• Un ailleurs si proche et si lointain (Extraits)

    Vous trouverez ci-dessous quelques extraits d'un texte écrit par Etienne Atger. Ces extraits n'en constituent pas un résumé mais quelques pensées qui me touchent.

     

    Réflexions sur le Royaume de Dieu.

    Comme toutes celles que j’ai menées ces temps-ci, cette réflexion n’a pas l’ambition d’amener de réponses définitives et donc de tirer des conclusions. Elle est l’expression d’une quête, celle de la vérité. Mais la vérité étant une personne, celle-ci ne peut en aucune façon être captée, saisie pour soi-même, possédée. La vérité, à savoir Jésus-Christ Lui-même, ne peut être reçue qu’avec humilité, simplicité, reconnaissance. Cette vérité-là, puisqu’elle est l’amour de Dieu incarné, ne s’impose pas, n’exerce pas de coercition. Au contraire elle propose une tendre relation et de cette relation, découle un formidable voyage dans un ailleurs.

    En d’autres termes, je ne prétends pas ici savoir quelque chose sur le Royaume de Dieu, mais je cherche, je demande, je frappe.

    Une quête donc. [...]

    Mais au fond, que peut-on dire de ce Royaume ?

    Ce royaume ne vient pas pour faire la guerre aux autres royaumes établis par les hommes. Il ne se manifeste pas par un roi cherchant à établir par la force un nouvel empire. Le but de Christ, entre autres, c’est d’anéantir les Puissances et les Autorités spirituelles des ténèbres qui sont ses vrais ennemis. L’impact de ce royaume d’en-haut est éminemment spirituel et il vient apporter un changement en profondeur dans la vie des hommes et des femmes qui s’en approchent, puis au travers de ces mêmes vies bouleversées, un changement radical de la vie sur la terre.

    Mais là encore, ce royaume ne se manifeste pas comme une nouvelle puissance à laquelle nul ne peut résister. Ce n’est pas un règne qui s’impose.

    [...]

    Jésus, le Roi du Royaume

    [...]

    Un Jésus subversif

    [...]

    Jésus est un roi qui est concerné par la vie, l’art, la nature, la justice, la mort, l’argent, etc. Sa vie est à la fois politique, philosophique, culturelle et finalement humaine. C’est ainsi que les premiers chrétiens s’engagent « politiquement » auprès des plus pauvres, et non pas seulement de ceux de la communauté naissante, mais de tous ceux que la société d’alors ne considérait plus. L’Eglise, qui grandit, devient un organe majeur de la société et une évidente contestation, par son style de vie, contre les pouvoirs en place et les attitudes vides de sens et de justice.

    [...]

    C’est l’attitude de Jésus, puis à sa suite, celle de ses disciples, qui a confronté les pouvoirs. Ceux d’en-haut, ces mêmes autorités invisibles que Jésus défait par sa vie, sa mort et sa résurrection, mais aussi les pouvoirs terrestres. Imaginez la colère de Rome, quand Paul annonce que Jésus est le César des césars ! 

    [...]

    Il n’est pas un détail de la vie de Jésus qui n’ait été une subversion. Il n’est pas un pouvoir politique, économique ou religieux qui n’ait été confronté, remis en question, provoqué, sans violence mais pourtant par la force d’une formidable autorité.

    La Mission de Dieu

    [...]

    Toute l’activité de l’Eglise est de manifester l’amour sans faille de la Trinité et de le répandre à toute la création. Tout ce que Jésus accomplit sur la terre et au travers de ceux et celles qui se soumettent à Son autorité, contribue à cette fin.

    C’est dans cette perspective, et uniquement celle-ci, qu’il faut comprendre l’Eglise. Par trop souvent je me demande si nous n’avons pas cherché à découvrir, dans les textes néotestamentaires, sa structure, plutôt que sa nature. Ce corps de Christ est l’expression, sur la terre du futur, du Royaume sur cette même terre. Il en est la prophétie vitale pour le monde, l’annonciation cohérente et brillante que nul ne peut cacher, quand sa lumière se manifeste en haut de la colline. Il en est l’histoire, il en est le présent et il en est l’ailleurs déjà là. C’est bien ici que se trouve l’Eglise de Christ, le parlement du Royaume, dans le déjà là !

