• Comment former la nouvelle génération ?

    Ce texte a été écrit par David MARTORANA

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    Introduction

    Tout d’abord, il convient de noter que Dieu lui-même n’est pas figé. Bien que Dieu soit immuable, il n’est pas statique et est en mouvement (Gn 1.2).

    Le développement fait partie de la pensée de Dieu pour l’homme ; lorsque Dieu plaça l’homme dans le Jardin d’Eden (Gn 2.15), il lui donna l’ordre de le cultiver, c’est-à-dire de le développer selon sa créativité, selon ses goûts, etc. Dieu place donc l’homme dans un processus. Dieu lui-même, face à l’homme (Jér 18), se compare à un potier. Il n’hésite pas à recommencer (avec toutes les étapes que cela implique), jusqu’à ce qu’il trouve satisfaction dans ce qu’Il a accomplit.

    D’autre part, il convient de préciser que le terme « perfection », en grec, a le sens « d’accomplissement, de maturité et de plénitude ». Ce n’est pas forcément ce que l’on entend dans notre langue française ou « perfection » signifie plutôt « sans erreur ». Dans le Nouveau Testament, la pensée est différente. Ce qui est parfait, c’est ce qui est arrivé à maturité, ce qui est accompli ; c’est lorsque le processus voulu de Dieu a été jusqu’au bout.

    Beaucoup de problèmes, relationnels et autres, proviennent de ce que ces concepts (de processus et de perfection) ne sont pas compris ; ainsi, le « formé » pourra perdre courage rapidement ne saisissant pas forcément que sa vie (sous tous les plans) doit suivre le processus voulu de Dieu. De même, le « formateur » pourra perdre patience ou bien être déçu, ne réalisant peut-être pas que le « formé » a encore besoin de développement et ayant oublié lui-même qu’il est passé par un processus !

    Il faut aussi avoir en tête que le succès est lié à la succession. Ces 2 mots proviennent de la même racine latin qui a donné en français le verbe succéder. Il n’y a pas de succès sans succession. Le succès est justement d’avoir quelqu’un de confiance à qui transmettre ce que l’on a fait. L’Ecclésiaste sera lui-même frustré rien qu’à l’idée d’imaginer que son successeur pourra dilapider et ruiner toute l’œuvre de sa vie…

    Le Seigneur nous appelle à engendrer et à préparer une génération qui ira plus loin que nous et qui accomplira ce que nous-mêmes n’aurons pu accomplir. David nous en donne l’exemple avec Salomon. N’ayant pu lui-même construire le temple de l’Eternel, il préparera tout ce dont son fils Salomon aura besoin pour sa réalisation ; il laissera à son fils non seulement les plans (la vision !), mais les matériaux pour le construire (les moyens !). Nous avons là un bel exemple de transmission d’une génération à l’autre : le père veut que son fils aille plus loin que lui ; non seulement il lui donne une vision mais en plus il lui donne les capacités pour l’accomplir.

    Voyons 3 moyens complémentaires par lesquels le Seigneur veut que nous formions cette nouvelle génération :

    Parole Modèle Expérience

    Parole, Jn 8.31.

    Jésus enseigne que l’on ne peut être ses disciples si nous ne demeurons pas dans sa Parole. Il y a avec la Parole, le même rapport que nous devons avoir avec le Christ. Nous devons demeurer en lui et lui en nous. De même, nous ne sommes pas des disciples du Seigneur si la Parole de Christ ne demeure pas en nous (Col 3.16) et si nous ne demeurons pas en elle (Jn 8.31). Il ne faut pas seulement la visiter, ou qu’elle nous visite. Il faut la « camper », y demeurer de manière permanente. De manière imagée, elle ne doit pas être notre résidence secondaire (ou une location estivale !) mais bel et bien être notre demeure principale.

    De même, nous ne sommes pas de bons formateurs (ou pères), si notre enseignement n’est pas basé sur la Parole de Dieu dans tout son conseil (Act 20.31). L’expérience ne doit jamais précédé la formation biblique. C’est lorsque nous sommes formés selon la Parole de Dieu, d’ailleurs !, que notre service va prendre son sens.

    Dans la Bible, nous voyons une grande différence entre la formation et l’information. La première contient bel et bien des informations mais celles-ci sont mises en pratique et applicables dans nos vies (c’est la conception hébraïque de la connaissance) alors que la deuxième ne comprend uniquement qu’une information intellectuelle (c’est la conception grecque de la connaissance). Si nous nous contentons uniquement d’informer les gens, nous courons le risque d’en faire des « pharisiens » modernes ; « bonne » connaissance de la loi, mais oubliant les valeurs essentielles, telles que l’amour, la miséricorde et la fidélité (Mt 23.23). Nous voyons dans l’enseignement de l’apôtre Paul que la pratique chrétienne provient toujours d’une bonne théologie. C’est parce que Dieu est lumière que nous devons marcher dans la sainteté (Eph 5.8). Le commandement ne nous est pas donné d’une manière servile : « tu dois être saint ! », et c’est tout ! Non. Il est toujours en rapport avec l’identité de Dieu et notre identité en Christ. Cela fait toute la différence ; Ainsi, nous pouvons dire : « mon Dieu est saint ; il m’a choisi et vit en moi pour faire refléter Sa gloire à ce monde qui ne le connaît pas ; c’est pour quoi, Il m’appelle à manifester mon appartenance à sa famille par un comportement qui soit conforme à ses valeurs et à son caractère. »

    « La Bible ne nous a pas été donnée pour agrandir nos connaissances mais pour transformer nos vies », Dwight Moody.

