• De l’Eden à la refonte consumériste de l’homme !

    Le Paradis terrestre, Les Très Riches Heures du duc de Berry, musée Condé, Ms.65, folio 2Un texte d'Eric LEMAITRE

    Gender et transhumanisme, une vision totalitaire de l’homme

    La conquête contemporaine de l’Eden « Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal »

     Le récit du livre de la Genèse relate un événement qui semblerait bien à ce jour transcender la dimension de la légende ou du mythe dans lequel la bien-pensance matérialiste et conformiste aimerait enfermer ce passage qui fait sans doute partie d’une des dramaturgies mémorables liée à la culture de l’humanité.

    « Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que le Seigneur Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? La femme répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n'en mangerez point et vous n'y toucherez point, de peur que vous ne mouriez. Alors le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez point ; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » (Livre de la Genèse chapitre 3)

    Nous sommes frappés à l’aune des changements, des bouleversements traversés par l’humanité, d’un changement radical de paradigme, d’une conquête effrénée, accentuée de l’Eden perdue. L’homme vit une forme de soif inexorable de ce paradis perdu, cherchant à atténuer sa souffrance, à gommer une forme de fêlure associée à cette rupture avec son Créateur. Comment ne pas être frappé à la lecture des transformations sociétales, comment ne pas être étonné à l’aune des mutations technologiques, de cet appétit de l’homme à devenir Dieu ?

    Fabrice Hadjadj mentionne dans son livre la foi des démons ou l’athéisme dépassé que « Changer de nature fût-ce pour une nature supérieure, équivaut à une destruction de soi » ajoutant que « le péché n’est pas de convoiter une absurde égalité avec Dieu, mais de vouloir une certaine similitude avec lui de manière désordonnée ».

    La chute de l’homme s’exprime ainsi et également à travers ce comportement déraisonnable de transgresser tous les interdits en consommant jusqu’à la lie ce fruit de la connaissance du Bien et du Mal, de rechercher avec vanité la mémoire de cette éternité, de ce paradis dont l’accès lui a été fermé.

    Toutes les idéologies se sont fondées sur ce besoin obsessionnel d’égalité, d’accès absurde à un bonheur sans douleur, en repoussant autant que possible les injustices insupportables ou celles qui même dans l’aberrante méprise pourraient être jugées comme telles, touchant la vie sociale, le corps, le milieu de l’homme.

    L’homme a été créé fini, sexué, vulnérable. La chute précipite l’homme hors de l’Eden, hors de cette identité qui l’avait conduit dans cette union avec Dieu. Le voici séparé depuis la chute, le voici éloigné en distance à la conquête d’un désir de similitude avec son Créateur mais tout en feignant de l’ignorer, de le mettre en distance.

    Conjurer le sort d’avoir été jeté hors du Paradis

    L’homme comme empêtré, embrouillé dans ses suffisances recherche en vain à réparer, à performer, à combler son manque de Dieu. Mais en aspirant à devenir Dieu, nous pressentons la venue d’un nouvel homme, une nouvelle espèce humaine fondée sur de nouvelles valeurs anthropologiques mêlant consumérisme, idéologie, technicité. Un homme supérieur, génétiquement modifié transformé par la nouvelle religion terrassant la première effaçant si possible le souvenir du Paradis perdu.

    Tout se passe comme si l’homme dans sa folie entend dans une inextricable agitation, conjurer inconsciemment le sort qui lui a été réservé de ne plus avoir accès à l’Eden et surtout d’être condamné  à connaitre la mort, confronté à jamais à cette fin inéluctable et tragique.

    Pourtant malgré sa finitude, l’homme découvre sa toute-puissance, se métamorphose en Dieu. Une nouvelle idéologie conforte cet appétit et installe l’humanité dans cette forme d’utopie vers laquelle obstinément elle court, entrainée dans une mouvance jusqu’au-boutiste, une ambition mortifère. Dans cette ambition mortifère, l’humanité loue les avancées scientifiques, les bienfaits de la génétique et de la biologie, les apports des temples marchands, la libération du corps promise par les idéologies du genre.

    Plus cette humanité déviante avance dans les progrès de la technicité (terme que j’emprunte à Jacques Ellul), de l’organisation sociale, de l’accès au « bonheur matériel », moins elle évoque le besoin de religion. L’homme n’a plus besoin du secours de Dieu puisqu’il peut compter sur la science conquérante pour vivre sur de nouvelles idéologies pour prétendre au confort, au bien vivre.

