• Un regard chrétien sur notre société (II)

    Un article d'Alain LEDAIN

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    Un regard chrétien sur notre société (I)Le texte de la chronique au format PDF...

    L’espérance, le courage et la colère – L’espérance nous oblige à ne pas rester silencieux.

    L’espérance… Pour reprendre une phrase plusieurs fois répétée dans le film « Home » de Yann-Arthus Bertrand, « il est trop tard pour être pessimistes » ; d'autant plus que « le pessimiste se condamne à n'être que spectateur » ! (Goethe) Il nous faut refuser aussi la résignation, le fatalisme et la paralysie qu’ils entraînent.

    Voici une phrase de Saint Augustin : « L’espérance a deux enfants très beaux : ils s’appellent le courage et la colère. »

    Certes, il y a une colère devant être apaisée rapidement, « avant le coucher du soleil » : celle contre nos prochains. Mais il y a aussi une colère juste, à l’image de celle de Dieu contre toute impiété et toute injustice.

    Il est frappant de lire ce verset : « Dès que Saül eut entendu ces choses [humiliation du peuple d’Israël par les Ammonites], il fut saisi par l'Esprit de Dieu, et sa colère s'enflamma fortement. » (1 Samuel 11 : 6) Notons cet enchaînement : « saisi par l’Esprit de Dieu » et « colère fortement enflammée ».

    « L’espérance a deux enfants très beaux : ils s’appellent le courage et la colère… »

    A ce point, j’aimerais m’adresser plus particulièrement aux hommes. Les femmes ne m’en voudront pas.
    Une caractéristique de la masculinité, c’est de savoir se battre, de faire face. Où sont donc les hommes qui se battront pour manifester leur espérance, et donc leur courage et leur indignation ?

    Selon Anselm Grün, dans son livre « L’identité masculine en question », « quand les hommes luttent ensemble pour proposer des réponses aux problèmes de leur temps, il en naît un fort potentiel de créativité. Ils ont plaisir à s’atteler à la tâche pour chercher à agir concrètement en faveur de la société. Ils développent des perspectives et ont le courage de les mettre en pratique… L’homme recherche le débat et le combat… il déteste les pistes trop balisées. »

    « Soyez des hommes. » nous exhorte l’apôtre Paul . C’est un grand défi (encore un !) dans une société dont on voudrait qu’elle soit une « grande maman protectrice ». Protectrice, elle ne l’est pas complètement mais chacun l’y encourage . D’ailleurs, vous remarquerez que l’on souhaite davantage une « république compassionnelle  », émotionnelle, un Etat qui répond immédiatement à nos demandes de protection et de sécurité  – à l’image de la mère – plutôt qu’un Etat qui dirige et édicte la loi – à l’image du père . Notre contexte sociétal est féminisant, infantilisant.

    Dans cet environnement maternant (ou, du moins, que l’on aimerait comme tel), dans ce refus de l’imprévisible, des responsabilités et des combats, les hommes se féminisent et ont la plus grande difficulté à trouver le chemin de la virilité. Ils éprouvent une grande insécurité quant au fondement de leur identité.

    C’est un très grave problème, non seulement pour les hommes, mais pour les femmes. Car, pour reprendre le titre d’un livre écrit par la psychanalyste Hélène VECCHIALI, « Sans de vrais hommes, point de vraies femmes » . La première question n’est donc pas : « Où sont les femmes ? » mais « Où sont les hommes ? »

    Ne soyons pas des « hommes mous » dont le sociologue, Walter Hollstein, dit qu’ils sont socialement frappés de stérilité, qu’il n’émane d’eux aucune énergie, aucune discussion, aucune vitalité, aucune innovation.

    Certains hommes ont besoin d’être soutenus et défiés par des pères pour qu’à leur tour, ils deviennent des pères aptes à former la jeune génération.

    Revenons à notre question : Où sont les hommes qui se battront pour manifester leur espérance, et donc leur courage et leur indignation ?

    En tant qu’hommes, deux écueils doivent être évités : l’absence et le silence. Ces écueils nous viennent de loin : du jardin d’Eden. « Où était Adam lors de la tentation ? », c’est la question de l’absence. « Pourquoi est-il resté passif, muet ? », c’est la question du silence.

    Dans le cadre de cette chronique, l’absence, c’est le retrait social, le non-engagement ou le désengagement ; c’est le renoncement, l’indifférence, la perte d’agressivité – au sens  masculin et positif du terme –, c’est la perte de la capacité de colère face aux injustices et aux impiétés de quelque nature qu’elles soient. Si je m’adressais aux femmes, j’emploierai sans doute le langage de la compassion et de la consolation. J’interpelle les hommes : j’emploie le langage du courage, de la hardiesse, de la prise de position, de la décision, de la persévérance, de l’endurance.

    Hommes, parlons, parlons-nous, réfléchissons ensemble à la manière de sortir de nos silences et de nos absences.

    Où sont les hommes ? Où sont les hommes qui se battront…, où sont les hommes qui parleront ?...

    A moins que nous n’ayons rien à dire ! A moins qu’oubliant que l’Eternel nous a donné un avenir et une espérance, nous ne soyons pleinement en phase avec la désespérance du monde ! A moins qu’ayant adopté une vision très pessimiste de l’Histoire, nous ne nous soyons enfermés dans la peur et le repli sur soi : « Crois au Seigneur Jésus et retourne au village ! » Village à l’image de celui qui est peuplé d’irréductibles gaulois – nous – résistant encore et toujours contre l’envahisseur – les non-chrétiens –.

    Peur et repli sur soi ne devraient pas dominer nos vies. Christ, par sa victoire sur la croix, a « dépouillé les principautés et les pouvoirs  ». Il a fait entrer les « puissances du siècle à venir » dans l’âge présent. La plénitude du royaume de Dieu est à venir mais, dès à présent, nous sommes appelés à manifester ce royaume, à manifester son envahissement dans le « présent âge mauvais ». C’est pourquoi, nous appelons tout homme à la repentance et au salut en Jésus-Christ (dimension personnelle) et nous contribuons à la manifestation de la justice de l’Evangile dans toutes les sphères de la société (dimension sociale).

    Troisième partie

    En complément, vous pouvez lire : De la condition masculine au coeur de nos sociétés occidentales (par Hélène VECCHIALI)

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