    D’autre part, il convient de rappeler que la Parole de Dieu, comme nous venons de l’esquisser, ne se contente pas de donner des commandements (juste comme un « code de la route chrétien ») ; elle nous révèle le cœur de Dieu ; sa personne, ses projets, ses désirs. Elle nous explique comment vivre en Sa présence. C’est d’ailleurs Sa présence qui confère de la valeur aux choses, aux personnes ou aux endroits. Jérusalem était la ville sainte parce que Dieu y résidait. Nous sommes saints car nous sommes son temple. Etc. Or, si nous ne savons pas « pratiquer » la présence de Dieu, si nous n’en avons pas une saine compréhension, nous ne pourrons pas profiter de l’héritage que Dieu veut nous confier.

    Il y a une grande différence en Josué qui aimait la présence de Dieu (Ex 33.11) et le peuple qui a eu peur et qui a délégué Moïse (et Josué) pour rencontrer Dieu à leur place (Ex 19)…

    La maturité, selon Héb 5.13-14, c’est de pouvoir distinguer ce qui est bien de ce qui est mal. Nous sommes dans une génération où le mal est appelé bien et vice-versa (Es 5). Sans la parole, qui est immuable, nous ne pourrons jamais enseigner et préparer convenablement la nouvelle génération. Cette parole doit être transmise, Dt 6.4ss.

    Modèle, Phil 3.17.

    Paul demandera également aux Corinthiens (1 Cor 9) d’être ses imitateurs comme lui-même l’était de Christ.

    Je crois réellement que nous devons éviter quelques dangers et que nous devons demander la grâce au Seigneur de changer notre mentalité. Face à cette idée et cette notion de modèle (qui est très chrétienne !) nous devons faire attention à :

    Ne pas produire une génération de « bâtards » (Hb 12) qui ne connaît pas ses pères (parce que ceux-ci les ont abandonnés) ou qui ne les reconnaît pas car elle rejette, à la suite de la révolution et de mai 68, toute figure d’autorité… rejetant Dieu par la même occasion.

    Ne pas produire une « génération impuissante et stérile », qui a été castrée par la précédente. Malheureusement, toute une génération de pasteurs n’a pas su (ou voulu !) libérer la génération suivante dans le ministère que Dieu lui confiait. Etant dans l’insécurité, ils ont préféré contrôler et dominer au lieu d’équiper et d’envoyer. Ce qu’ils ne souhaitaient pas faire avec leurs enfants « charnels » l’a été avec leurs enfants spirituels. Quel drame !

    Dans ces passages que nous avons lus, Paul nous invite à reconnaître nos pères et à les imiter. Mais plus que cela, il veut que ses enfants se reproduisent ensuite, en servant à leur tout de modèles. Il rappelle à Timothée tout ce qu’il a comme exemple en Paul : « tu as suivi de près mon enseignement, ma conduite, mes projets, etc. … » (2 Tim 3.10) ; il lui demande alors lui-même d’être un modèle pour les autres (1 Tim 4.12ss) et de transmettre ce qu’il a reçu à des personnes qui le transmettront à d’autres encore (2 Tim 2.2).

    Paul lui-même fut pour l’Eglise à Thessalonique un père et une mère (1 Th 2.7, 11) : il leur a procuré tendresse mais aussi éducation. Nous ne pouvons pas former des gens en étant distants d’eux, en ne leur permettant pas d’être proches de nous. Paul s’est littéralement donné à ceux qu’ils formaient… dans ses faiblesses et dans ses forces. Tant que l’on entretiendra cette « caste pastorale » (attention car elle peut prendre aussi des formes apostoliques), nous ne pourrons pas réellement préparer une nouvelle génération pour le Seigneur. Etre proche est donc la première démarche.

    Mais le fait d’être proche va aussi nous pousser à être authentique. Si d’ailleurs nous ne voulons pas que les gens s’approchent de trop près de nous, n’est-ce pas parce que nous souhaitons masquer certains défauts (qu’ils voient de toute évidence !) ? Paul va rappeler à Timothée qu’il lui a montré sa foi, sa conduite, ses projets… mais aussi ses souffrances, ses persécutions, etc. (2 Tim 3.10).