    Nous entrons comme le définissait Julian Sorell Huxley, biologiste et père de l’eugénisme (1887-1975) dans une forme de transhumanisme dépassant les limites de la finitude que lui impose notamment la mort.

    Nous prenons ainsi conscience du fantasme de l’humanité et de la perversion auxquelles conduisent de telles aspirations, une telle utopie mêlant idéologies de libération du corps et nouveaux pouvoirs qui par enchantement augmentent les capacités cognitives et physiologiques de l’homme en lui greffant de nouveaux attributs.

    Sous prétexte d'égalité, une nouvelle religion veut également soumettre notre esprit sous la tutelle d’un nouveau totalitarisme qui est l'idéologie ambiante, la pensée sociale du moment : l’égalité femme / homme. Nous sommes sommés d’obtempérer et, dans le cas contraire, menacés d’être invectivés, fulminés de comportements réactionnaires. Nous sommes alors accusés d’obscurantisme, de croire à l’homme image de Dieu, à la différence, à l’altérité des êtres, à la complémentarité de l’homme et de la femme. 

    Or nous ressentons prophétiquement l’urgence d’écrire et de mettre à jour ces tendances lourdes qui s’écrivent, se dessinent pour montrer à quel point les prétentions idéologiques de l’homme l’égarent loin de la transcendance, l’éloignent d’un rapport au réel, dénaturent la réalité ontologique de ce qu’il est et de son incarnation dans la finitude.

    Mais il nous appartient aussi d’expliquer et comprendre la nature spirituelle des enjeux, le mal moral dont souffre l’humanité, à l’aune des tentations vécues par Jésus-Christ, lui-même qui fut éprouvé au désert et qui se vit offrir tous les royaumes du monde et leur gloire comme si la gloire du Père créateur des cieux et de la terre ne suffisait pas.

    Toute la Bible et notamment le nouveau testament nous relate la victoire de Christ contre le Prince de Monde, le Dieu de ce siècle. L’histoire depuis l’incarnation de Dieu sur la terre s’est subitement accélérée comme le mentionne Fabrice Hadjadj[1] citant le livre de l’Apocalypse : « C’est la victoire de l’Agneau qui jette sur la terre, l’énorme Dragon, séducteur du monde entier, et ses anges avec lui (Ap 12.9). » Pour citer à nouveau la foi des démons d’Hadjadj « Se livrer à Satan, selon Baudelaire, c’est croire qu’on en a fini avec lui et que l’on s’en tirera bien tout seul, grâce à ses bons sentiments et ses puissantes machines : « Nous périrons par où nous avons cru vivre. La mécanique nous aura tellement américanisés, le progrès aura si bien atrophié en nous la partie spirituelle que rien parmi les rêveries sanguinaires, sacrilèges, ou anti naturelles des utopistes ne pourra être comparé à ses résultats positifs ».

    Pour reprendre le mot de Shmuel Trigano auteur de l’ouvrage remarquable La nouvelle idéologie dominante, le but de notre texte est ici de « cartographier » les ambitions idéologiques et sociales, les ambitions technologiques et celles enfin de nature consuméristes visant à réparer l’homme, à le performer, à le combler. Nous voulons montrer dans ce texte que la pensée idéologique de ce siècle, la puissance technologique et l’envie de posséder relèvent d’un même socle, d’une même tentation : avoir cru « acquérir la clairvoyance » et devenir « Dieu ».

    Ce texte déclinera ces dimensions, ces valeurs du post modernisme qui aujourd’hui interagissent et prétendent façonner l’homme nouveau, une pure et tragique chimère si l’homme  cherche son salut dans la vanité d’une « science sans conscience », de la sagesse sociale, de l’idéologie de l’égalité.

    L’homme réparé

    Dans son livre « La nouvelle idéologie dominante »[2], Shmuel Trigano rend compte de « cette reconsidération (métaphysique) du vivant et de l’humain qui aboutit nécessairement à la redéfinition de la personne post-humaine, non plus dans son essence mais son incarnation individuelle. »

    Dans cette reconsidération de l’humain tel qu’il est, nous sommes ainsi passés à une redéfinition de l’homme dissocié de son identité sexuée. Dans l'Eden, l'homme éprouvait un manque. Ce manque a été vécu bien avant la chute, bien avant la rupture de l’homme avec son Créateur. C’est cette dimension de l’altérité, d’un autre que lui-même qui combla l’homme. C’est cette altérité qui permet à l’homme comme à la femme de s’accomplir et de s’apporter mutuellement de par leur entraide.

