• Un regard chrétien sur notre société (III)

    Un article d'Alain LEDAIN

    Un regard chrétien sur notre société (I)Le texte de la chronique au format PDF...

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    Dans un monde plongé dans « l’effacement de l’avenir », où sont les hommes… ?

    … des hommes appelés à être des héros dans leur génération, des modèles de courage, de consécration et d’endurance, des hommes dont Dieu, leur épouse, leurs enfants, leurs  amis et leur église pourront  être fiers, des hommes prêts à relever des défis.
    (Devenir chrétien ne rend pas asexué !)

    Où sont donc les hommes qui se battront pour manifester leur espérance, et donc leur courage et leur colère ?

    Souvenons-nous du pasteur Martin Luther King qui s’est battu pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis, pour la paix et contre la pauvreté.

    Voici un extrait de son discours le plus célèbre prononcé le 28 août 1963 : « Je vous le dis aujourd'hui, mes amis, bien que nous devions faire face aux difficultés d'aujourd'hui et de demain, j'ai tout de même un rêve (« I still have a dream ») […]
     Je fais le rêve qu'un jour, sur les collines rouges de la Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d'esclaves puissent s'asseoir ensemble à la table de la fraternité.
    Je fais le rêve qu'un jour, même l'État du Mississippi, désert étouffant d'injustice et d'oppression, soit transformé en une oasis de liberté et de justice.
    Je fais le rêve que mes quatre jeunes enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés pour la couleur de leur peau, mais pour le contenu de leur personne. Je fais ce rêve aujourd'hui ! […]
     Je fais le rêve qu'un jour chaque vallée soit relevée, que chaque colline et chaque montagne soit aplanie, que les endroits rudes soient transformés en plaines, que les endroits tortueux soient redressés, que la gloire du Seigneur soit révélée et que tous les vivants le voient tous ensemble.
    Telle est mon espérance […]
    Avec une telle foi, nous serons capables de distinguer, dans les montagnes du désespoir, un caillou d’espérance.
    »

    Le 4 avril 1968 à 18 h 01, Martin Luther King est assassiné…

    Souvenons-nous aussi de Dietrich Bonhoeffer, théologien allemand né en 1906, qui très vite manifesta son opposition aux mesures antisémites du régime nazi. Interdit d’enseignement et de prédication, il est arrêté par la Gestapo puis exécuté par pendaison en camp de concentration à Flossenbürg en 1945. Il avait 39 ans. Le matin de son exécution, il fit un culte, à la demande de ses camarades.

    « L'Église n'est réellement Église, que quand elle existe pour ceux qui n'en font pas partie » a-t-il affirmé. Il a également postulé le « devoir inconditionnel de l'Église envers les victimes de tous les systèmes sociaux, même s'ils n'appartiennent pas à la communauté des chrétiens.»

    Il a écrit le livre ayant pour titre « Vivre en disciple – Le prix de la grâce ».

    L’incroyant Albert Camus, lors d’une conférence en 1948, disait : « Ce que le monde attend des chrétiens est que les chrétiens parlent, à haute et claire voix, et qu’ils portent leur condamnation de telle façon que jamais le doute, jamais un seul doute, ne puisse se lever dans le cœur de l’homme le plus simple. C’est qu’ils sortent de l’abstraction et qu’ils se mettent en face de la figure ensanglantée qu’a prise l’histoire d’aujourd’hui.» Il disait craindre que le christianisme finisse par « se laisser arracher la vertu de révolte et d’indignation, qui lui a appartenu, voici bien longtemps.»

    Traduction dans notre vocabulaire de la pensée d’Albert Camus : que l’Eglise soit prophétique, qu’elle interpelle au nom du royaume de Dieu dont aucun système humain ne peut refléter la perfection. (Nous sommes dans un monde imparfait et transitoire.)

    Resterons-nous silencieux ?