    Alors l’Eglise, consciente de sa mission, celle qui s’inscrit dans le cœur même de Dieu, devient le lieu « naturel »  de la communion avec le Fils, par le St Esprit. C’est le lieu, sans besoin des murs d’un temple, d’une relation des plus intimes avec le Roi. De cette relation, qui fait de chacun et de chacune, non plus des serviteurs qui se doivent de faire quelque-chose pour Dieu, mais bien des amis du maître, qui font ce quelque-chose avec Lui. Et si c’est le lieu de la communion par excellence, elle devient naturellement le lieu de l’expression de l’amour fraternel, si absent du monde. Nous ne parlons pas ici d’un sentiment affectueux, mais bien d’une alliance. Celle d’avec le Père, le Fils et le St Esprit, et celle d’avec le prochain, celui de la maison de Dieu et celui du « dehors ». Cet amour s’exprime par toutes sortes de prières aimantes, de louanges humbles, d’intercessions permanentes, de solidarités outrageuses, de douceurs et de gentillesses sans borne, d’étude des Ecritures, qui témoignent de Jésus et de son Royaume, d’agapes, de partages, de communauté, de services. L’Eglise, en cela, n’est plus le rassemblement d’individus qui partagent quelques mêmes convictions une à deux fois par semaine, mais c’est bien un corps, une maison, une cité présente sur toute la surface de la terre. C’est la « colonie » du ciel qui est déjà sur la terre. C’est une conspiration de tous les instants pour que l’Amour de Dieu soit pleinement manifesté et que le Christ puisse achever l’ouvrage du Royaume. C’est en effet l’Amour de Christ qui est la motivation, l’énergie et la vie de l’Eglise. (Article "The Missio Dei", Franck Viloa, 2012)

    L’Eglise, qui se rassemble dans les maisons, ou dans les temples, peu importe en réalité, s’édifie sous le regard de la tête qu’est le Christ-Roi et chacun est ainsi préparé à exercer le sacerdoce cher aux réformateurs. Celui de tous ceux qui croient. La prêtrise universelle est au cœur du projet de Dieu, elle en est le témoignage puissant devant toutes les principautés et les autorités, en haut, dans le ciel (Ep 3 : 10). Elle est l’expression fondamentale de la réconciliation dont, tous, nous avons été faits ambassadeurs.

    « Ainsi, quand le monde voit un groupe de chrétiens de différentes cultures, races, milieux sociaux, s’aimer les uns et les autres, prendre soin des uns et des autres, pourvoir aux besoins des uns et des autres, allant à contre-courant de toutes les tendances actuelles qui donnent allégeance aux dieux de ce siècle, au lieu de se soumettre au seul vrai Seigneur, Jésus-Christ, ils contemplent la vie du futur Royaume s’exprimant déjà dans le présent. » (Article "The Missio Dei", Franck Viloa, 2012)

    Cette communauté, à l’instar de son chef, devient subversive à son tour, quand elle va dans tout le monde, non pas tant pour prêcher, que pour vivre l’Evangile comme une expression d’amour et de compassion à l’égard de tous les hommes. Quand l’Eglise fait grâce aux pauvres, quand elle s’engage contre toutes les pauvretés, elle devient triomphante. Quand elle s’inscrit dans la politique du ciel et qu’elle amène la justice au cœur de toutes les injustices, elle devient une source de rédemption et perpétue le jubilé inauguré par Jésus Lui-même. Elle hérite de la gloire et de l’autorité de Jésus. Et des persécutions aussi.

    « En tant qu’individus et en tant qu’ethnie, notre rôle est, tout simplement, d’être le Royaume. Notre travail est tout simplement le changement que Dieu veut voir se manifester dans le monde. Notre action est d’être fidèle, même si notre attitude peut paraître impossible et irresponsable aux yeux d’un monde, qui met sa confiance dans les lois, les politiques, la technologie, les bombes et les balles. » (Greg A. Boyd, in « The Myth of a Christian Religion », éditions Zondervan, 2009. Page 32.)