    Imaginons alors l'illusion et la tragédie humaine dans laquelle nous sommes susceptibles d'entrer résultant d’un déni de l’altérité, de ce manque que Dieu combla en répliquant un être semblable mais différent de lui ! Or c’est l’altérité qui façonne et complète l’identité ontologique. C’est cette différence qui structure l’être qui est une réponse harmonieuse à son manque. Aimer le soi-même dans son équivalence ne comble pas le manque mais génère bien de la souffrance. Se complaire dans sa propre image est un sentiment narcissique, une forme d’illusion de l’autosuffisance qui ne peut générer que de la souffrance.

    La perspective transhumaniste d'une humanité dont les caractéristiques cognitives et physiologiques ont été améliorées répond à cette aspiration de l’homme de tendre vers l’humanité dépassant sa finitude, sa fragilité mais ne peut répondre au manque qui résulte de la seule altérité, de la différence complémentaire et de l’émerveillement que génère la fécondité, la perpétuation de l’espèce humaine…

    L’homme performé

    La poussée exponentielle de la connaissance et de la maitrise de la matière, les avancées et accélérations manifestes de la science, les applications et sauts technologiques toujours aussi fulgurantes ouvrent des perspectives troublantes sur le devenir même de l’humanité. Ces avancées bousculent les frontières et autorisent des croisements matière, végétal et humain que l’on aurait imaginés impossibles quelques décennies plus tôt pouvant reléguer les auteurs de sciences fiction à des romanciers de l’utopie aux bien pâles imaginations.

    Dans ces contextes de mutations scientifiques le philosophe et Jean-Pierre Dupuy observe que « le transhumanisme, est typiquement l’idéologie d’un monde sans Dieu. » 

    Si Teilhard de Chardin (1881-1955), scientifique théologien et philosophe français, insistait dans ses différents livres et notamment dans le phénomène humain, sur le caractère inéluctable du progrès de l'évolution, celle-ci s’achèvera selon lui : Lorsque les consciences mises en réseau les unes avec les autres créeront de facto une sorte de super-être, ce sera le point ultime de l’humanité.  

    La vision de Teilhard de Chardin est d’autant plus troublante à l’aune de l’organisation sociale que structurent les mondes et réseaux numériques.

    Ainsi Pierre Berger, journaliste du Monde Informatique,  fait référence aux pensées de Teilhard, dans son Avenir de l'Homme, au sujet de notre « Survie » : ( p. 360) « Oméga (est) le grand attracteur du régime de socialisation compressive où nous venons d'entrer ; rien ne permet de prévoir le relâchement, et encore moins la fin. Dans ces conditions, il ne nous servirait évidemment de rien de chercher à nous évader du tourbillon qui sur nous se resserre. Par contre, ce qui importe extrêmement, c'est de savoir comment, dans ce tourbillon, nous orienter et nous comporter spirituellement de telle sorte que l'étreinte totalisante à laquelle nous sommes soumis ait pour conséquence, non point de nous déshumaniser par mécanisation, mais (comme il semble possible) de nous sur-humaniser par intensification de nos puissances de comprendre et d'aimer ».

    Nonobstant dans Le cœur de la matière, récit de son itinéraire intellectuel et spirituel écrit en 1950, Theillard de Chardin tempère ce futur, cette vision de mutation de l’humain : « C'est au cours de mes années de théologie, à Hastings (c'est-à-dire entre l908 et 1912) que petit à petit, - beaucoup moins comme une notion abstraite que comme une présence -, a grandi en moi, jusqu'à envahir mon ciel intérieur tout entier, la conscience d'une Dérive profonde, ontologique, totale, de l 'Univers autour de moi ».

    L’homme comblé

    Il n’est pas contestable que la société consumériste qui accompagne les changements technologiques introduit un changement dans les rapports aux autres, promouvant outrancièrement leurs quêtes respectives du désir de s’accomplir, de se réaliser.

    Le rêve de l’homme est toujours poussé à aller plus loin jusqu’à créer des réponses virtuelles ou matérielles de bonheur artificiel.

    Alain Ledain auteur du livre Chrétien dans la cité aborde « Le rapport narcissique de la société à la consommation ». Alain LEDAIN décrit comment d’une manière artificielle l’homme consumériste construit une représentation de soi, une idéalisation de l’égo… mais d’un soi déraciné, arraché à sa réalité.