    L’Eglise et le Royaume de Dieu sont avant tout une histoire de relations. Tant que l’Eglise ressemblera à une « affaire » où l’on fait son business, avec des « professionnels » du culte, nous ne pourrons entrer dans cette dimension que Dieu veut que nous vivions.

    Lorsqu’on regarde la vie de Jésus, nous voyons que sa première priorité était de passer du temps avec son Père et qu’ensuite, c’était de passer du temps avec ses disciples. Vient ensuite la foule. Malheureusement, pour une raison ou pour une autre, nous pouvons inverser nos priorités.

    Le Seigneur nous appelle à être une génération qui vit pleinement sa vie en lui et qui trouve réellement son identité en lui. Une génération de l’être et non pas du faire. Une génération qui impacte la suivante parce qu’elle est (le caractère) et non par ce qu’elle fait (les événements, les réunions, etc.). La postérité de Caïn fut connue par ce qu’elle réalisa (Gn 4.16-24) : des instruments et des villes. Celle de Seth se distingua par ce qu’elle fut (Gn 4.25-5.32) : elle vécut et se reproduisit !

    Expérience, Mt 28.20.

    Avec une mauvaise conception du ministère et de la vie chrétienne du royaume, nous courrons le risque de se voir manifester 2 (très) mauvaises pensées :

     • la compétition et le remplacement.

     Nous ne devons pas initier ou entretenir l’esprit de compétition parmi notre église, et plus particulièrement les gens que nous formons. Une fois que nous mettons les gens à l’œuvre pratique, la tentation peut être grande de vouloir se comparer à un frère ou une sœur. Seulement, il faut bien avoir conscience que :
     - nous sommes tous uniques et donc incomparables ;
    - lorsque nous sommes en compétition, nous ne sommes pas dans la « logique » de construction mais plutôt de division. C’est un processus charnel, pour ne pas dire plus !

    D’autre part, en tant que formateur (ou pères/mères spirituel(le)s), il faut bien savoir que les personnes que nous formons ne sont pas seulement « nos remplaçants », qui vont exercer leur ministère que lorsque nous sommes absents ! Cela serait non seulement mettre l’Eglise et l’individu en insécurité, mais aussi une très mauvaise formation ! Cela provient de mauvaises bases erronées et d’une mauvaise conception du ministère. Le ministère au sein de l’Eglise et du Royaume n’est pas « un gâteau à partager » ; lorsqu’on l’imagine ainsi, le pasteur a la plus grosse part et les autres, uniquement les miettes. Non ! Le Seigneur nous demande de répandre le Royaume et dans le Royaume, il y a de la place pour tous !

    Il est important que nous laissions les personnes faire leurs propres expériences ; c’est ainsi qu’elles apprennent également ! Pour cela, c’est à nous de leur donner de la place et d’être leurs premiers « fans », de les pousser à aller plus loin. C’est ainsi, également, que nous pouvons continuer leur formation en faisant le point avec eux sur l’exercice de leur ministère (« service »).

    Un jeune homme demanda un jour à un homme d’affaires qui avait réussi : « comment réussir dans les affaires ? » L’homme lui répondit : « il faut faire les bons choix ». Le jeune homme lui demanda à nouveau : « comment donc faire les bons choix ? » L’homme lui dit : « mon petit, c’est avec l’expérience que cela s’acquiert ! ». Le jeune homme persista et lui demanda : « mais alors, comment avoir de l’expérience ? » L’homme lui dit alors tout joyeux : « c’est en faisant de mauvais choix ! »

    Je me suis personnellement aperçu que de temps à autre, j’ai donné des réponses à des responsables alors que ceux-ci n’avaient même pas les questions ! Ce n’est que plus tard qu’ils ont compris, et moi aussi par la même occasion ! C’est pour cela que nous ne devons pas oublier le phénomène de processus. L’expérience fait partie du processus de formation.

    En laissant l’espace pour qu’il fasse leurs expériences, nous courrons un risque ; c’est vrai. Mais Dieu lui-même a pris le risque en créant Adam et Eve ! Et cela lui a coûté cher ! Nous ne pouvons pas être des pères et des mères spirituelles si nous ne sommes pas prêts à prendre des risques et à en assumer les conséquences… Mais nous devons nous souvenir que nous-mêmes, nous avons fait (et faisons toujours !), nos propres erreurs. La génération qui vient a également le droit de se tromper ; nous devons être là pour l’éduquer, l’encourager et la reprendre lorsque c’est nécessaire.

    Je termine avec une pensée d’Esaïe 54, à propos des fils, que nous connaissons bien. Nous aimons beaucoup entendre cette promesse : « Les fils de la délaissée seront plus nombreux que les fils de celle qui est mariée… ». Si nous aimons cette promesse, nous devons obéir au commandement qui suit : « C’est pourquoi, élargis l’espace de ta tente ! ». Dans cette démarche de foi, le Seigneur nous demande d’abord d’élargir notre tente ; ce n’est qu’alors qu’il enverra la bénédiction, des fils et des filles spirituelles. Sommes-nous prêts ?

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