’avenir nourrit des craintes, certains deviennent catastrophistes, attendant une apocalypse sans révélation. D’autres deviennent stoïques : « il faut accepter et assumer ce qui arrive, c’est le destin ! » Ils privilégient la tranquillité plutôt que l’élan et renoncent à vouloir changer le monde : « Puisque la plupart des évènements ne dépendent pas de nous, puisque nous ne pouvons accorder le monde à nous, il faut donc que nous nous accordions au monde. »(1)
    S’accorder au monde, voilà bien ce qu’évitera le chrétien… en principe !

    Et nous ? Que vivons-nous? Transposons-nous dans notre vie spirituelle le rétrécissement du temps au présent ? Préférons-nous le confort à l’engagement ou la fascination du chaos à la révélation ? Nous sommes revenus à un regard défensif !

    Comment vivre et manifester, individuellement et en communauté, notre espérance dans un monde plongé dans « l’effacement de l’avenir » ?

    « Car je connais les projets que j'ai formés sur vous, dit l'Eternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l'espérance. » (Jérémie 29 : 11)

    Pour nous chrétiens, toute situation de crise oblige à une attitude de confiance en Dieu. Il est le seul sur qui nous pouvons nous appuyer sans risquer d’être lâchés. « Dieu, mon rocher » s’exclame le psalmiste.

    Il ne s’agit pas de compter sur des moyens à la mesure de l’homme, sans commune mesure avec l’enjeu de la crise du moment. Ces moyens sont des illusions de puissance.

    Il s’agit de compter sur Dieu, mais non en nous déresponsabilisant. Dieu travaille en nous, avec nous et à travers nous : nous avons une partition à jouer.
    « La vie est une traversée. Je suis un marin… J’ai deux rames : le travail et la prière. Il me faut les deux, sinon je tourne en rond ! »

    L’espérance est en acte ou elle n’est pas. A nous de trouver les actes qui en découlent, mêmes s’ils semblent insignifiants, à nous d’être créatifs, visionnaires, à nous de faire preuve d’audace inventive – nous devons être la tête et pas la queue –. Réinvestissons les domaines que nous avons désertés. Mettons nous à l’écoute du Saint-Esprit.

     

    (1) Chantal DELSOL – L’âge du renoncement p.180 – Editions du cerf

    Suite (Deuxième partie)

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  • Commentaires

    1
    ICM
    Dimanche 13 Septembre 2009 à 14:30
    Cher Alain,

    Voici une très belle analyse à laquelle l'Institut Chrétien du Management, que je représente, souscrit en grande partie. Je complèterai le propos au sujet du fait que travaille "au-travers de nous" car il travaille aussi en nous et avec nous.

    Nous ne sommes pas seulement "ouvriers", nous sommes aussi "co-héritiers" avec Christ de la promesse ; ce qui fait de nous des acteurs pleinement responsables - à la mesure de nos moyens - de ce qui se passe dans le monde.

    Tout en étant "illusions de puissance", les moyens humains sont aussi des "réalités pour agir". Dieu est ainsi acteur en nous, au-travers de nous et avec nous dans le monde, tout en étant aussi acteur au-delà de nous dans l'Histoire.

    Il me semble que c'est en cherchant à réconciclier ces différentes dimensions de l'action conjointe de Dieu et de l'Homme que le chrétien peut chercher à offrir sa vie en service pour l'avancement d'un Royaume qui est déjà venu et qui n'est pas encore achevé.

    Très amicalement;
    Jean-Marc
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    2
    jean-luc-D
    Mardi 15 Septembre 2009 à 10:02

    Merci Alain pour tout ce travail très précieux, tes chroniques sont à la fois simples et riches.
    Je me suis permis de référencé ton blog dans celui de la cellule de Nanterre; il faut que le plus grand nombre puisse en profiter :)
    Jean Luc

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