    Il ajoute : « C’est comme si le monde cherchait à créer, non l’identité par ce que l’on est, mais « d’être » par ce que l’on possède. Les objets que l’on porte sur soi deviennent ainsi les marqueurs de cette identité, transcendant l’être dans ses émotions, sa culture, ses croyances.

    L’idolâtrie des temps modernes, c’est le consumérisme qui joue à fond sur le plaisir de consommer, de posséder. Nous consommons, non seulement par utilité, mais pour combler des désirs. Il y a une véritable quête de plaisir ; plaisir qui favorise certains secteurs : les loisirs et les nouvelles technologies notamment. »

    Gilles Lipovetsky[3] dans son livre Le bonheur paradoxal évoque quant à lui, l’idée d’une société dopante flattant la performance construite autour « des idéaux de compétition et de dépassement ». C’est l’impératif de l’optimisation de soi en toute situation, à tout âge et ce par tous les moyens. Gilles Lipovetsky dénonce ainsi cette société de la prouesse, cette société qui pousse les individus de façon continue à idéaliser les savoir-faire, les savoir être. Il faut se construire, se surpasser, toujours exceller, briller. « La société de performance tend ainsi à devenir l’image prévalente de l’hyper modernité. »

    Vers un système totalisant

    Force est dès lors de reconnaître une dérive morale et profonde de la société, une dérive ontologique d’une humanité exaltée par le fantasme de la puissance technique, les rêves idéologiques, sans comprendre qu’elle est de nature à aliéner la conscience, à aliéner l’identité qui fait la spécificité de tous les êtres humains, êtres uniques tous créés à l’image de Dieu.

    La dérive résulte aussi de l’émergence d’un système totalisant et également marchand qui a fortiori sera discriminant et exclusif.

    Le livre de l’Apocalypse écrit par l’apôtre Jean décrit une humanité qui, allant vers un système marchand (Ap 18.11), contrôle le monde, l’uniformise. Cette humanité est sous le contrôle d’un démiurge anti-christique au sens absolu. Ce démiurge choisit, non de revêtir la condition de l’homme dans sa vulnérabilité mais de revêtir les habits d’un monstre froid. C’est « une divinité archangélique, têtu, irascible ». Ainsi ce système totalitaire que relate l’apôtre Jean dans une vision troublante décrit un monde d’assujettissement et un dictat absolu : « Et elle (la bête et son système Babylone) fit que tous, petits et grands, reçoivent une marque sur leur main droite, ou sur leur front, et que personne ne puisse acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom. » (Ap 13.16-17).

    Il est intéressant de noter le sens étymologique de démiurge. Sa racine grecque démiourgos   comprend « démos »  le peuple et « ergos » le travail. Littéralement, le mot démiurge signifiait artisan ou fabricant. Le transhumanisme évoqué apparait comme le reflet d’un démiurge qui traduit la parfaite synthèse conjuguant à la fois le travail sur la matière (la puissance technique) et de l'esprit totalisant !

    La Babylone décrite dans le livre de l’Apocalypse de Jean rassemble dans un même lieu :
    - la dimension de  la permissivité : débauche morale mais paradoxalement liberticide ;
    - la dimension d’une société de contrôle scellant et enfermant ses sujets qui ne pourront ni vendre, ni acheter sans être marqués du sceau de la Bête.

    Ainsi les aspirations de l’humanité sans Dieu, ses utopies démiurgiques aboutissent à la construction d’un univers déconstruit. L’homme entend se réparer, être performant et comblé : il anéantit en réalité le verbe, l’esprit, la dimension de la différence et de l’altérité, condition sine qua none de la fécondité, de la fertilité engendrant la vie.

    Comme le rappelle Alain Ledain, le dessein de l’humanité et les contours de ses projets reforment implicitement la tour de Babel. Alain Ledain précise ainsi que « Babel, telle que nous la présente le texte de la Genèse (Gn 11 : 1-9), se caractérise par l’uniformité : uniformité de la pensée (« une seule langue et les mêmes mots » ou « une même lèvre avec peu de mots ») et uniformité des êtres : les briques sont à l’image des hommes qui composent la ville. Et là où il y a uniformité règne l’anonymat et une profonde solitude qui en découle ».