    Ce que Jésus a commencé...

    « J’ai parlé, dans mon premier livre, de tout ce que Jésus a commencé de faire et d’enseigner..., » nous dit Luc dans l’introduction de sa lettre à Théophile. Ce qu’il a commencé de faire signifie que cela doit être continué, en vue de son achèvement. Autrement dit, il est de la mission de l’Eglise de s’inscrire parfaitement dans la continuité de ce que Jésus faisait quand Il marchait sur la terre. Il nous a montré la voie, Il a été comme un simple homme pour démontrer son règne. Point n’est besoin d’une intelligence particulière ou de compétences spéciales, mais juste, et c’est énorme, de la foi, de l’espérance et de l’amour. Jésus donc.

    Si Jésus a été subversif, l’Eglise doit l’être. Partout où l’injustice se manifeste, l’Eglise doit manifester la justice d’un roi qui n’accepte pas la fatalité.

    Dans cet esprit, ce qui suit est tiré du livre de Greg A. Boyd, « The Myth of a Christian Religion ». L’auteur propose ainsi, à l’Eglise de Jésus-Christ, de vivre cette subversion quotidienne en se révoltant pacifiquement, et pourtant radicalement, contre toutes les perversions de ce monde.

    [...]

    Une autre des subversions de l’Eglise, c’est celle de l’individualisme. En réalité, la religion chrétienne est depuis longtemps devenue l’expression de croyances privées, et tout indique, jusque dans ses célébrations, que le Dieu qu’elle célèbre est le Dieu du salut individuel. Or nous avons été créés à l’image d’un Dieu éminemment communautaire, un Dieu trinitaire. J’ai le privilège de voyager en Afrique et je suis étonné et attristé que cet individualisme soit devenu une endémie galopante dans les églises du continent. Pourtant, la plupart des tribus qui n’ont pas encore été trop influencées par le matérialisme que provoque l’individualisme, ont un « ADN » naturel qui porte à la vie communautaire. L’image que nous donnent les chrétiens des premières heures de l’Eglise, est celle d’un grand nombre d’individus qui se retrouvaient ensemble pour être enseignés par les apôtres dans la cour du Temple, et en groupe plus restreint, lorsqu’ils se retrouvaient dans les maisons pour partager la nourriture et pour prier. La communauté prenait soin des besoins de ceux qui en avaient. Il n’y avait parmi eux aucun laissé pour compte.

    [...]

    Subversive, l’Eglise se doit aussi de l’être contre toutes les formes de violence faites aux humains, aux peuples et à la création tout entière. Contre tous les nationalismes, contre toutes les formes d’oppression sociale, contre toutes les formes de racisme, contre toutes les formes d’avarice et de leurs corollaires que sont les pauvretés, contre les abus de la création et la négligence d’en prendre un soin attentif, contre les abus du sexe et la négligence de l’alliance du mariage, contre le matérialisme et le sécularisme galopants, etc. Contre tout cela, Jésus nous a laissé un message, celui de l’amour, de la soumission à Dieu, de la confiance et de la foi. Dans ce monde qui souffre les douleurs de l’enfantement, l’Eglise est appelée à continuer ce qui a été commencé en devenant sel et lumière. Notre monde est en totale désespérance et notre message est porteur d’un espoir pratique, réel, concret, mis en pratique.

    Tout cela Jésus l’a fait. Il nous a même enseigné ces choses afin que nous les pratiquions, car elles ont été préparées d’avance par le Père. Et c’est ainsi qu’il sera donné à l’Eglise d’enseigner les nations à faire de même. Nous sommes appelés à faire ces choses et de plus grandes mêmes ! L’Eglise ne garde de son histoire que des héros, qui ne sont pas connus pour le nombre de personnes qu’ils ont amené à Jésus, ni pour le nombre d’églises qu’ils ont construits, mais pour leurs actes de justice, leurs actes d’humanité, leurs actes d’amour auprès des plus pauvres...

     

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  • Commentaires

    1
    Eric LEMAITRE
    Lundi 17 Décembre 2012 à 18:38

    Très bon texte........!!!! Amitiés 

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