• Un homme nouveau (II)

    Un article écrit par Alain LEDAIN

    Cet article fait suite au précédent de titre : Un homme nouveau

    Jésus, l'homme parfait vs le « nouvel homme » promu aujourd’hui

    Certaines élites intellectuelles promeuvent un homme radicalement neuf, un homme sans héritage, car en rupture avec l’Histoire dont il a honte, et sans appartenance – apatride, asexué.

    Le Christ ouvre une autre perspective face à la honte éprouvée par l’homme.

    Les premiers versets du Nouveau Testament déroulent la généalogie de Jésus-Christ.

    Jésus s’inscrit dans une filiation, dans son peuple et dans l’histoire de ce peuple qu’il assume : Il est « de la descendance de David et d’Abraham » (Mt 1 : 1). Fils de David, il porte un titre messianique ; fils d’Abraham, il est juif (les juifs se désignaient alors comme les fils d’Abraham).

    Les péchés de ses descendants sont assumés. Ainsi peut-on lire : « De la femme d’Urie, David eut pour descendant Salomon » (Mt 1 : 6) rappelant ainsi l’adultère du roi David avec Bath-Shéba.

    Dans l’évangile selon Luc, nous découvrons que Jésus est le Fils bien-aimé du Père, celui qui fait toute sa joie (Lc 3 : 22) mais aussi qu’il est le Fils de Dieu par son humanité : la généalogie retranscrite en Luc 3 : 23-38 se termine par « Adam, qui était lui-même fils de Dieu. » (Lc 3 : 38)

    De plus, Jésus va revivre deux histoires fondatrices de son peuple.

    1 – Il devra se réfugier en Egypte pour échapper, non à la famine mais au « massacre des innocents » par Hérode :

    Mt 2 : 13-15 : « 13 […] un ange du Seigneur apparut à Joseph dans un rêve et lui dit : Lève-toi, prends l'enfant et sa mère, et fuis en Egypte. Tu y resteras jusqu'à ce que je te dise de revenir, car Hérode fera rechercher l'enfant pour le tuer. 14 Joseph se leva donc et partit dans la nuit, emmenant l'enfant et sa mère pour se réfugier en Egypte. 15 Il y resta jusqu'à la mort d'Hérode. Ainsi s'accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète : J’ai appelé mon fils à sortir d’Egypte. »

    Ce passage de l’Ecriture, et notamment le dernier verset précité, met clairement en parallèle, d’une part le séjour d’Israël en Egypte et celui de Jésus dans ce même pays, d’autre part Israël et Jésus, « peuple-fils » et Fils de Dieu.

    2 – Après sa sortie d’Egypte, le peuple d’Israël séjourna 40 ans dans le désert à cause de son péché. Cette histoire peu glorieuse pour le peuple juif sera transcendée par Jésus : il ne succombera pas à la tentation durant les 40 jours passés dans le désert où il fut conduit par l’Esprit-Saint. (Mt 4 : 1-11)

    Jésus s’identifie pleinement à son peuple, en revit l’histoire en la transcendant. Il n’est pas en rupture avec le peuple juif : il n’est pas venu en abolir le socle de vie (la loi et les prophètes) mais il est venu pour l’accomplir. (Mt 5 : 17)

    ***

    Il ne s’arrête pas là. Jésus n’éprouve pas cette détestation de l’homme fragile et imparfait : Il se nomme lui-même « Fils de l’homme »… et vit une authentique humanité : charpentier de son état, il travaille avec des mains d’hommes ; il dort, il a faim, il a soif, il se fatigue, il éprouve de la tristesse, il pleure.

    Le Christ, restaurateur de l’homme, se présente, non en surhomme, mais en « homme authentiquement humain » vivant « avec » et « pour-les-autres »... et il a plu à Dieu de se révéler pleinement en lui.

    Jésus est l’homme parfait qui a restauré dans la descendance d’Adam la ressemblance divine, altérée dès le premier péché. Il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché[1].

    ***

    La pensée de Dieu n’est pas celle des hommes, on le constate une fois de plus.

    Le Christ, nouvel Adam, est le premier homme de la nouvelle création et la Pentecôte a marqué le début de la nouvelle humanité dont le Seigneur Jésus est le prototype et le fondement.

    En lui, qui est l’image de Dieu (2Co 4 : 4), l'homme trouve son achèvement.

    Une remarque avant de conclure : De la nouvelle communauté, l'Eglise, ne naissent pas des ‘générations spontanées’ faisant table rase du passé : tout croyant est environné d’une nuée de témoins (cf. He 12 : 1) et bénéficie du témoignage de ses prédécesseurs auxquels il est reconnaissant.

    Pour conclure

    Refuser la foi au Christ ou simplement la négliger amène à écouter les sirènes du nouvel homme, un homme auquel le diable renouvelle une promesse mensongère : « vous serez comme Dieu. » (Gn 3 : 5)

    Pour notre part, accueillant notre humanité avec ses fragilités – je n’y inclus pas les maladies, les infirmités et les autres conséquences du péché originel –, renonçant à la toute-puissance, notamment technicienne ou étatique, nous marcherons en nouveauté de vie (Rm 6 : 4), en union avec le Christ ressuscité et en interdépendance les uns des autres, offrant ainsi un modèle à imiter pour les hommes et femmes qui nous entourent.

    Aux idéologies mortifères (posthumanisme, gender…), nous opposerons nos vies individuelles et communautaires, « authentiquement humaines », comme signes d’une création pleinement renouvelée et réconciliée.


    [1] Inspiré ou repris de Gaudium et Spes, 22

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  • Commentaires

    1
    DPhilippe
    Vendredi 12 Juillet 2013 à 14:34

    Alain,

    Cette phrase me réjouit: " il n’est pas venu en abolir le socle de vie (la loi et les prophètes) mais il est venu pour l’accomplir. (Mt 5 : 17)". Je la prend comme étant l'amour de Dieu qui suit sa création depuis l'origine des temps (au sens de la Genèse).

    En accomplissant cette "Promesse", il offre la possibilité en Christ, d'accéder au Père et à son Royaume ! L'Homme n'est pas existentiel depuis le temps zéro de notre ère mais il "mûrit" et la Création aussi s'il accepte la nouvelle Alliance offerte; sous forme de Don.     

      

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