    [1] Fabrice Hadjadj, La foi des démons ou l’athéïsme dépassé citation p 124 Editions Salvator 

    [2] Shmuel Trigano, La nouvelle idéologie dominante Le Post modernisme

    [3] Gilles Lipovetsky Le Bonheur Paradoxal p 296 Folio essais

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  • Commentaires

    1
    Philippe
    Lundi 10 Février 2014 à 23:18

    Le Christ triomphe du "prince de ce monde" ... Christ triomphe d'abord de la mort ! La mort serait-elle le diable ? Possible puisque nous sommes déchus du paradis sauf que depuis le "sacrifice ultime", le salut est redevenu possible.

    Question qui pour moi n'est pas encore résolue : quelle est cette pulsion de mort qui nous a conduit au péché ? Se prendre pour Dieu aurait-il été l'ultime péché d'orgueil ? Vue de la science, sans doute, puisque nous ne désespérons pas de créer des "natures parallèles" grâce, à une époque à la physique-chimie, et maintenant à la génétique !

    Reconnaissons humblement que nous apprécions aussi ce péché car la science nous a donné confort et longévité ... mais n'est-ce pas vain, au bout du compte ?

    Quant à l'union de toute les consciences, processus ultime de l'évolution, ce cher Teilhard est convaincu (et moi aussi) que ce "corps du Christ" est matière de l'univers, non encore révélée au sens des lois de la sciences. Mais peut-on humblement prétendre que l'évolution aura un jour une fin ? Attention à la pomme ... Ce qui est certain ? Le créateur accompagne la création. La difficulté avec Pierre, c'est que l'on quitte la littérature terrestre et anthropomorphe pour la dimension de l'invisible et universelle.

    Attention aussi à celui ou celle qui prétendra avoir atteint le point de " l'évolution ultime " !!! Nous serons tentés de croire que tout sera figé mais l'Univers continuera sûrement d'être en mouvement ! Cette croyance sera pure idéologie pour justifier le statut quo d'un pouvoir. Pour un scientifique, l'équation universelle est toujours une quête du "Graal".

    2
    DEVIE
    Samedi 15 Février 2014 à 23:44

    C'est de haute volée ! Merci pour cette exégèse du texte biblique croisée avec un regard sociologique. Sage, savant et pédagogique: quand la lumière de l'intelligence travaille sous le regard de la foi, le coeur peut s'ouvrir à la grâce ! Bravo ! Laurent (un ami catholique qui apprécie la finesse de l'approche biblique de ses copains évangéliques!).

    3
    Mardi 18 Mars 2014 à 13:36

    Excellent !

    A noter que Raffaele Simone, philosophe et linguiste,  explique, dans son essai "le monstre doux"(2010), que la société nouvelle, globalisée, est dominée par ce que Tocqueville aurait pu appeler le "Monstre doux". Celui-ci s'impose à la modernité à travers trois commandements[que l'on pourrait opposer aux trois mots d'ordre de 2 Tim.2v 3-6 : http://pepscafeleblogue.wordpress.com/2013/04/26/veille-sur-toi-meme-et-sur-ton-enseignement-une-exhortation-pour-tout-enseignant-moniteur-et-parent/ ]
    "Le premier commandement est consommer. C'est la clef du système. Le premier devoir citoyen. Le bonheur réside dans la consommation, le shopping, l'argent facile, on préfère le gaspillage à l'épargne, l'achat à la sobriété, le maintien de son style de vie au respect de l'environnement.
    Le deuxième commandement est s'amuser. Le travail, de plus en plus dévalorisé, devient secondaire dans l'empire de la distraction et du fun". (...)
    Le troisième commandement, "c'est le culte du corps jeune. De la jeunesse. De la vitalité. L'infantilisation des adultes. Ici le "monstre doux" se manifeste de mille manières, terrorise tous ceux qui grossissent, se rident et vieillissent, complexe les gens naturellement enrobés, exclut les personnes âgées".

    (http://www.larevuecritique.fr/162-index.html )

    "Comme le rappelle Alain Ledain, le dessein de l’humanité et les contours de ses projets reforment implicitement la tour de Babel. Alain Ledain précise ainsi que « Babel, telle que nous la présente le texte de la Genèse (Gn 11 : 1-9), se caractérise par l’uniformité : uniformité de la pensée (« une seule langue et les mêmes mots » ou « une même lèvre avec peu de mots ») et uniformité des êtres : les briques sont à l’image des hommes qui composent la ville. Et là où il y a uniformité règne l’anonymat et une profonde solitude qui en découle ».

    Tout à fait. Et à l'inverse, le corps de Christ(un organisme vivant et non une organisation)est composé de "pierres vivantes". Enfin, la véritable réponse à la "malédiction de Babel" est la Pentecôte.

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