    Même si nous ne sommes pas tous appelés à être des hommes et femmes publiques, nous exprimant face à la nation, nous sommes tous appelés à nous exprimer – en paroles et/ou en actes – dans notre entourage, dans nos activités, dans nos engagements (associatif, humanitaire, politique, social, économique, syndical, culturel, artistique…), dans nos sphères d’autorité (c’est-à-dire dans l’espace où s’exercent nos responsabilités).

    Plus simplement, comme tout citoyen, il est possible, par exemple, de réagir sur différents sites Internet – ceux des télévisions par exemple – et d’écrire à nos élus (maires, députés…). Attention toutefois de ne pas écrire dans « le patois de Canaan  », langage incompréhensible pour les personnes non versées dans les Ecritures.

    Notre discours doit être intelligible, construit et argumenté (autrement dit, « compréhensible et intelligent »). Il ne doit pas être protestataire seulement mais être force de propositions aussi. Il aura d’autant plus de poids que nous aurons démontré, dans nos activités séculières, la puissance des valeurs et des principes de vie auxquels nous sommes attachés.

    Sortons de nos complexes d’ « infériorité intellectuelle ». Notre foi ne nous rend pas moins intelligents, ne nous rend pas moins citoyens. Nous avons une parole pertinente à faire entendre.

    Bien évidemment, plus nous voudrons faire entendre cette parole à un niveau élevé, plus l’autorité, et donc les compétences, seront nécessaires. (Autorité et incompétence ne sont pas compatibles !)

    Peut-être certains parmi nous ont-ils une vocation, un rôle particulier à jouer dans notre société. Alors sachons que toute vocation n’exclue pas et même implique du travail, de la préparation et de la formation – formation académique, formation du cœur. Développons « un cœur intelligent » .

    Pour pouvoir nous exprimer, il est nécessaire de connaître, et donc de rechercher, les valeurs du royaume des cieux là où Dieu nous a placés.

    Nous voudrions que tout nous soit donné sans effort. Jésus dit – dans l’Evangile de Matthieu au chapitre 6 et au verset 33 – : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice… » Cherchez !

    Toutefois, nous ne sommes pas appelés à rechercher seuls la justice du Royaume mais à nous réunir ensemble pour prier, réfléchir et partager nos expériences.
    C’est la raison d’être de certaines associations chrétiennes. Par exemple, l’Union Evangélique Médicale et Paramédicale qui rassemble le personnel chrétien des professions de santé ; par exemple, le mouvement « des entrepreneurs et dirigeants chrétiens » (EDC) qui regroupe des chrétiens dirigeants d’entreprises. « Nous cherchons ensemble comment répondre à l’appel de l’Évangile dans l’exercice actif de nos responsabilités.»

    Si le rôle des théologiens est de définir une éthique sociale chrétienne, il est de la responsabilité des professionnels et des spécialistes chrétiens de contextualiser et d’incarner cette éthique.

    Enfin, ne pas rester silencieux suppose de décloisonner notre vie spirituelle du dimanche matin.

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  • Commentaires

    1
    benoitM
    Mardi 13 Octobre 2009 à 07:14
    juste une petite citation pour donner courage : " Les hauteurs atteintes et tenues par de grands hommes n'ont pas été conquises par un envol soudain. Mais, pendant le sommeil de leurs compagnons, ils ont peinés dans la nuit vers les sommets. " Malheureusement, l'auteur est inconnu, mais rapelle un jardin sur le flanc d'une colline au abord de Jérusalem où poussait des oliviers...  amitiés !
    2
    Eden
    Mardi 3 Novembre 2009 à 16:13
    Bonjour,

    J'ai pu de nouveau écouter votre chronique dimanche dernier, je me suis sentie très concernée par la réflexion/ conséquence du silence du chrétien dans la société.

    Je suis ravie d'être encouragée à ne pas accepter les injustices de notre société et surtout à l'exprimer.

    Merci pour votre chronique.


    Salutations
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